L'homme d'affaires français Vincent Bolloré, qui prévoit d'investir près de 3 milliards d'euros pour construire une ligne de chemin de fer entre Abidjan et Cotonou, n'aura pas recours à une introduction en Bourse du projet pour financer sa construction, a-t-il indiqué jeudi.
"En assemblée générale, j'avais évoqué cette possibilité. Mais je n'ai pas lancé le processus. Nous finançons sur nos fonds propres" l'opération, a déclaré l'industriel dans une interview au magazine économique français Challenges.
"Le groupe Bolloré en est capable grâce à son actionnariat familial, qui le protège du diktat des marchés boursiers", a-t-il ajouté.
Le projet de "Boucle ferroviaire" longue de 2.700 km, doit relier cinq pays d'Afrique de l'Ouest: la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. En août, le groupe Bolloré a signé une convention avec le Bénin et le Niger portant sur la construction et l'exploitation du tronçon Cotonou-Niamey, d'environ 1.000 km.
"Cela fait plus de 80 ans qu'on parle de cette ligne de chemin de fer. Si nous avons décidé de le faire, et d'investir près de 3 milliards, c'est parce que nous croyons à l'Afrique. Nous avons foi dans ce continent où nous sommes présents depuis plus de cinquante ans. Et nous sommes les seuls à vouloir financer cette boucle", souligne Vincent Bolloré.
"Il y a beaucoup de rêveurs mais qui ne sont pas prêts à apporter les fonds nécessaires. Nous avons le courage de le faire sur un horizon très long, de plus de 20 ans", ajoute-t-il en notant qu'à "la demande des Etats, nous avons démarré très vite la construction, parfois sans concession. Nous avons pris un risque car notre investissement n'était pas protégé par une convention, en cas de changement politique".
L'investissement est hautement stratégique: le train représente le principal débouché maritime pour certains pays enclavés comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, mais également le moyen de transport le moins coûteux pour les industriels ivoiriens exportant vers l'hinterland.