Le directeur général adjoint du groupe nucléaire mondial AREVA en charge du Business group Mines Mr Olivier WANTZ a effectué la semaine dernière une visite dans notre pays, occasion saisie par ce haut responsable de cette multinationale de s’entretenir avec la presse nigérienne à travers une conférence de presse. Plusieurs points étaient à l’ordre du jour de cette rencontre dont entre autre : Le projet Imouraren ,le contrat minier entre sa société et notre pays ou encore l’évolution du marché mondial de l’uranium. (voici quelques principales questions posées par les journalistes au conférencier et les réponses apportées par ce dernier :
Question : Le Président du Directoire d’AREVA a récemment annoncé que vous êtes en train de renégocier les termes du contrat avec le Niger. Est-ce que vous confirmez ces informations ?
Réponse : Il y a plusieurs sujets qui doivent être discutés dans le courant de l’année 2013. Et c’est ce que Luc Oursel a certainement dit, lors de l’entretien auquel vous faites référence, et faisant référence aux termes du contrat, que c’est le renouvellement des conventions SOMAÏR et COMINAK. Puisque ces conventions qui ont une durée de vie tombent à échéance à la fin de l’année 2013. Nous avons bien évidement engagé des discussions avec le Ministère des Mines pour procéder à la reconduction des conventions minières. C’est vraisemblablement ce à quoi M. Oursel fait référence lorsqu’il parle de reconduction du contrat.
Pour ce qui concerne la discussion relative aux prix, c’est une discussion qui est usuelle puisqu’elle a lieu très régulièrement, en l’occurrence tous les ans pour définir à quel prix les enlèvements des matières se feront pour l’ensemble des partenaires ; qu’il s’agisse de la SOPAMINE ou des partenaires tels qu’AREVA ou les partenaires japonais ou espagnols. Evidement ce prix tient compte de la situation du marché. Ce marché de l’uranium est de l’ordre de 59 000 tonnes dans le monde. C’est un marché relativement petit. Ce n’est pas un très grand marché comme le pétrole ou le cuivre. C’est un marché relativement réduit avec un prix marché, à la fois spot. Et l’ensemble des négociations qui peuvent être menées avec les électriciens qui achètent l’uranium pour leurs propres besoins sont basées sur ces évolutions de marché et sur ce rapport offre-demande de façon assez classique. Ce sont des discussions que nous avons actuellement avec les partenaires nigériens pour définir ce prix.
Question : IMOURAREM était prévu pour 2013. Ensuite pour 2014 et aujourd’hui 2015. AREVA avait proposé au Niger une compensation de 35 millions d’euros qui seront payés sur trois ans. Qu’en est-il ?
Réponse : Merci de poser cette question. L’étape auxquelles vous faite référence mérite qu’on donne des précisions. Lorsqu’au moment de l’étude de faisabilité, les premières réflexions ont été faites sur Imourarem, la date de 2010 avait effectivement été fixée. Mais il faut se rappeler qu’entre temps, elle avait été fixée sur la base de l’obtention d’une convention minière au moment où elle avait été demandée. Et le Ministère des Mines reconnaît qu’il a fallu neuf mois pour que cette convention minière puisse être finalement établie. Je pense aussi aux tristes évènements du 16 septembre 2010, les enlèvements qui ont effectivement porté un coup d’arrêt assez significatif à l’évolution de ce projet.
Je crois que très honnêtement, en considération de ces deux éléments, la date de 2012 ne peut pour aucun d’entre nous paraître comme une date de référence. Nous avions parlé de 2014 comme étant une date probable de mise en exploitation de cette mine. Pour des difficultés inhérentes à ce projet, mais aussi pour tenir compte de l’impact négatif que pourrait avoir une montée en production trop rapide sur le marché, sur le prix de l’Uranium, et donc sur la rentabilité de SOMAÏR, COMINAK, et donc du Niger, il a été décidé d’un commun accord qu’il était judicieux de s’orienter vers une extraction du minerai en mi-2015 ; pour cadencer une montée en production un peu plus souple, et moins forte que celle qui avait été envisagée au départ.
Ce sera une erreur de penser que l’accord auquel vous faites référence, la somme de 35 millions d’Euros, est une compensation pour IMOURAREM. C’est n’est pas le cas. Il n’y a absolument aucune obligation juridique pour AREVA de compenser quoi que ce soit. Nous avons, dans le cadre des discussions que nous menons avec nos partenaires pour la mise en oeuvre du projet IMOURAREM, un calendrier qui avance, qui subit parfois quelques aléas mais qui en aucun cas ne nous impose juridiquement de compenser quoi que ce soit au titre des retards qui peuvent être pris pour différentes raisons. Par contre ce qui est vrai, c’est que dans le cadre d’une discussion globale que nous avons menée avec l’Etat du Niger, il nous a été demandé par le ministre des Finances puis par les autorités de la Présidence de bien vouloir soutenir l’effort de protection compte tenu de la situation sécuritaire que vous connaissez.
Et c’est à ce titre que nous avons effectivement consenti de soutenir cet effort à concurrence de 35 millions d’euros. Ce n’est ni en relation avec le retard d’Imourarem, ni une obligation contractuelle. C’est simplement un geste excellent pour soutenir cet effort qui est fait au niveau de l’Etat au Niger pour protéger les activités, les biens et les personnes qui sont liées à nos activités. C’est un geste unique que nous ne pouvons pas faire régulièrement. Il correspond presque à une année de rentabilité de nos activités au Niger. C’est un geste particulièrement exceptionnel, que je ne regrette pas. Je suis heureux de l’avoir fait ; je suis heureux de l’avoir signé.
Question : Pourquoi n’y at- il aucun Nigérien parmi les dirigeants des sociétés d’AREVA ?
Réponse : Je répète une fois encore que sur l’ensemble des employés actifs de ces sociétés minières, qu’il s’agisse de la Cominak, de la Somaïr ou d’Imourarem, nous avons une forte proportion de salariés nigériens ; c’est particulièrement vrai dans les mines ou exploitation Somaïr et Cominak plus de 98% des salariés sont des Nigériens. C’est un peu moins vrai sur Imourarem, car nous sommes en montée de puissance du projet et effectivement il y a de spécificités de compétences qui sont requises dans le cadre de l’élaboration de ce projet, qui ne sont pas disponibles au Niger, même si nous souhaitons offrir lorsque cela est possible, ces postes aux Nigériens. Nous ne sommes pas maintenant disponibles.
Mais dès que la mine est mise en exploitation comme la Somaïr ou à la Cominak, bien sûr la proportion de collaborateurs nigériens, augmentera au fil du temps pour atteindre les mêmes proportions ci-indiquées. Pour l’encadrement, nous avons un très fort taux de nigériens au niveau de l’encadrement des sociétés que j’ai citées. Nous formons des collègues nigériens de très bonne qualité. Nous espérons les amener à occuper des postes plus importants.
Question : Areva ne dispose pas de son propre siège social au Niger. Comment expliquez-vous cet état de fait?
Réponse : Il est judicieux pour Areva et les sociétés minières Somaïr, Cominak et Imourarem, de réfléchir ardemment au projet d’un siège social commun. J’ai déjà demandé aux équipes de réfléchir sur ce thème, ce qu’elles ont fait.
Question : Est-ce que l’uranium est viable au regard des remous réclamant l’arrêt du nucléaire civil et militaire, que l’on enregistre dans certains pays européens ?
Réponse : Une très forte majorité de pays qui se sont exprimés suite à l’incident de Fukushina, sont favorables à la poursuite du nucléaire non énergiques de leurs pays et sont entrain de préparer un certain nombre d’investissements pour confirmer cela. Il y a plus de 60 centrales nucléaires en cours de construction actuellement dans le monde. Ce qui n’empêche pas d’avoir un intérêt important pour les énergies renouvelables. Nous-mêmes Areva, nous sommes actifs dans l’éolienne, le solaire, la bioénergie, la biomasse. Nous sommes également actifs dans la recherche relative au stock d’énergie qui est en parallèle, conséquence évidente de ce que sera l’énergie renouvelable qui comme vous le savez doit être stockée, car le vent ne souffle pas toujours, le soleil aussi, sauf peut être au Niger ; dans notre pays, ce n’est pas le cas.
Il n’y a pas globalement dans le monde de remise en question du nucléaire. Les analyses que nous faisons nous amènent à penser que la demande en énergie sera croissante, que la part du nucléaire sera stable. Nous ne pensons pas que l’uranium ne sera pas rentable, ni celui du Niger ou d’ailleurs. Si nous le pensions, nous n’investirons pas 2 milliards d’euros dans un projet comme Imourarem. Nous sommes convaincus qu’il y a un avenir, et la période actuelle est un peu morose puisque cela a été envisagé avant l’accident de Fukushima. Il est important de préciser qu’il ne faut pas confondre EDF et AREVA, qui sont deux sociétés françaises.
Nous n’avons pas 58 centrales nucléaires. Il est vrai dans le cadre des travaux qui sont menés en France régulièrement pour vérifier la qualité relative au suivi des installations nucléaires, et de l’ensemble de travaux y afférents, l’Etat et les autorités françaises ont demandé que les exploitants, à savoir EDF et AREVA, procèdent à des analyses pour les 4 unités de fabrication de combustible. Nous nous assurerons que la chaîne de sous-traitance ne soit pas infinie, nous limitons à deux niveaux de soustraitance maximum, ce qui pou vait être tolérable en cas de différends. EDF nous a engagés à le faire comme EDF s’est engagé à le faire. Concernant la gestion des déchets, elle n’est pas confiée à la sous-traitance.
S’agissant de la gestion de l’environnement, très globalement sur la gestion de l’environnement, c’est quelque chose qui fait partie de nos valeurs. Vous devez le croire, vous pouvez vérifier avec les sociétés minières le nombre de contrôles et de suivi qui sont effectués aussi bien ce qui concerne l’air que, l’eau, etc, pour prévenir la dégradation de l’environnement.