Du Samedi 28 novembre au jeudi 18 décembre 2015, l'Union des Journalistes Africains (UJA), en partenariat avec le Ministère égyptien des Médias, a organisé au Caire, la 46ème session de formation des journalistes africains, en provenance d'une vingtaine de pays dont le Niger.
Au cours de cette formation qui a regroupé vingt-cinq (25), les participants ont eu droit à une série de conférences sur des sujets d'actualité internationale animées par des experts égyptiens, et aussi à des visites guidées sur des sites touristiques, historiques et religieux du pays.
Dans une conférence qu'il a animée à cette occasion sur le thème ''La sécurité sociale face aux ressources financières limitées en Afrique'', Dr. Mohamed Nasr, expert cardiologue égyptien, a souligné que pour réduire le coût des soins et permettre à tous de bénéficier de la Sécurité Sociale, les pays africains doivent être à mesure de fabriquer le matériel médical, ne serait- ce que les plus simples. Si l'Egypte a aujourd'hui l'un des meilleurs systèmes de santé, l'un des plus performants dans le monde, explique-t-il, c'est parce que les Egyptiens ont commencé, dans le domaine de la cardiologie, par la fabrication des pacemakers, puis des tuyaux de transfusion et de perfusion ; et petit-à-petit, ils sont arrivés à fabriquer du matériel de pointe. A défaut de cela, poursuit Dr Mohamed Nasr, on peut procéder, par le biais de la coopération sud-sud, en important certains matériels à partir des pays africains déjà fabricants, en attendant d'être soi-même à mesure de le faire. La bonne santé de la population, estime-t-il, est la garantie d'une bonne productivité dans tout pays.
''L'Egypte compte plus de 90 millions d'habitants et arrive, à travers un programme de sécurité social basé en grande partie sur l'industrie médicale, à assurer des soins de qualité à sa population'', a déclaré le cardiologue.
Pour sa part, Dr Ali Abdou, qui a axé son exposé sur le thème ''la culture en Afrique et l'éradication de l'analphabétisme'', a rappelé que la culture joue un rôle important dans la construction de l'identité d'un peuple. L'Afrique possède, selon ce dernier, une culture plus ancienne que la culture occidentale, car bien avant la colonisation, les peuples africains étaient organisés et vivaient dans l'harmonie. Il a cité l'exemple de l'Egypte qui, pendant plus de sept-mille (7000) ans, est restée la terre fabuleuse où se sont mêlées toutes les civilisations. La civilisation pharaonique, la première en date, a laissé de superbes empreintes immortelles au fil des ans ; puis il y a eu la civilisation gréco-romaine; ensuite, il s'en est suivi la civilisation islamique implantée suite à la conquête du pays par Amrou Ibn El Ass ; puis l'Egypte moderne amorcée sous le règne de Mohamed Ali.
Toutes ces civilisations ont fait de l'Egypte le cœur du monde et le carrefour reliant l'Orient à l'Occident. Ces civilisations ont apporté chacune un héritage pour élever un édifice grandiose composé de la pensée, de la littérature et des arts. Grâce à son histoire, ses potentialités, ses ressources humaines et ses contacts avec l'Europe, l'Egypte est resté longtemps pionnier de culture à l'époque moderne dans le monde arabe. Ses écrivains, ses intellectuels, ses auteurs, ses artistes et ses musiciens occupent une place de choix dans les domaines de la production culturelle arabe. Selon le conférencier, Le Caire est la capitale culturelle la plus active du monde arabe, et elle est témoin d'une vie culturelle, littéraire et artistique à travers l'histoire. Ce pays a connu très tôt l'industrie des media, du cinéma et des arts, possède actuellement 30 chaines satellites et sa production cinématographique dépasse annuellement 100 films. L'opéra du Khédive, a-t-il dit, était le premier de son genre au Moyen-Orient et dans les pays en développement.
Parlant de la culture égyptienne, il a relevé qu'elle est le fruit de plus de 5000 ans d'histoire et que l'Égypte antique fait partie des plus anciennes civilisations du monde. Durant des millénaires, le pays a conservé une culture incroyablement complexe et stable qui influença des cultures d'Europe, du Moyen-Orient et d'Afrique. Après l'ère pharaonique, elle a elle-même été influencée par l'hellénisme, le christianisme et l'Islam. De nos jours, de nombreux aspects de la culture égyptienne sont en interaction avec des éléments plus modernes, en particulier l'influence de l'Occident.
Dr Ali Abdou a en outre dénoncé ce qu'il a appelé le ''complot des Occidentaux'', et qui consiste à ne parler de l'Afrique que quand il s'agit des catastrophes, ignorant "cette Afrique en pleine croissance économique". Leur complot, a-t-il précisé, c'est de vouloir, à travers leurs média, amener les Africains à abandonner leurs cultures et à adopter celle de l'Occident, en faisant croire que c'est seulement les gens de la basse classe qui acceptent leur culture, faute de moyens. Aussi, a-t-il invité les africains à connaitre leurs histoires et à préserver leurs cultures, afin de ne pas prêter le flan à ceux qui veulent les utiliser en leur faveur; car, dit-il, la Culture c'est la conviction et l'acceptation, il faut y croire.
Quant à l'Ambassadeur Mona Omar, elle a rendu un hommage mérité à l'Afrique qui a joué un rôle important dans le choix de l'Egypte comme membre du Conseil de Sécurité non permanent. Elle a par la suite souligné les priorités de l'Egypte pour l'Afrique en tant que membre du Conseil de Sécurité, ainsi que les défis à relever. Ces défis sont, entre autres, les conflits entre les frontières africaines ; Boko Haram en Afrique de l'Ouest ; les mouvements terroristes au Mali, en Lybie et en Egypte ; le Daech au Moyen Orient ; les maladies en Afrique Centrale.
Notons que d'autres thèmes comme la force d'intervention permanente militaire en Afrique, les interactions internationales entre les superpuissances, la corruption en Afrique, etc., ont aussi fait l'objet de conférences.
Pour renforcer les capacités des journalistes, deux séances d'entrainements ont été organisées respectivement à l'Université Américaine au Caire et à la Faculté des Mass- Média de l'Université Britannique, et ont porté sur les techniques de collecte, de traitement et de diffusion des informations, ainsi que sur les techniques de mise en page, etc.
En outre, plusieurs excursions ont permis aux participants de découvrir les différents sites touristiques, historiques et religieux dont regorge l'Egypte.
C'est ainsi qu'ils ont visité la Mosquée Amr ibn Ansir construite en 640, soit 8 ans après le décès du Prophète Mohamed (SAW), et aussi la première Eglise d'Egypte, deux complexes religieux situés en plein centre-ville au Caire ; le Nil, les Pyramides et le Musée ; ''Smart Village'', un beau village composé de centres commerciaux, d'une école bilingue (Français-Anglais) et de lieux de loisirs ; la ville touristique Hurghada située à 500 kilomètres du Caire au bord de la Mer Rouge ; la forteresse de Qaitbay édifiée sur l'emplacement du fameux Phare d'Alexandrie et construite au 15ème siècle sous les ordres du sultan Ashraf Qaitbay, un des derniers souverains mamelouks de l'Egypte dans le but de protéger la ville contre la menace de l'empire Ottoman d'Ibn Iyas.
Cette cité se trouve dans le quartier d'Anfouchi, sur la pointe d'une terre qui marque l'entrée du Port et qui, dans l'antiquité, était une île reliée à la terre ferme par une digue dont l'emplacement fut marqué pendant 16 siècles par le Phare, puis par le château-fort médiéval.
La Bibliothèque d'Alexandrie, gigantesque édifice culturel, a aussi reçu la visite des participants, ainsi que la nouvelle Bibliothèque d'Alexandrie (Bibliotheca Alexandrina), inspirée de l'antique Bibliothèque d'Alexandrie, et inaugurée le 16 octobre 2002. Cette bibliothèque constitue le phare culturel et la fenêtre de l'Egypte sur le monde, et la fenêtre du monde sur l'Egypte.
Institution moderne de recherche, elle est mise au service des étudiants, des chercheurs et du grand public. Utilisant les technologies de l'information les plus modernes, elle est connectée à certains des plus grands instituts de formation du monde entier. Elle accueille jusqu'à huit millions de volumes, avec des collections particulières sur les civilisations méditerranéennes, ainsi que de vastes collections scientifiques et technologiques dédiées aux Sciences Humaines et aux Arts. En son sein, il y a également un centre de conférences, un planétarium, une école internationale pour les Sciences de l'Information, une bibliothèque des jeunes, une bibliothèque pour les non-voyants, un musée des sciences, un musée de la calligraphie, ainsi qu'un laboratoire de restauration des manuscrits rares. Tous ces atouts en font un véritable carrefour de civilisations.
La délégation des journalistes a aussi visité certains Médias, à savoir la Cité de la Production Médiatique Egyptienne située à 30 km du Caire, et qui s'étend sur une superficie de 2 millions de mètres carrés. Cette Cité dispose d'équipements sophistiqués dans ses studios, de centres techniques, d'unités de tournage extérieur de haute technicité, et d'équipes professionnelles jouissant d'une longue expérience dans le domaine de la production cinématographique, télévisée et publicitaire.
A cela s'ajoute l'Académie Internationale des Sciences de l'Information, entreprise éducationnelle moderne fondée par la Cité aux fins de former des étudiants compétents et des cadres exercés et performants dans les nouvelles technologies, la production technique et médiatique, etc.
La Middle East News Agency (la MENA), une agence qui, depuis sa création, élabore des reportages à l'intérieur et à l'extérieur, couvrant les domaines culturel, artistique, sportif, scientifique et historique. Elle fournit également des photos et des bulletins imprimés à plusieurs médias. L'Agence publie un certain nombre de bulletins qui sont quotidiens, bi-hebdomadaires ou hebdomadaires, spécialisés chacun dans un domaine bien précis. Ce ''Cairo Press Review (CPR)'', quotidien qui passe en revue les principaux événements relatés par la presse locale du matin ; ''Party Press Review (PPR)'', bi- hebdomadaire qui fait le point de presse partisane ; et le ''MEN'', revue économique hebdomadaire traitant de sujets économiques.
La maison d'édition Akhbar Al- Yawn qui publie le quotidien ''Al-Akhbar'' (Les Nouvelles) a été créée en 1993 et est gérée par l'Etat égyptien. Cette entreprise publie également chaque dimanche Al- Akhbar Al- Adab (les Nouvelles culturelles en français), un magazine hebdomadaire littéraire arabe dont la diffusion est à 1 million d'exemplaires. Le quotidien Al-Ahram (les Pyramides) qui est le deuxième journal du monde arabe, a été créé en 1865 après Al- Waqae'a Al-Masreya.
La fin de cette 46ème session de formation des journalistes africains a été sanctionnée par la remise des diplômes aux participants.