Les avocats du Niger ont observé lundi une journée de grève pour dénoncer le refus des autorités de les laisser voir leurs clients détenus en lien avec un putsch déjoué mi-décembre, ont-ils annoncé.
"Face à cette situation, le barreau décide de déposer les robes ce lundi 11 janvier et de porter plainte contre les auteurs de ces violations de la loi", lit-on dans un communiqué de l’Ordre des avocats du Niger publié dans les médias privés.
"Le mouvement est bien observé et nous n'avons assisté aucun client", a affirmé à l'AFP, un avocat gréviste.
Les avocats accusent la Direction générale de la sécurité extérieure (DGDSE), "directement rattachée à la présidence de la République" de "procéder depuis quelques temps à des interpellations, des arrestations et des détentions" alors que cela relève de "la compétence exclusive du pouvoir judiciaire".
Ces arrestations "ne sauraient être exercées" par la DGDSE, qui "refuse et dénie aux avocats d’assister leur clients", ont fustigé les avocats.
L'Ordre dit avoir porté à la connaissance du président Mahamadou Issoufou cette "intrusion inadmissible dans la sphère de compétence du pouvoir judiciaire".
Mi-décembre, le président Issoufou, qui brigue un second mandat, a affirmé qu'une tentative de coup d'Etat avait été déjouée, justifiant l'arrestation d'au moins 9 officiers de l'armée.
Mais les autorités n'ont jusqu'ici annoncé aucune arrestation de civils en lien avec ce putsch avorté.
En revanche fin décembre, l'opposition nigérienne a dénoncé "des arrestations extrajudiciaires" de plusieurs de ses membres "par la DGDSE" pour "des raisons encore inconnues".
"Nos époux ont été arrêtés sur la base de rumeurs tendant à faire un lien avec le présumé coup d'Etat", a déclaré sur des télévisions locales, Mme Fatouma Issaka, la femme d'un des détenus, Issoufou Issaka, ex-ministre proche de Hama Amadou, opposant et candidat à la présidentielle de février.
M. Amadou est écroué depuis mi-novembre dans une prison au nord de Niamey pour une affaire de trafic présumé de bébés.
A un mois et demi de la présidentielle du 21 février, le climat politique est tendu au Niger.
Une marche programmée par l'opposition à Niamey pour notamment dénoncer des "arrestations arbitraires" de ses militants, a été interdite par les autorités.