C’est désormais connu du monde entier : depuis son retour à Niamey le 14 novembre 2015. Hama Amadou est l’otage du régime, pourtant dit démocratique, de Mahamadou Issoufou qui règne en maître absolu au Niger, tel un monarque, dont la parole ne saurait être contestée. Douter de la parole du chef de l’Etat est aujourd’hui un crime au Niger.
Un véritable scandale et une honte au 21ème siècle dans un pays qui est à sa 7ème République, une honte pour des hommes qui pendant des années se sont fait passer pour des vrais démocrates mais qui se révèlent de véritables staliniens. « Nous sommes des staliniens ! », s’est écrié l’un d’eux lors du 6ème congrès du PNDS. Avec Mahamadou Issoufou et ses camarades marxistes léninistes, un stalinisme anachronique rampant s’est abattu sur le Niger, avec ses goulags, ses enlèvements d’hommes politiques séquestrés par des hommes cagoulés, ces harcèlements. Le harcèlement contre l’opposition politique, en particulier contre les militants du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN FA LUMANA AFRICA) et son président, qui constitue le programme phare du quinquennat de Mahamadou Issoufou, ne date pas d’aujourd’hui. Cette cabale a commencé depuis la prestation de serment de Mahamadou Issoufou le 7 avril 2011, après avoir largement et gracieusement bénéficié du soutien de Hama Amadou et de son parti au second tour des élections présidentielles. Dès lors, les attaques ont commencé à fuser, en particulier à travers certains journaux de la place, considérés par beaucoup d’observateurs comme proches et financés par le camp présidentiel, contre la deuxième personnalité politique du pays, président de l’Assemblée nationale et allié principal du président de la République. La moindre critique relevée dans les discours d’ouverture et de clôture des sessions de l’institution parlementaire, de Hama Amadou relativement aux dysfonctionnements de l’administration, la corruption, la faible consommation des crédits budgétaires, pourtant fort de son statut de député, représentant de la nation jouant pleinement sa fonction constitutionnelle conformément à sa fonction, est considérée comme un affront personnel au chef de l’Etat. Pourtant, même en tant que Premier ministre, Hama Amadou a, conjointement avec le Président Tandja, à travers une conférence de presse, dénoncé les travers de l’administration nigérienne et proposé des voies de sorties. Mais le régime des camarades ne l’entend pas de cette oreille. La formation d’un gouvernement controversé d’union nationale qui n’existe nulle part dans la Constitution en 2013, et qui s’est avéré une véritable catastrophe politique nationale a crispé davantage les relations au sein de la majorité au pouvoir.
Excédés par les multiples attaques inamicales de son allié, Lumana quitte l’alliance et rejoint l’opposition politique, animée jusqu’ici principalement par Seini Oumarou, président du MNSD et chef de file de l’opposition, et l’ancien président de la République Mahamane Ousmane, président de CDS Rahama. Profitant du vote de la motion de confiance déposée par le Premier ministre Bridji Rafini, le pouvoir échafaude le plan de destitution du président de l’Assemblée nationale par une motion de défiance, sous le fallacieux prétexte que Hama Amadou n’est plus de la majorité et a voulu déstabiliser les institutions de la République par une motion de censure. Pour rappel, entre 2000 et 2007, Mahamadou Issoufou et ses camarades ont déposé au moins cinq motions de censure contre le gouvernement du Premier ministre Hama Amadou sans être traités de putschistes. Une motion de censure, il n’y a rien de plus légal et constitutionnel. C’est pourquoi pour le régime de l’époque, ils ont tout simplement exercé un droit constitutionnel. Sous le magister de Mahamadou Issoufou, ce droit consacré par la Constitution est un crime. Hama Amadou est désormais traité, non pas en adversaire politique, mais en ennemi, terme cher au ministre de l’intérieur Massoudou Hassoumi. Tout a été utilisé contre la deuxième personnalité politique du pays, les complots passant par le tir d’armes à feu à son domicile, celui chez le 4ème vice président de l’Assemblée nationale suite auquel une quarantaine d’opposants ont été arrêtés directement indexés par tes auteurs, le retrait de sa sécurité, jusqu’à sa destitution rocambolesque de la tête de l’Assemblée nationale après la levée de son immunité par un bureau incomplet et illégal. Le dossier dit des bébés importé est la grande trouvaille du régime pour ce faire. Un dossier sans aucune preuve, sans plaignant ni partie civile, qui de surcroît doit être traité au civil d’abord si toutes les conditions sont remplies, ce qui est loin d’être le cas. Le caractère hautement et grossièrement politique ne fait plus l’ombre d’un doute aujourd’hui. Du reste Bazoum l’a confirmé, s’il ne revient pas cette fois aussi sur ses propos. Parce que l’homme est connu des Nigériens pour ses reniements. Les Nigériens et l’opinion internationale, sont désormais convaincus que ce n’est qu’un montage en vue d’écarter l’opposant irréductible Hama Amadou.
Et c’est pour montrer le caractère politique du dossier que Hama Amadou, contraint à l’exil (la contrainte à l’exil est criminalisée par la Constitution), a voulu exporter le dossier en France en exigeant un mandat d’arrêt international. Mais le régime terroriste de Mahamadou Issoufou, sachant que le dossier est vide, n’a pas daigné répondre. Rien de l’entourage de Hama Amadou n’a été épargné par le pouvoir de Mahamadou Issoufou pour l’atteindre, lui faire mal, l’affaiblir, le disqualifier : sa famille, les militants de son parti, ses amis, ses connaissances. L’arrestation de Hama Amadou le 14 novembre 2015 n’a aucune base légale selon les spécialistes de la question, le dossier dit des bébés importés se trouvant en cassation. Presque deux mois de bagne à Filingué, aucun juge ne l’a entendu. Et dire que nous sommes dans un Etat de droit. Même le ministre de la justice qui a procédé au transfèrement nocturne illégal de Hama Amadou a reconnu dans sa réponse au Bâtonnier de l’ordre des avocats du Niger qui a déploré l’immixtion de l’Exécutif dans la sphère judiciaire, que toutes les juridictions compétentes sont dessaisies du dossier. L’arrestation et sa séquestration illégale de Hama Amadou dans la prison de Filingué répondent à une seule logique : la logique de la haine et de la peur qui animent le régime apeuré et impopulaire en place. La grande stratégie du système est d’empêcher, par tous les moyens, les opposants, notamment Hama Amadou, Seini Omarou et Mahamane Ousmane de battre campagne, d’aller à la rencontre des Nigériens pour décliner leur programme, puisque désormais le pouvoir lui-même est convaincu que rien ne s’oppose à leur candidature. Mais le pouvoir leur fait déjà campagne, à travers une communication abondante et gratuite.
En somme, Hama Amadou est un prisonnier politique, un otage du système qui n’a d’autre moyen que de s’exprimer par la violence. Et la violence est une faiblesse.