Le Centre sahélien de l'ICRISAT a organisé vendredi dernier, une visite guidée sur son site sis à Sadoré, situé à une quarantaine de kilomètres au sud de Niamey au profit de ses partenaires. L'objectif de cette initiative est d'édifier les groupes cibles sur les résultats de près de 30 années de recherches menées par le centre sahélien de l'ICRISAT dans le domaine de la génétique semencière, de la production, de l'amélioration et du stockage des semences diverses des régions semi-arides et tropicales.
L'ICRISAT dispose aujourd'hui de plus 43.000 accessions (variétés) de semences venues de tous les coins du monde sur lesquelles travaillent d'éminents chercheurs et experts. Plus de 12.000 de ces variétés sont issues de l'Afrique de l'Ouest. Au nombre des partenaires techniques et/ou financiers invités par l'ICRISAT figurent notamment les représentants du ministère de l'Agriculture, de l'INRAN, de l'IRD et les responsables des fermes semencières dont la ferme Aï Noma et les organisations paysannes. Les invités ont été d'abord conduits au champ de mil. C'est sur ce champ d'un hectare que les techniciens de l'ICRISAT réalisent les essais pour produire essentiellement des semences de plusieurs variétés de cette denrée originaires de plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre dans le but de prouver leurs performances, leur résistance aux aléas climatiques et autres attaques et leur productivité en graines et fourrages.
Le responsable de la banque de gènes de l'ICRISAT Dr Falalou Hamidou explique que l'essai concerne environ 41.000 accessions en culture de contre-saison et le résultat obtenu de cet essai démontre bel et bien qu'on peut produire du mil en dehors de la saison des pluies. Il suffit juste de disposer d'un mécanisme d'irrigation comme c'est le cas du champ d'essai de l'ICRISAT. Selon Dr Falalou, l'objectif de la visite guidée est de montrer aux partenaires, promoteurs des fermes semencières et organisations des producteurs que cela est possible et permettre à ceux qui sont intéressés par ces semences améliorés produites de soumettre leurs demandes afin qu'ils puissent les acquérir et obtenir les conseils pratiques d'usage. "L'ICRISAT est disposé à accompagner tout producteur dans la mise en place des technologies, jusqu'à la production" a affirmé le responsable de la banque de gènes.
L'ICRISAT offre ainsi un meilleur choix des semences pour une lutte efficace contre l'insécurité alimentaire car, le centre dispose entre autres de plus de 20.000 variétés de mil, 7.000 de sorgho, 10.000 d'arachide et entend procéder à des essais pour les variétés de sorgho et d'arachides qui sont des cultures mandat de l'ICRISAT. L'essai en culture de contre-saison a l'avantage de permettre de produire des semences de qualité de façon optimale et en quantité pour les mettre à la disposition des partenaires qui en fonts la demande. En visitant le champ d'essai de mil, les invités ont parcouru l'ensemble du périmètre où ils ont reçu s'amples explications sur les techniques de production, de croisement des variétés utilisées sur le site pour obtenir les semences.
La banque de gènes ou Seeds Unit a constitué la seconde étape de la visite guidée. Elle est dotée d'un magasin d'une capacité de stockage de 50 tonnes et répondant aux normes internationales de conservation des semences homologuées. Le responsable des lieux a informé les partenaires que les semences sont conservées et préservées dans de conditions de température et d'humidité adéquates leur permettant ainsi de garder leur taux de germination à hauteur de 99 à 100% pour une durée de 5 à 40 ans. Grâce à la banque de gènes, le centre travaille en permanence pour ramener des variétés disparues ou en voie de l'être. A l'issue de cette visite guidée que les partenaires ont qualifiée d'instructive, les invités ont salué l'initiative de l'ICRISAT, une initiative qui a permis à la directrice générale de la ferme Ai Noma de constater avec plaisir la disponibilité des semences mais aussi les technologies dont dispose l'ICRISAT.
Pour Mme Nasser Aichatou dont la société est un partenaire de longue date de l'ICRISAT, la visite l'inspire beaucoup en ce sens qu'elle a appris qu'on peut produire du mil en culture de contre-saison et avoir des semences de haute qualité mais qu'on peut aussi mieux stocker les semences à travers les techniques utilisées par le centre. "Nous avons un souci par rapport au stockage au niveau de notre institution, mais vraiment là nous avons vu comment ça se fait et nous allons l'appliquer et je pense que nous pouvons améliorer notre stockage" a dit la directrice de la ferme semencière Ai Noma. Pour le chef de division promotion qualité et label au ministère de l'Agriculture M Ousmane Abdou, la visite est opportune car, la génération des variétés constitue la première étape dans la politique agricole en terme de production et de sécurité alimentaire. Pour lui, il est capital pour le gouvernement qui met en œuvre l'initiative 3N, de voir ce que fait l'ICRISAT en matière de génération de variétés et le concilier avec la politique de l'Etat pour l'atteinte de la sécurité alimentaire.
La visite à l'ICRISAT a été édifiante pour les visiteurs en termes de conservation du patrimoine génétique des semences des différentes accessions. La banque de gènes du centre sahélien constitue une réserve pour les chercheurs et pour tous ceux qui sont intéressés par la génération des variétés en ce moment marqué par la variabilité et le changement climatique qui constitue un défi pour l'agriculture mondiale et la dépréciation et la perte de certaines variétés. Le représentant du ministère de l'Agriculture a déclaré que "ce que fait l'ICRISAT permettra à nos pays de booster la production et la productivité."
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