République, toute annonce d’une velléité de déstabilisation des institutions républicaines tombe fatalement dans le domaine du fait divers. C’est le moins que l’on puisse dire. Toutefois, concernant la dernière tentative de putsch, et ce, au vu du nombre d’officiers supérieurs incriminés, l’opinion publique est fortement partagée. Enième conspiration guriste ou vérité ?
Dans le méli-mélo des intrigues, qui ont émaillé le quinquennat du président Issoufou Mahamadou, les Nigériens ont eu droit à des scénarios dignes d’Hollywood. Et dans la plupart des cas, c’est le chef d’Etat en personne qui donne un cachet officiel à ces supposées conspirations. Déjà en 2011, Issoufou Mahamadou, alors fraîchement élu à la tête du pays et investi dans ses fonctions, donna le ton.
Ainsi, le 2 août 2011, dans son message à la Nation, Issoufou Mahamadou avait solennellement fait état d’une tentative d’assassinat visant sa personne. Et l’auteur de ce projet de régicide n’est autre que le Lieutenant Hambali, qui sera mis aux arrêts, avant de finalement bénéficier d’un non-lieu. Le premier palier est ainsi franchi, et le décor de ce que d’aucuns qualifient d’hallucination chronique du régime est planté. Le 2 janvier 2012, lors de la cérémonie de présentation des vœux du nouvel an au Palais des congrès, le chef de l’Etat était formel quant à l’origine de l’incendie qui avait ravagé le ministère de la Justice. À en croire Issoufou Mahamadou, une main criminelle serait derrière ces flammes dévastatrices. Plus de trois ans après, le mystère reste entier. Les conclusions de l’enquête n’ayant jamais été rendues publiques. En 2013, c’est la presse proche du pouvoir qui avait été mise à contribution pour répandre la rumeur d’une tentative de remise en cause des institutions de la République. Le peuple attend toujours la suite donnée à cette affaire. Après cette vague d’annonces à connotation subversive, le régime innova quelque peu ses méthodes en s’attaquant cette fois-ci à ses anciens alliés. C’est la stratégie du harcèlement. Ainsi, suite au retrait de Lumana de la mouvance présidentielle, son leader Hama Amadou devint la cible privilégiée des Tarayyistes. Il eut d’abord des tirs d’arme à feu qui ont visé son domicile. Ensuite, c’est fut une tentative d’empoisonnement dirigée contre sa personne. Ces visées mortifères n’ayant pas abouti, Hama Amadou s’était vu dépouiller de sa sécurité rapprochée et ce, malgré son statut de président de l’Assemblée Nationale. La méthode suivante consistait pour les guristes à fabriquer des complots dans le but inavoué d’incriminer l’opposition politique. C’est dans cette optique qu’un attentat aurait visé le domicile du quatrième vice-président de l’Assemblée nationale, Ben Omar. Toujours en 2014, une autre attaque, au cocktail Molotov cette fois-ci, ciblait le siège du PNDS-Tarayya. Les résultats des enquêtes de toutes ces attaques se font toujours attendre. En 2015, la vague de frayeur qui secoue les tenants du pouvoir s’était traduite par une série d’arrestations. Sous l’insidieux prétexte de terrorisme, des acteurs de la société civile, notamment Moussa Tchangari, ont été embastillés. Dans la même lancée paranoïaque, des journalistes en prennent pour leur grade. Après une relative accalmie, la fièvre de la conspiration foudroie de nouveau les camarades socialistes. En effet, profitant d’un banal fait divers, ils avaient tenté de conditionner l’opinion publique à gober un simulacre d’attentat visant le nouveau siège de leur parti. Finalement, le sulfureux ministre de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou, s’était résolu à reconnaître que ce n’était qu’un insignifiant fait divers. Loin de céder à la résignation, les Tarayyistes récidivent en annonçant une nouvelle tentative de coup d’Etat. Ce projet putschiste avait été corroboré par le chef de l’Etat dans son message à l’occasion de la fête de la République.
Plusieurs officiers des FAN sont mis aux arrêts. Parmi les officiers incriminés figure un officier qui a déjà subi ce genre d’accusation grave. Il s’agit du Lieutenant Hamabali, mais aussi son beau-père Issa Amadou Kountché, qui fut le garde rapproché du Général Salou Djibo. Est-ce là la fin de l’accord secret entre Issoufou Mahamadou et Salou Djibo ? Accord, on s’en souvient, dévoilé par l’opposition politique. Mais cette dernière tentative de coup d’Etat laisse septique l’opposition politique, mais aussi une bonne frange de l’opinion nationale.
Pourtant, le ministre de l’Intérieur est on ne peut plus formel : il s’agit bel et bien d’un projet de coup d’Etat. Hassoumi Massoudou a déclaré détenir des preuves, basées entre autres, sur des SMS et des appels téléphoniques échangés entres les présumés putschistes. Il est bien difficile de faire la part des choses, tant les évènements s’entrechoquent en cette veille d’élections générales. Vérité ou simple annonce propagandiste ? Seule une enquête objective et poussée saura séparer le vrai de l’ivraie. Selon des sources proches de Lumana, Hama Amadou aurait été entendu par des éléments de la DGSE dans le cadre de l’enquête sur ce coup d’Etat qu’auraient déjoué les autorités. En attendant, le peuple exige des élections transparentes, libres et inclusives, gage d’une stabilité sociopolitique tant souhaitée par l’ensemble des Nigériens.