L’invite des chefs traditionnels dans l’arène politique à laquelle s’adonne ouvertement le président Issoufou Mahamadou ne saurait être tolérée continuellement. On sait pourquoi il s’adonne à cette pratique, qui viole les textes régissant le fonctionnement de la chefferie traditionnelle. Le président Issoufou courtise les chefs traditionnels à travers la grande sollicitude dont il les entoure depuis quelque temps, afin que ces derniers travaillent pour lui dans le cadre de la mobilisation des électeurs en prélude aux élections de février prochain.
En violation de la loi, qui proclame la neutralité absolue de l’institution dans les joutes politiques. C’est ce qui explique les largesses (dotation en véhicules, distribution d’argent et de vivres, etc.) dont certains de ses souteneurs et lui font preuve depuis quelque temps vis-à-vis de la chefferie traditionnelle. Il faut mettre fin à cette violation de la loi. Et c’est ce qui a conduit le chef de file de l’opposition, Seïni Oumarou, a adressé une correspondance au président de l’Association des chefs traditionnels pour attirer son attention sur le devoir de neutralité et de réserve qui incombe aux gardiens des valeurs traditionnelles. La correspondance date du 17 janvier 2016. Les chefs traditionnels doivent se conformer au respect de la loi pour ne pas contribuer à envenimer la crise politique déjà très tendue. Comme pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une simple mise en garde, le chef de file de l’opposition annonce leur détermination à porter plainte contre les éventuels contrevenants à la loi. Le message est suffisamment clair.
REPUBLIQUE DU NIGER FRATERNITE-TRAVAIL-PROGRES CABINET DU CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION
Le Chef de file de l’Opposition
A
Monsieur le Président de l’Association de la Chefferie Traditionnelle du Niger
Lettre n° : 001/2016/CFO/CAB
Objet : observance d’obligation de réserve et de neutralité
Lundi le 17 janvier 2016
Monsieur le Président,
Notre Loi fondamentale, en son article 167 dispose que : « l’Etat reconnaît la chefferie traditionnelle comme dépositaire de l’autorité coutumière. A ce titre, elle participe à l’administration du territoire de la République dans les conditions déterminées par la Loi. La chefferie traditionnelle est tenue à une stricte obligation de neutralité et de réserve. Elle est protégée contre tout abus de pouvoir tendant à la détourner du rôle que lui confère la Loi ».
En outre,l’article 30 de la Loi 2014-01 du 28 mars 2014 portant régime général des élections présidentielles, locales et référendaires et de la Loi 2014-04 du 15 avril 2014 portant régime électoral des membres de l’Assemblée Nationale dispose que « il est interdit aux sultans, aux chefs de canton ou de groupement, aux chefs de villages ou de tribus et aux chefs de quartiers administratifs, d’influer sur le choix de l’électeur, de prendre part, sous quelque forme que ce soit, à la campagne électorale ».
Malheureusement, il nous a été donné de constater que depuis l’installation des autorités de la 7ème République, certains chefs traditionnels foulent aux pieds ces dispositions constitutionnelles et légales.
Plus grave encore, certains chefs traditionnels n’hésitent même pas, soit à organiser des meetings de soutien à certains hommes politiques, soit à prendre la parole lors des manifestations politiques pour demander aux citoyens de soutenir tel ou tel candidat.
L’Opposition politique, soucieuse du respect des dispositions constitutionnelles et légales qui fondent la crédibilité et le respect de la chefferie traditionnelle, ne saurait continuer à accepter cette situation combien préjudiciable à la stabilité et à la paix,toutes choses indispensables à l’organisation d’élections apaisées, équitables et inclusives.
Aussi, je vous demanderais de bien vouloir inviter vos collègues, les honorables chefs traditionnels, d’arrêter toutes immixtions dans le jeu politique surtout en cette veille de campagne électorale et de se limiter à l’obligation de réserve et de neutralité que leur impose les Lois de la République.
En tout état de cause, l’Opposition politique se réserve le droit de porter plainte et, ce conformément, à la Loi contre les éventuels contrevenants.
Veuillez accepter, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
Elhadj SEINI OUMAROU
Ampliations
Primature
CENI
CNDP
Groupe de la Majorité
Groupe des Non Affiliés
Toutes chanceleries