On savait qu’il déchaînait les passions. Après une carrière bien remplie à l’ombre de l’austère et patriote sincère, le président Seyni Kountché, Hama Amadou, actuel président de l’Assemblée nationale, s’est révélé aux nigériens au cours de la Conférence nationale. Et c’est là que sa réputation fut, aux yeux du commun des nigériens, faite.
Ardent et farouche défenseur du MNSD, il s’est, à cette occasion, fait de redoutables adversaires qui ont utilisé et usé de tous les moyens, même les abjects, les plus vils, pour réduire le MNSD et celui qui fut son secrétaire général. Il s’est aussi fait, à partir de la Conférence nationale, des amis, fidèles, et des militants, inconditionnels. Méthodiquement et patiemment, avec Tandja qu’il a choisi d’accompagner au détriment de l’aile conduite par des hommes de la même région que lui, il met toute sa force et son intelligence pour faire du MNSD le premier partie du Niger qui, par deux fois placera son candidat à la tête du pays.
On savait aussi que les sept années passées à la Primature ont transformé la fidélité des uns en adoration et l’adversité des autres en animosité, en haine. Les preuves de fidélité résident dans la création du parti MODEN et sa propulsion, en moins d’un an, au troisième rang sur l’échiquier politique national. Le président de la coordination Lumana de Niamey, Soumana Sanda, confirmera en disant que le MODEN « comme tous les autres partis politiques dispose de textes qui régissent son fonctionnement et décrivent son idéologie » mais lui, Oumarou Dogari et « l’ensemble des militants sont attachés à la personne de Hama Amadou ». Les adversaires de Hama Amadou sont devenus des ennemis. Pour eux tout est de la faute de Hama. Leur échec scolaire et académique. Les déboires professionnels et sentimentaux Ils réussiront à l’envoyer en prison. Ils pensaient l’avoir définitivement enterré politiquement. Son retour sur la scène politique provoquera une onde de choc dans les milieux qui avaient joué un rôle prépondérant dans son embastillement et qui espéraient régenter une importante institution de la République. Devant l’échec de l’entreprise, le responsable est tout désigné : Hama Amadou. C’est alors le retour des vautours. Il fera l’objet d’attaque systématique de certains confrères et certains politiques sous le couvert de la société civile. On cherche systématique dans ses discours, ses gestes, la petite bête. On se répand dans les journaux, sur les plateaux de télévisions pour donner des avis, insulter, diffamer.
Pourtant les remarques et mises en garde du président de l’Assemblée ont toujours finies par être avérées ou prises en compte sur le tard. Au cours d’une session, il attirait l’attention sur les performances de l’administration. Hama Amadou avait été accusé de marcher sur les plates bandes de l’exécutif. Et ce fut pourtant le président de la République qui, par la suite, a initié des visites surprises pour s’en rendre compte. Une autre fois, le président de l’Assemblée avait attiré l’attention sur l’accroissement exponentielle de la masse salariale. Le tolet fut sans précèdent. On accusait Hama Amadou de casser du sucre dans le dos de l’exécutif. Récemment un ministre de la République disait à l’intention du CPRASE que le gouvernement était dans l’incapacité d’octroyer aux enseignants contractuels des primes pour la simple raison que la masse salariale serait passée de 70 à 170 milliards. Le Niger aurait largement dépassé le seuil admis dans l’espace commun. L’appel à la formation d’un gouvernement d’union nationale a aussi fait l’objet de toutes les critiques. On parlait de violation de la constitution. Et comme par enchantement les critiques se turent dès que le président de la République s’y prononcera pour.
La dernière sortie du président Hama Amadou fait des vagues incompréhensibles. Depuis la dépénalisation, tout le monde a parlé des excès. Même les organisations socioprofessionnelles de la presse ont décrié le comportement des journalistes. Pourquoi tant de tolet ? La même information change-t-elle de signification selon celui qui la donne ? Une information dans la bouche de Hama Amadou prend-elle une autre signification ? Ce discours replacé dans son contexte ne diffère en rien des convictions du président Hama Amadou.