West Africa Network (WANEP), Une organisation de la société civile Nigérienne évoluant dans le domaine de la consolidation de la paix, a dénoncé mercredi, les « dérives » constatées dans le traitement de l’information en cette période électorale dans la plupart des médias Nigériens. L’organisation a saisi l’occasion pour appeler les partons de presse et les organisations professionnelles de médias, à cultiver le sens de la « responsabilité sociale », afin d’éviter une crise post-électorale.
Comme dans tous les pays de la planète, les médias sont largement sollicités pendant les périodes électorales par les acteurs politiques pour faire passer leurs messages. Les journalistes et autres communicateurs voient leur métier magnifié et certains tombent dans le piège des politiques au détriment de leur rôle de sensibilisation, d’éducation et de distraction des populations. La presse Nigérienne dans son ensemble n’a pas échappé à cette théorie.
C’est le constat fait depuis le 30 janvier dernier, date de l’ouverture de la campagne par West Africa Network (WANEP), qui a livré mercredi ses résultats, lors d’une rencontre avec des partons de presse à Niamey. « La plupart des médias Nigériens sont affiliés à des hommes politiques. Les dérapages sont constatés chaque jour dans les journaux et les émissions. Cela contribue à exacerber la tension », a dénoncé le professeur et ancien journaliste Moustapha Kadi, auteur d’une communication lors de la rencontre. Selon le communicateur, ces manquements constatés dans la presse Nigérienne sont liés à la méconnaissance des lois et règlements en matière d’élection.
Il prend pour preuve, la « déformation » des faits qui sont censés être sacrés et la « manipulation » des médias d’Etat par les autorités. Or, a-t-il ajouté le Niger n’aura un journalisme de qualité que si les femmes et les hommes de médias cultivent un esprit d’humilité et de sagesse. M. Kadi a invité les journalistes Nigériens à faire preuve de professionnalisme dans le traitement de l’information étant donné que la situation politique est déjà marquée par des tractations autour des questions qui divisent les Nigériens, notamment « le vote par témoignage ». «Ne pas peindre tout en noir ». On note dans un rapport de dix pages de l’organisation, que des cas de violence et de manipulation par certains acteurs politiques, sous le silence, ou avec la complicité de certains médias ont été un facteur dominant dans la campagne électorale dans toutes les régions du pays.
Nonobstant, ces écarts, le professeur Kadi a noté que certains journalistes demeurent professionnels dans son pays. « Il y a des journalistes honnêtes qui exercent librement et avec conscience professionnelle leur métier. Mais lorsque la majorité vous tire, vous n’avez aucun choix que de la suivre », a-t-il dit. Tout en saluant l’initiative, les partons de presse présents ont reconnu la présence des brebis galeuses dans la corporation, avant de souligner le manque de formation continue et la situation précaires des ouvriers de la plume. « Tout ne doit pas être peint en noir. Beaucoup de nos confrères savent ce qu’ils font. Nous sommes dans un contexte de pauvreté, malgré cela des journalistes font bien leur travail », a justifié Adoulaye Moulaye, directeur de publication de « Le soleil » et membre du Réseau Africa Press (RESAP).
Intervenant dans le sens que M. Moulaye le directeur de publication de « L’entretien » Ibrahim Harouna, par ailleurs vice-président de la Maison de la presse du Niger, a évoqué les difficultés d’accès aux sources d’information, et le manque d’accompagnement de l’Etat, notamment aux médias privés. C’est ce qui justifie selon lui, la non application de la Convention collective. « La situation est inquiétante, mais les gens exagèrent souvent », a-t-il conclu.