Pagnes, écharpes, T-Shirts, affiches, rubans, bracelets, tous roses: des milliers de partisans du président nigérien Mahamadou Issoufou, qui brigue un second mandat lors de la présidentielle du 21 février, ont rempli le stade de Niamey jeudi, arborant la couleur de leur favori.
"Si vous aimez Issoufou, tapez des mains!" crie un orateur vêtu d'un costard rose du plus bel effet.
Pour ce dernier meeting de campagne, de nombreuses affiches ont été accrochées dans le stade. Sur la plus grande on lit "Un coup KO! Zaki". Les supporteurs du président, surnommé Zaki, le lion en haoussa (l'ethnie majoritaire au Niger), espèrent une victoire dès le premier tour.
Le président Issoufou fait face à quatorze autres candidats. L'opposition estime "impossible" une victoire dès le premier tour.
"On est venu pour montrer que les gens soutiennent Issoufou. On veut gagner dès le premier tour. On peut le faire", confie Hassana Ide, restauratrice, mère de deux enfants, vêtue d'un pagne rose sur laquelle on voit des vignettes d'Issoufou, une rose et un lion.
"Il a beaucoup travaillé. Il a fait tout ce qu'il a dit qu'il allait faire en 2011. Le Niger a changé grâce à lui", dit-elle.
Issoufou, vêtu d'un grand boubou blanc et d'un chessia (bonnet) rouge, arrive. Entouré d'un impressionnant dispositif de sécurité, le président s'offre un tour d'honneur, acclamé par ses supporteurs.
- Pas des poules -
Le ministre de la Défense Karidio Mahamadou, originaire de Niamey et parlant donc le Djerma (contrairement à M. Issoufou d'ethnie haoussa) prend la parole et chauffe le public avec des métaphores qui arrachent des rires : "Le gens de Niamey ne sont pas des poules qui picorent tête baissée sans regarder ce qui se passe autour d'eux ! Ils voient qu'Issoufou travaille".
Sur la piste, un cavalier vêtu de rose sur un cheval recouvert de tissu rose soulève l'enthousiasme de la foule. "Il chevauche Hama Amadou", rigole un spectateur, rappelant que le cheval ailé est le symbole du parti de Hama Amadou, un opposant et l'un des favoris de la présidentielle, dont Niamey est le fief électoral.
C’est enfin au tour d'Issoufou de parler.
"Nous allons vaincre dès le premier tour. J'ai tenu toutes mes promesses", assure-t-il, soulignant notamment avoir fait gagner 35 places au pays dans l'indice de perception de la corruption (89e en 2015 contre 134 en 2010). Les accusations de corruption du régime sont justement le principal cheval de bataille de l'opposition.
Il poursuit expliquant que le Niger est "un îlot de paix alors que beaucoup de pays voisins font face au terrorisme".
Le Niger a cependant subi des attaques meurtrières du groupe islamiste nigérian Boko Haram.
Issoufou lance ensuite qu'il a construit des routes, des échangeurs, des ponts, le chemin de fer attendu "depuis 60 ans", "créé des milliers d'emplois", et il promet "qu'aucun Nigérien ne meurt de faim" grâce à son programme "3N" (Les Nigériens nourrissent les Nigériens).
Deux millions de personnes ont "besoin d'une assistance alimentaire en 2016 au Niger", a toutefois indiqué jeudi le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU.
Sous les vivats, le président brandit le livret de son programme promettant qu'il est "le meilleur" et que ceux des autres candidats sont de "pâles copies".