On approche peut-être de l’épilogue dans la crise opposant la CDS de Mahamane Ousmane à l’aile Abdou Labo ou bien on entre dans un nouveau tournant. L’affaire Abdou Labo, cadre CDS qui s’est rebellé à la consigne d’alliance de son parti a finalement atterri sur le bureau du Président de la République Issoufou Mahamadou qui a affirmé que très bientôt il donnera une solution définitive à cette affaire qui paralyse le parti de Mahamane Ousmane (opposition) mais qui pollue surtout le gouvernement.
L’annonce a été faite le jeudi 31 janvier dernier par le chef de file de l’opposition Seïni Oumarou qui a réuni l’ensemble des partis de l’opposition ARN pour les formalités de présentation de voeux de nouvel an. Le Président du MNSD Seïni Oumarou et Chef de file de l’opposition qui n’a pas pu recevoir les voeux des partis de l’ARN alors qu’il était dans un périple sur les traces de Hama Amadou au Ghana et qu’il devait poursuivre au Soudan, n’a reçu les voeux de l’opposition que le jeudi 31 janvier dernier. Au-delà des longs salamalecs protocolaires, le chef de file de l’opposition a livré une importante information à son ami et allié Mahamane Ousmane et qui allait faire bouger les lignes dans la longue crise politique qui oppose le président de la CDS à son ancien premier vice-président Abdou Labo, actuellement Ministre d’Etat et ministre de l’intérieur dans le gouvernement de la majorité MRN.
Le Chef de l’Etat s’est enfin saisi du dossier et a promis un rapide règlement de ce problème, a confié Seïni Oumarou au responsable des partis de l’opposition ARN dont fait partie Mahamane Ousmane, président de la CDS. Cela devait être un gros cadeau de fin d’année ou d’anniversaire pour le président de la CDS qui a fêté le 22ème anniversaire de son parti le 05 janvier dernier. En effet, selon de sources bien informées, le Ministre Abdou Labo va devoir abandonner son portefeuille. L’exacerbation de la tension entre la majorité et l’opposition et les risques de prolongement dans les affaires du gouvernement ont sans doute poussé le Président de la République à examiner la situation de plus près.
Il y a quelques jours, le bureau politique de la CDS a tenu une importante ré à l’issue de laquelle, il a rendu publique une grave déclaration indiquant ne plus reconnaitre Abdou Labo comme Ministre de la République. La déclaration de la CDS faisait suite à une cérémonie du 22ème anniversaire de la CDS que Abdou Labo et quelques uns de ses grands partisans ont organisé le 05 janvier 2013, le même jour où Mahamane Ousmane et ses lieutenants commémoraient le même événement. La déclaration de la CDS de Mahamane Ousmane était aussi assortie de menace de poursuite judiciaire contre Abdou Labo et ses sympathisants, tous frappés d’interdiction d’utiliser les insignes ou les couleurs du parti depuis que dans une décision rendue par la cour d’appel de Niamey, la justice a confirmé la régularité du congrès de la CDS tenu à Zinder, congrès qui a prononcé l’exclusion définitive de l’ancien vice-président de la CDS et plusieurs de ses compagnons.
Il faut dire toutefois, à ce sujet, que la procédure judiciaire en cours n’est pas encore totalement évacuée puisque Abdou Labo a introduit un pourvoi en cassation sur la décision rendue en juin 2012 par la Cour d’Appel de Niamey. L’ancien vice-président de la CDS et son patron Mahamane Ousmane sont en querelle politique depuis bientôt deux ans sur la question du positionnement du parti à l’opposition ARN ou à la majorité MRN. La CDS est signataire du pacte de la CFDR avec le PNDS, actuel parti au pouvoir ainsi que plusieurs partis de la majorité MRN. Elle va le dénoncer à la veille du premier tour des élections présidentielles de mars 2011 pour signer une autre alliance électorale avec le MNSD de Seïni Oumarou.
Abdou Labo et d’autres partis de l’ARN notamment le MODEN Lumana de Hama Amadou et le RSD-Gaskiya de Cheiffou Amadou vont quitter cette alliance entre les deux tours pour apporter leur soutien au candidat Issoufou Mahamadou qui va gagner les élections du second tour des présidentielles contre le candidat de l’ARN Seïni Oumarou. Par la suite, Abdou Labo va hériter du portefeuille de Ministre de l’intérieur avec rang de ministre d’Etat dans le 1er gouvernement de Brigi Rafini. Dès la formation de ce gouvernement, plusieurs voix se sont élevées pour annoncer que ce choix de placer Abdou Labo comme Ministre de l’intérieur était porteur de germe de crise entre l’opposition ARN et le gouvernement. Cette situation conflictuelle est aujourd’hui entrain de se matérialiser.
Il ya quelques jours encore le groupe parlementaire de l’ARN avait déposé une interpellation du Ministre de l’intérieur pour venir s’expliquer sur cette crise qui met le gouvernement en grande difficulté devant les dispositions des articles 117 de la Constitution et 64 de la charte des partis politiques qui interdisent à tout cadre d’un parti de l’opposition de faire partie du gouvernement. Ce qui ne laisse à Abdou Labo que trois choix possibles : rendre sa démission du gouvernement pour rejoindre la CDS de Mahamane Ousmane ou abandonner toute revendication d’appartenance à la CDS et adhérer à un parti membre de la majorité MRN ou même se jeter à l’eau en créant son propre parti.
La note d’interpellation déposée par le groupe parlementaire ARN a été retirée sur intervention du Président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou qui a préféré ‘’un échange direct’’ avec le Président de la République Issoufou Mahamadou, a indiqué le Chef de file de l’opposition Seïni Oumarou, jeudi 31 janvier dernier. La rencontre d’échange direct avec le président de la République a eu lieu au Palais de la présidence en présence du Chef de file de l’opposition, du Président de l’Assemblée nationale ainsi que des patrons des groupes parlementaires. Une solution définitive va être donnée à ce dossier, s’est engagé le Président de la République, au cours de ces discussions. Une solution par la sortie de Abdou Labo du Gouvernement à la faveur d’un remaniement partiel ou d’un remaniement général ?
Un retournement de veste de Abdou Labo ? Tous les regards sont pour l’instant tournés sur la réponse que le Chef de l’Etat pourra donner à cette situation inconfortable qui pèse de plus en plus sur le gouvernement. Accessoirement, une autre réponse pourrait venir du côté de la Cour de Cassation même si l’arrêt qui en sera issu aura peu de chance de régler un problème politique devenu une véritable pomme de discorde entre le gouvernement, la CDS et son premier vice-président. Surtout que l’ARN toute entière menace de rentrer dans la danse et pourrait proclamer la désobéissance au Ministre de l’intérieur Abdou Labo.
