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Issoufou Mahamadou a Trahi les Nigériens: le Niger à l’Aube de la Reconquête Coloniale des Pays du Sahel
Publié le samedi 23 janvier 2016   |  Actu Niger


Le
© AFP par PIUS UTOMI EKPEI
Le président de la république du Niger , SE. Issoufou Mahamadou


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Meme si son doit manger du sable

En mai 1974, moins d'un mois de l'arrivée au pouvoir des militaires, l'une des premières décisions prise par le lieutenant-colonel Seyni Kountché et ses compagnons du Conseil Militaire Supreme fut 'donner le départ des troupes militaires françaises encore présentes sur le territoire national.





S'ensuit alors la révision et la mise en place de la nouvelle politique de coopération militaire de la République du Niger stipulant la nouvelle doctrine de défense du territoire et de la souveraineté nationale. Celle-ci consistait notamment à subordonner tout militaire étranger présent sur le territoire national au commandement des Forces Armées Nigériennes. Dorénavant donc, tout militaire étranger (coopérant technique ou autre) était tenu de déposer ses uniformes aux frontières, d'adorer ceux des FAN et de se mettre sous leur commandement. « Même si on doit manger du sable » disait alors Kountché, « la défense de notre territoire est d'abord une affaire de
Nigériens. »

De Seyni Kountché donc en 1974 jusqu'en 2011, telle fut la doctrine officielle de la politique de défense basée sur le principe de « défense de l'intégrité du territoire national et de la souveraineté nationale ». Jamais donc, le Niger indépendant n'avait connu la présence de militaires étrangers portant uniforme d'une armée étrangère opérant sur son territoire. Jusqu'au régime de Issoufou Mahamadou ou nous assistons à une prolifération à outrance de bases militaires étrangères quadrillant désormais l'ensemble du territoire national. Sous le fallacieux prétexte de la « lutte contre les terroristes »; eux-mêmes « invités » par Mahamadou Issoufou à venir attaquer son pays à travers ses déclarations et attitude va-t-en-guerre provocatrices depuis l'avènement de la 7ème république. En rétrospective, on se rend compte que cette attitude n'était pas le fait du hasard mais servait bien une cause: celle de justifier la présence de bases
militaires étrangères dans le pays. Bases militaires dont la présence n'a pas pour objectif la protection des intérêts du Niger et des Nigériens mais plutôt à faire main basse sur les ressources du sol et du sous-sol des pays du Sahel à travers notamment une stratégie de reconquête militaire coloniale pure et simple de ces pays dont le Niger constitue une pièce centrale.

« Il n'y aura pas de bases militaires étrangères au Niger ... le débat est clos! »

Il vous souvient du débat vigoureux qui avait eu lieu à la fin de la transition militaire de Salou Djibo sur cette question de bases militaires étrangères ; débat y compris au sein de la hiérarchie militaire quand les rumeurs de l'implantation des bases militaires françaises commençaient à circuler. « Les terroristes sont au Mali, c'est là-bas que les français doivent aller installer leur bases »: Telle fut la manière dont la question fut ainsi tranchée au sein de la hiérarchie militaire, quand bien même comme on le verra plus loin, cette position coutera leurs postes aux 4 colonels accusés par la suite de complot de coup en 2011, limogés et écartés par le régime.

Alors que les rumeurs se faisaient de plus en plus insistantes, de passage à Paris, le Président de la République Mahamadou Issoufou nouvellement élu avait catégoriquement rejeté toute idee de l'implantation de bases militaires étrangères: « Il n'y aura pas de bases militaires étrangères au Niger.. le débat est clos! » avait-il déclaré. En effet le débat fut clos jusqu'au limogeage des 4 colonels dont le numéro 2 de l'ancienne junte militaire.

C'est ainsi donc qu'en Décembre 2012, sans aucune consultation préalable, le Président de la République Mahamadou Issoufou signa de nouveaux accords de coopération militaire et technique avec le Ministre français de la défense, ouvrant ainsi la voie à l'implantation de base militaires françaises sur l'ensemble du territoire national et ce pour une durée indéterminée.

Dix viennent et dix mille suivront : Les forces armée étrangères s’implantent sur l'ensemble du territoire national sur une durée indéterminée.

Agadez Octobre 2012 (Aïr Info)

Cette fois-ci personne ne peut le contredire. Des militaires étrangers s’implantent bel et bien à Niamey, Arlit, Agadez, Diffa et Zinder. A Agadez et à Arlit, nous les avons vus. Nous les avons suivis. Nous les avons filmés. Nous savons désormais qu’ils sont plusieurs dizaines à circuler dans les rues d’Agadez et d’Arlit. Ils ne prennent plus la peine de se cacher puisqu’ils sont en territoire conquis. Puisqu’ils sont autorisés par les plus hautes autorités de ce pays.
Il y a un mois déjà, c’était un petit groupe qui était venu et a élu domicile dans un hôtel de la place à Agadez. Ensuite, leur présence s’est renforcée et ils circulaient même à travers la ville dans des véhicules de marque Land Rover, récemment offerts par l’Ambassade de France à notre pays. Leur nombre s’est ensuite accru au fil de semaines mais se désengorgeait au fil de missions quotidiennes dans l’Aïr et même le Tadress. En effet, on les a aperçus longeant la falaise de Tiguidit et même de Tourrayet. Ils sont aussi visibles en permanence à l’Aéroport Mano Dayak d’Agadez où leurs avions faisaient des rondes au crépuscule et à l’aube. Ce même scénario se déroulait sur la base d’Aguelal à quelques encablures d’Arlit. D’après nos sources, ces militaires sont principalement de deux nationalités : américaine et française. “ Ils ne sont pas venus pour des sessions de formation mais d’implantation temporaire. Ils sont là pour
former nos militaires et s’en aller ”, nous a dit quant à lui un adjudant, instructeur à Agadez. Bien avant leur arrivée, trois porte-chars ont été acheminés à Agadez. Ils contenaient selon une source de foi contactée par Aïr Info du matériel militaire, précisément, celui destiné à la communication.

La Haute Trahison

Pour les souverainistes Nigériens qui criaient farouchement contre l’implantation d’une base militaire sur notre sol, il ne reste plus que des mouchoirs pour pleurer. A l’heure actuelle, ces militaires étrangers sont dans nos murs. A Agadez, on en parle. « Ils sont venus sécuriser leur uranium et leurs concitoyens, pas nous ! ”, soutient Lamine Mohamed, un artisan basé à Agadez.
« On dit qu’ils sont là pour apprendre à nos forces de sécurité comment on intercepte un groupe de terroristes ! Quelle infantilisation ! Comme si de tous temps, notre brave armée ne l’a pas réussi malgré le dénuement exécrable dans lequel elle patauge par la faute de nos politiciens », fulmine Nasser Alamine, étudiant en Droit à Niamey. « Comment une armée étrangère née dans les néons des villes va réussir à débusquer ce que nos frères nés et grandis ici n’ont pas pu maîtriser durant des années ! Les montagnes de l’Aïr et du Tamgak sont comme les grottes de Torabora ! », se préoccupe Samadalher, agent forestier à Agadez. « Le jour où ces étrangers vont commencé à bombarder les campements de nos parents qu’ils auraient confondu à des camps d’entraînement d’Al-Qaïda, ce jour-là le Président Issoufou saura qu’il s’était amèrement trompé », marmonne Fatima Hamid, enseignante.

Silence radio sur cette implantation

Ces militaires étrangers se sont implantés dans la région d’Agadez le plus naturellement du monde. Nos autorités politiques n’ont rien dit à propos. Ni le Président Issoufou ni l’un des ses affidés n’ont rien dit aux Nigériens. Et pourtant, le président Issoufou Mahamadou avait démenti l’avènement de cette base militaire dans notre pays à plusieurs reprises. Qu’est devenue sa flamme nationaliste, celle-là qui lui faisait dire sur les ondes de toutes les radios qu’il n’accepterait jamais une base militaire sur son territoire ?

Qu’est-ce qui a pu faire fléchir Mahamadou Issoufou ?

Pour justifier l’arrivée de ces militaires étrangers sur notre sol, le régime de Mahamadou a été sûrement convaincu par le spectre de l’effet domino de ce qui se passe chez nos voisins ( Libye-Mali et Nigéria). Les mandataires de ces militaires ont de quoi le convaincre. Sa sécurité et celle de son pays. Comme s’ils ne sont pas responsables de la situation de la déliquescence de la bande sahélo-saharienne, ils viennent jouer les pompiers !
Des arguments de taille comme l’effondrement de l’Etat en cours au Mali, le problème de Boko Haram et les soubresauts de la crise libyenne qui vont impérativement toucher le Niger de Issoufou. Donc pour sa « survie politique », le Président du Niger est obligé de céder sachant bien que cette militarisation est pareille à un rouleau compresseur. Dix viennent et dix mille suivront.

Mahamadou Issoufou sur les traces de Salou Djibo : élevé au grade de chevalier de l’ordre de mérite.

Il nous souviendra que le Niger a autorisé des militaires français à utiliser son espace aérien et son territoire pour la première fois en un demi siècle le jeudi 16 septembre 2010, lors de l’enlèvement des français à Arlit, dans le nord du Niger. C’est ainsi qu’une centaine de spécialistes français de l'antiterrorisme étaient arrivés à Niamey à bord de plusieurs appareils de reconnaissance. Les frondeurs parmi la junte qui ne voulaient pas de ce copinage avec l’armée française ont été vite écartés et ce de la façon la plus malpropre. La suite, on la connait bien. Après son “ mandat “, le général autoproclamé Salou Djibo a été élevé au grade de chevalier de l’ordre de mérite par le président d’alors Nicolas Sarkozy. Pour quels services ? Celui d’avoir permis de réviser les termes des accords sur l’Uranium difficilement acquis par le vieux Tandja et ouvert une brèche pour la militarisation du Niger. Qu’attend en retour notre
Zaki national après avoir déroulé le tapis rouge à ces “ Conquistadors des temps modernes”? Une distinction honorifique de l’Etat français ou américain? Une nationalité d’un de ces deux pays auxquels il rend service au détriment de sa propre et vaillante armée?
Il ne sert plus aujourd’hui de nous faire avaler des couleuvres en prétextant que les Français ou les Américains qui sont sur notre sol apporteraient juste un « soutien technique » à nos militaires. Les Nigériens ont tout compris :
M. le Président ! Vous avez trahi le peuple Nigérien et le Tribunal de l’Histoire le retiendra.

ABDOULAYE DJIBO, Citoyen

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