De passage au Bénin dans le cadre de ses consultations pour le compte de sa candidature à l’élection présidentielle au Niger, Mahamane Ousmane, ancien président nigérien a accordé une interview à votre journal. Revenant sur les raisons de sa candidature à l’élection présidentielle de son pays, l’homme s’est dit choqué par les récents classements de son pays (dernier de la planète suivant l’indice de développement humain) lors des deux dernières années. Il a aussi invité les uns et les autres à contribuer chacun au niveau où il se trouve pour le développement du Niger.
L’événement précis : Monsieur le Président, que cache le séjour au Bénin du candidat Mahamane Ousmane ?
Mahamane Ousmane : Je suis l’un des 15 candidats à l’élection présidentielle qui aura lieu le 21 février 2016 prochain au Niger. Et naturellement, dans un moment comme cela, avant l’ouverture des campagnes, il est tout à fait normal de se référer à des personnalités dont le président Nicéphore Soglo pour, premièrement les informer et deuxièmement prendre leurs avis et leurs conseils compte tenu de leur grande expérience et de leur connaissance non seulement de la situation dans nos différents pays, dans la sous-région et au plan international »
Monsieur le président, au Niger vous n’avez que 15 candidats. Alors dites-nous quel commentaire vous faites du nombre de candidats à l’élection présidentielle au Bénin.
Vous savez, en ce qui nous concerne, nous avons toujours considéré le Bénin comme étant un pays pionnier dans beaucoup de domaines. D’ailleurs, un peu du temps des indépendances, je crois que certains appelaient ce pays, le « quartier latin de l’Afrique ». Si je fais un saut dans l’histoire, c’est le pays qui a eu à inaugurer la série des conférences nationales souveraines qui ont permis à nos différents Etats de connaitre une évolution, disons vers le processus de pluralisme démocratique et une ère où l’Etat de droit, le respect des droits de l’homme, la liberté fondamentale surtout les libertés d’opinion, d’expression sont davantage développées. Et les consciences ont été également éveillées. Je crois que depuis cette période, on peut constater que le Bénin a connu une évolution sans aucune rupture brutale, ni violente. Il y a eu des élections qui se sont dans l’ensemble bien déroulées. Les institutions ont été installées, elles ont bien fonctionné d’une manière régulière et les échéances ont été respectées, et depuis la transition que le président Soglo a gérée, nous avons constaté que les différentes équipes qui se sont succédé ont chacune essayé de contribuer un peu plus à ce socle qui avait été mis en place à l’époque. Alors votre question, c’est que la pluralité des candidatures semble un peu inhabituelle par rapport à la taille de la population du pays. Bon je pense que nos pays ont opté pour le pluralisme intégral. Alors, même pour cette fois ci, nous espérons que comme par le passé ici au Bénin à l’issue de ce processus- là, peut-être que des mécanismes vont pouvoir sortir pour un peu tirer les leçons susceptibles de l’être face à un nombre important de candidatures à des élections présidentielles. Je suis certain que tout comme par le passé, ici les réflexions sont toujours intenses, vives et aboutissent toujours à dégager l’essentiel qui est souvent utile non seulement aux populations de ce pays mais aussi à celles de la sous-région et même à l’Afrique toute entière.
Que peut-on retenir de vos échanges avec le président Nicéphore Soglo, et quelle est son appréciation sur votre candidature ?
Voyez-vous, la première fois que je me suis porté candidat, à l’élection présidentielle dans mon pays, j’avais eu effectivement à approcher le président Soglo qui a eu à me prodiguer des conseils qui m’ont été extrêmement utiles et qui du reste, ont énormément contribué à me faire gagner. C’était la première fois que je compétissais à une élection à ce niveau- là. Et cela a donné ces résultats que vous savez. Et je pense que cette fois ci aussi, je pourrais bénéficier de la même grâce divine suite à ses conseils.
Pourquoi êtes-vous encore candidat alors que cela fait plus de 15ans que vous aviez laissé le pouvoir. Est-ce parce que vous avez un sentiment d’œuvre inachevée ?
Ah ! Certainement. Goût d’inachevé oui. Tout simplement parce que vous savez, le Niger est un pays en développement. C’est un pays enclavé, désertique. Et à mon sens, toute œuvre humaine est perfectible. Les résultats que l’on peut constater en terme d’évolution de notre pays sur les plans démocratique, institutionnel, économique, social, et autres, sont des résultats qui nous autorisent à penser que l’on peut mieux faire. Je ne veux pas faire un long discours mais c’est juste pour illustrer. Et bien, les résultats que notre pays a eu à fournir, ces 5 dernières années comparés à la situation des autres pays du monde, le mandat des institutions actuelles finissant, se concluent par une position de dernier pays de la planète en termes d’indice de développement humain, durant deux années consécutives. Ceci doit interpeler chaque citoyen de ce pays pour se dire qu’un pays comme le Niger qui dispose de nombre de ressources de qualité tant les ressources humaines que les ressources matériels, ressources du sous sol et toutes sortes de ressources, qu’il se trouve de manière consécutive dans cette position- là, n’est pas une bonne chose. Chacun doit alors essayer à son niveau de voir quelle contribution il peut apporter pour que ce pays-là puisse quitter ce rang de dernier pays de la planète en termes d’indice de développement humain. Voilà une des raisons qui ont conduit aussi bien ma modeste personne que très certainement d’autres compatriotes à se dire qu’il y a forcément quelque chose à faire. Et nous avons un devoir. C’est celui de ne pas rester indifférent et de tenter d’apporter des propositions de solution aux problèmes auxquels notre pays le Niger est confronté.
En quelque sorte, vous revenez pour proposer la rupture au Niger…
Je viens pour proposer en clair de nouvelles espérances et également des solutions pouvant conduire le Niger à une bonne situation. Pas dernier de la planète, mais à une situation de prospérité. Parce que nous en avons les ressources. Nous sommes en mesure à mon humble avis de créer les conditions pour que, ce pays puisse émerger et mieux se classer dans le peloton des nations. Ce n’est pas croyable ni acceptable qu’un pays, qui en apparence, n’est pas un pays en guerre, qui n’est pas un pays confronté à une catastrophe naturelle puisse se trouver de manière consécutive.
Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?
Ce que je dirai, c’est tout simplement une petite note d’interpellation et d’espoir qu’au niveau de notre continent, de la sous région, et de nos pays respectifs, y ait un sursaut qui doit conduire les uns et les autres à se dire qu’il y a encore des possibilités de mieux faire quelque soit ce qui a pu être accompli jusqu’ici. Nous sommes en mesure de mieux faire. J’appelle les uns et les autres à contribuer chacun au niveau où il se trouve pour que nos pays puissent connaitre une situation de démocratie renforcée, de paix sociale et de quiétude dans l’intérêt des populations.