Dans le cadre de la Commémoration du 20ème anniversaire de la disparation de l'Écrivain, Mamani Abdoulaye, l'Université Abdou Moumouni de Niamey (UAM) en collaboration avec la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (FLSH) a organisé mardi dernier, une conférence débat dans la salle chinoise de la FLSH sur le thème « Mamani d'Abdoulaye, le Sisyphe de Goudoumaria ». La conférence a été animée par deux conférenciers à savoir : Siddo Adamou doctorant en sémiotique ( Sciences du langage ) et Sitta Amadou , doctorant en Etudes Théâtrales sous la coordination de Mounkaila Sanda Enseignant Chercheur à la FLSH , chef adjoint du département de Lettres Modernes en présence des Enseignants Chercheurs de l'UAM et de nombreux étudiants.
Dans sont mot introductif, le coordonateur de la conférence Mounkaila Sanda, Enseignant Chercheur en FLSH, chef adjoint du département de Lettres Modernes a indiqué que Mamani Abdoulaye fait parti des hommes qui ont marqué leur pays de leur empreinte et cela à l'instar de son adversaire politique Boubou Hama qui fait partie de cette catégorie d'hommes, cette génération d'intellectuels. Poète, romancier, dramaturge, journaliste mais aussi et surtout homme politique engagé, le Sisyphe de Goudoumaria est l'un des écrivains les plus connus de la littérature nigérienne, voire de l'histoire politique et culturelle du Niger. Le premier conférencier à savoir Siddo Adamou doctorant en sémiotique (Sciences du langage) a dans son exposé affirmé qu'a peine avait-il eu ses vingt-cinq ans que Mamani Abdoulaye s'engagea dans la politique aux côtés de ses aînés Diori Hamani, Boubou Hama et Djibo Bakary au sein du Parti Progressiste Nigérien, section locale du Rassemblement Démocratique Africain. Mamani Abdoulaye se promettait indique t-il de vivre après le combat enfin sans se rendre compte qu'il vivra toujours et pour l'éternité dans ce même combat pour le moins inachevé comme toute vraie lutte de libération. D'abord syndicaliste au sein de l'Union Générale des Travailleurs d'Afrique Noire (UGTAN) dont il fut le Secrétaire général au titre de la section de Zinder en 1950, l'ancien élève de l'Ecole Normale de Cévaré (Mopti) gravit les échelons en devenant député puis en 1957, le représentant du Niger, conformément aux vœux de son Assemblée Territoriale, au Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française à Dakar. Mais annonce t-il l'année de vérité n'était pas loin. En 1958 en effet, son parti l'UDN Sawaba appela à voter non au référendum pour l'entrée dans la Communauté française. Cependant, les lendemains qui déchantent l'exil est toujours une épreuve douloureuse même si comme Mamani Abdoulaye, l'on dispose d'un vaste réseau d'amis dans ce contexte de guerre froide. Ce n'est pas pour rien que la plupart des pays dans lesquels il a séjourné étaient progressistes. En rentrant donc au pays natal, l'auteur des Poémérides entrevoyait pour le Niger des horizons nouveaux. Mais il se retrouve soudain en prison à cause d'une sombre tentative de coup d'Etat. Sans se laisser abattre argument-il par la nouvelle tournure prise par les événements, Mamani Abdoulaye se mis à écrire Sarraounia. De 1972 à 1980 on remarque la même constante chez Mamani Abdoulaye. En 1972 en effet, l'écrivain nigérien a publié quasi simultanément deux œuvres : Poémérides (un recueil de poèmes) et Le balai (une pièce de théâtre).Dans cette œuvre dramatique où il met en scène l'histoire d'un immigré africain nanti d'un baccalauréat, venu travailler à Paris, faute de bourse d'études dont seuls les enfants des caciques du régime de son pays d'origine peuvent bénéficier, primée en 1973.
Quant au second conférencier, il a axé sa réflexion sur le temps de la gloire de Mamani avec notamment la publication de son roman Saraounia en 500 exemplaires par l'Harmattan. Il a ajouté que, le Président Seyni Kountché décida la même époque alors de baptiser le lycée de Dosso Lycée Sarraounia Mangou,'' non pas pour reconnaître le talent de Mamani'' mais pour lui couper l'herbe sous les pieds avant la distribution du roman Sarraounia. Initialement prévu au Niger, l'adaptation du roman Saraounia en film en langues Zarma et Haoussa s'étonne-t-il, le tournage du film a dû être effectué au Burkina Faso en langue bambara et en mooré comme l'a souligné Jean-Dominique Penel dans un article intitulé Abdoulaye Mamani, un autre étrange destin. Il faut noter au passage que le scénario du film a été coécrit par Mamani Abdoulaye, auteur du roman, et Med Hondo, réalisateur, coscénariste et producteur du film Sarraounia et que l'actrice ayant incarné le personnage de Sarraounia n'avait jamais joué auparavant dans un film. Sur le plan de la recherche académique, Sarraounia a fait l'objet de plusieurs études qu'ils soient nationales et même internationales .Quoiqu'il en soit, selon le conférencier vingt ans après que la route l'a ravi à l'affection des siens alors qu'il venait à Niamey pour recevoir le prix qu'on lui avait refusé quelques années auparavant, sa mémoire reste vivace. Notons pour finir qu'en 2005 a paru un roman illustré (par Isabelle Colin) de 24 pages intitulé Sarraounia : la reine magicienne du Niger de Halima Hamdane aux éditions Cauris.