Le meeting de lancement de la campagne électorale au titre de la capitale Niamey du MODEN Lumana de Hama Amadou, qui devrait se tenir le mardi dernier, a presque viré à l’émeute après l’intervention des forces de l’ordre qui essayaient de disperser les manifestants.
La manifestation se déroulait au siège du parti situé sur l'Avenue de l'OUA au quartier Zabarkan lorsque les forces de l’ordre sont intervenues sommant les organisateurs de déguerpir. La principale raison invoquée : le cortège du Président de la République et candidat du PNDS Tarraya devrait passer par cette voie qui mène notamment à Filingué où Issoufou Mahamadou avait tenu un meeting électoral dans la journée. C’est aussi et surtout là-bas que Hama Amadou, le candidat de Lumana est toujours détenu.
Comme il fallait s’y attendre, les militants de Lumana ne se sont pas laissés faire et ont refusé de céder le passage. Selon des sources policières, les manifestants avaient tenté de faire obstruction au passage du cortège présidentiel, ce qui justifie l’intervention.
« Faux » rétorque une militante du parti qui fait constater que la police a commencé à disperser violemment les manifestants aux environs de 17h alors que le convoi présidentiel n’est passé qu’aux environs de 21h. « Il était prévu que nous regagnions nos coordinations de base pour un lancement simultané dans les 5 arrondissements de Niamey à 19h, donc logiquement, nous n’aurions pas pu obstruer le chemin au retour du cortège » ajoute la même source sous le coup de la colère.
Après les premiers heurts, la situation a vite fait de dégénérer avec l’utilisation de gaz lacrymogènes et par la suite l’intervention de la Garde présidentielle qui avait pour ordre de sécuriser le passage du convoi présidentiel.
Plusieurs blessés ont été enregistrés et dans la confusion, certains manifestants se sont pris au nouveau siège du PNDS Tarayya, situé pas très loin du lieu de l’incident.
« Il s’agit d’une provocation en bonne et due forme puisque ce n’est pas la seule voie qui mène au Palais et les autorités étaient bien au courant de notre manifestation » profère un membre de la direction de campagne de Hama Amadou qui dit ne pas comprendre « cette fixation du pouvoir sur les militants de Lumana ».
Il faut dire que bien avant le début de la campagne, la tension était perceptible entre le pouvoir et les militants de Lumana. Plusieurs cadres du parti sont toujours détenus dans différentes prisons du pays alors que la campagne électorale bat son plein.
Lundi déjà, au retour du lancement de la campagne officielle du parti à Dosso, quelques heurts ont été enregistrés au niveau d’un poste de police situé sur le tronçon menant de Dosso à Niamey.
Au Niger, la campagne électorale s’est toujours déroulée dans le fair-play. Avec ces signes d’inquiétudes qui augurent une campagne mouvementée, les nigériens ont, dans une large frange, dénoncé ces agissements qui risquent de plomber la quiétude sociale et politique du pays, sans pour autant chercher à accuser les responsables de cet incident.
Comme en pareil circonstance, les deux camps continuent à se rejeter la responsabilité de la dégradation du climat politique.