Depuis le 30 janvier dernier, notre pays a renoué avec la ferveur et même l'effervescence politique, à la faveur de l'ouverture de la campagne pour les élections présidentielles 1er tour couplées aux législatives du 21 février prochain. Moment de ferveur, certes, pour afficher et défendre ses convictions politiques et son leader, mais aussi moment de dérives, tant les comportements des militants et même souvent des leaders outrepassent les limites tracées par la loi et même de la décence. Injures, diffamations et attaques en règle font parti des propos de campagnes que tiennent certains acteurs.
La campagne électorale n'est pas synonyme d'incivisme, d'incivilité ou de folie. En effet, depuis plus d'une semaine, nous avons assisté à des scènes où les militants de certains partis politiques arrachent les affiches des autres, sans compter les propos indécents qu'ils échangent entre eux. Ici à Niamey, des dérapages et même souvent des accès de violences sont de justesse évités. Dans la promotion de leurs partis et de leurs leaders, certains militants apposent leurs affiches sur des enseignes privées comme celles appartenant aux sociétés de téléphonie mobile, qui paient pourtant ces espaces pour leur propre promotion.
Mais, il y a encore d'autres actes plus inconscients et inacceptables. C'est notamment le fait pour les partis politiques de permettre à leurs affidés d'apposer leurs affiches sur des panneaux de signalisation routière cachant ainsi les consignes de sécurité. Or, nous savons tous que ces panneaux ont une fonction de régulation de la circulation surtout dans une ville réputée pour ces innombrables accidents de la route souvent meurtriers. En outre, des témoignages font aussi état des comportements intolérants à l'occasion des cortèges de campagne dans la ville, des actes qui conduisent aussi souvent à des accidents.
Pourtant tous les textes de la République qui encadrent l'activité politique, sont clairs sur un certain nombre de principes. D'abord, le respect des lois et des institutions, ensuite le respect de l'adversaire, des biens publics et ceux d'autrui, le refus du recours à la violence, à l'injure, à la diffamation ainsi qu'à des arguments fondés sur la religion, la race, le sexe, l'ethnie, où la région. Qu'il s'agisse, de la constitution, de la charte des partis politiques, du code électoral, de la loi 2014-01 du 28 mars 2014 portant régime général des élections présidentielles, locales et référendaires, un comportement civique est exigé de la part à la fois des militants et des leaders. L'éducation civique et politique est une tâche obligatoire qui incombe aux partis politiques.
Ainsi, autant les militants ordinaires se doivent d'adopter des attitudes responsables, autant les leaders doivent être mesurés et prudents dans leurs propos, dans leur harangue. Mais souvent, à l'ivresse des foules, certains acteurs n'hésitent pas à ''débiter'' des paroles inappropriées foulant aux pieds les principes de décence, toute chose interdite par la loi. A l'évidence, ces comportements inciviques observés lors de la campagne témoignent en réalité de l'absence d'éducation civique et politique des militants. Ils mettent aussi à nu, l'état d'esprit des leaders politiques qui préfèrent avoir, à la place de militants politiquement formés et civiquement responsables, du ''bétail'' (électoral) qu'ils peuvent diriger à leur guise dans toutes les directions, y compris les plus périlleuses pour les citoyens et pour le pays.
Dès lors on est en droit de s'interroger sur ce qu'on peut attendre des leaders et des formations politiques incapables d'éduquer politiquement et d'encadrer leurs militants qui ne sont pourtant qu'une infime partie de la population nationale. Heureusement, il est encore temps pour les partis politiques de rappeler leurs militants notamment ceux des plus extrémistes, du reste présents dans chaque camp, à l'ordre, au respect de la loi et des institutions. C'est à cette condition seulement qu'on peut avoir une campagne électorale responsable, prémisse d'élections libres, apaisées, transparentes et crédibles.
C'est en tout cas le souhait de la majorité absolue de la population nigérienne vers qui est tournée la campagne et qui détient la clé du succès de tous les candidats : le Suffrage.