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Le Témoin N° 554 du

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Désolés, nous voulons vivre - Notes depuis le Sahel
Publié le mercredi 13 janvier 2016   |  Le Témoin




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Il n’y avait qu’un an ou un peu plus de différence entre les deux. Il s’agit de frères et ils voyagent

depuis quelque jour. Originaires du Nigeria, ils ont transité par Niamey pendant quelques heures.

Osas et Brighter tenaient un sac entre eux deux. Sans argent et document d’identité, seulement ils

possédaient le ticket pour Agadez. De là ils pourront continuer en Libye et tenter peut-être la

traversée de la mer. Ils savent à peine qu’ils risquent la vie et que s’aventurer sans connaissance

de cause est dangereux. Ils ont vu au bureau les photos des camions avec les migrants et les

petits bateaux remplis de monde. Un instant de silence et puis le regard est parti ailleurs. Il est

retourné en arrière dans le quartier de Benin City qu’ils ont choisi de quitter il y a trois jours de

cela. Osas soudeur de réservoirs et son frère ainé paysan sans terre. A peine un an de différence

ou ça entre les deux. Même père et même mère, ils sont frères.

Ils sont partis en cachette tôt le matin quand il faisait encore nuit. Ils ont laissé écrit qu’ils étaient

les deux désolés de donner la nouvelle. Qu’ils voulaient simplement vivre, rien de plus et aussi rien

de moins. Désolés, nous voulons vivre. C’est cela qu’ils ont écrit les deux frères avant de prendre

le bus de la compagnie 3 STV auprès de laquelle ils avaient acheté leur ticket. Ils savaient qu’à la

frontière qu’ils seraient volés par les douaniers. Le manque de documents n’est qu’un prétexte

pour extorquer plus d’argent aux migrants et aux exodants en général. Obligés de descendre à

cause des documents ils trouvent un taxi-moto qui les amènent jusqu’au fleuve. Ils le passent en

pirogue et ils reprennent le même bus de l’autre coté de la frontière. Le bus a une panne de douze

heures et c’est le matin, encore la nuit, qu’ils arrivent à Niamey, la capitale.

Ils ont terminé les sous et ils n’ont pas de documents personnels. Un sac pour deux et le ticket

payé pour Agadez. Ils sont frères et, entre les deux, il y a un de différence ou davantage. Ils ne

portent que leurs corps pour le martyre parce qu’ils veulent vivre loin de la maison. Osas faisait le

soudeur de réservoirs pour l’essence et d’autres matériaux inflammables. Mais il n’y a rien de plus

‘’inflammable’’ que la vie. Aussi son frère sait cela. Il faisait le paysan sans jamais avoir travaillé la

terre. Entre les deux il y a un à peu près an de différence. Leur parents se sont séparés et n’ont

pas été informés du projet de voyage. A Benin City, ils habitent au numéro 11 d’un quartier

populaire où l’on connait tous ceux qui sont partis. Certains, peut-être la majorité, ont fait retour et

ils ont une maison, une voiture et ils aident les petits frères pour l’argent de l’école. Les sœurs, une

fois grandes, iront toutes en Italie.

Ils se sont excusés pour le dérangement provoqué pour la nuit. Pour avoir déçu les attentes et les

conseils de ceux qui voulaient arrêter leur voyage. Ils regrettaient pour le doute qu’ils avaient

laissé entrevoir. Désolés pour la préoccupation des adultes laissés dans la crainte. C’est que Osas

et Brighter voulaient, à leur manière, vivre. A Benin City, Edo State au Nigeria, ils ‘’sous-vivaient’’

ou du moins c’est cela qu’ils pensaient. Et alors ils sont partis avec le nécessaire pour atteindre

Agadez. Puis on verra la suite du voyage de seule allée. Pour cela ils ont acheté le billet, séparés,

dans le cas où quelque chose leur arrive. Deux frère avec presque le même âge. Les deux

désolés parce que l’appel des voyageurs commence tôt le matin, quand il fait encore nuit. Pour

cela ils se sont excusés et non parce qu’ils auraient eu quelque chose à cacher. Ils ont appelé

mercredi d’Agadez.

"we are very very Sorry mam. We have to live.

Thank you mam.God will bless you. We will see again.

Good by mam”

Mauro Armanino,

Niamey, janvier 2016

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