Zinder - ‘’Dans la région de Zinder (centre-est du pays), la faune est dangereusement menacée par le braconnage’’ affirme le Directeur régional de l’Environnement, le Colonel Almandi Mamane Badamassi. Dans un entretien accordé à l’Agence Nigérienne de Presse (ANP). Il soutient que les feux de brousse sont aussi une véritable menace pour l’environnement dans la Région. Ils ont déjà occasionné en début de cette année, la mort de cinq (5) personnes dont deux adolescents. Dans cet entretien, Badamassi parle également du reboisement, de l’empoissonnement des mares ainsi que de la politique mise en œuvre pour protéger les écosystèmes de la Région.
Question : Peut-on connaître. le Directeur , la situation environnementale de la région de Zinder ?
Réponse :Située dans la partie sud Est du Niger, la région de Zinder couvre une superficie de 155 778 km2 soit 12,3% du territoire nigérien dont environs 16.200 km2 de zone désertique, 70.000 km2 de pastorale et 58.800 km2 d’agro-pastorale (DDP ZR/DANIDA, 1996). Selon le RGP/H 2012, la Région de Zinder est la plus peuplée avec 3 539 764 Hts. La même source indique qu’elle a un indice synthétique de fécondité de 8,5 enfants par femme, soit le plus élevé au Niger et même au Monde.
La Région a également le taux de croissance démographique le plus élevé soit 4,7% (3,9% national) avec des pics de 5,6% pour les départements de Magaria et Dungass.
La région compte 34 forêts classées couvrant une superficie totale 42565,57 ha et une réserve naturelle de faune de 9.700.000 ha (à cheval entre Agadez, Diffa et Zinder).
Les ressources forestières de la région de Zinder peuvent être reparties en 3 grands groupes à savoir :
1- Les parcs agro-forestiers localisés dans la bande sud et constituant l’essentiel des ressources forestières des départements de Kantché, Magaria, Mirriah et Dungass ;
2- les ressources forestières du système des cuvettes et de la Korama, composé essentiellement de peuplements Hyphaenethebaica (Palmier doum) et Borassus aetyopum(le rônier) localisés dans les départements de Gouré, Dungass, Kantché, Magaria Mirriah
3- Les peuplements naturels à Acacia et à combrétacées, regroupant le domaine classé, le domaine protégé et les périmètres restaurés ;
- Les peuplements artificiels composés de plusieurs types de plantations urbaines, périurbaines (bois de village réalisés par le Projet 3M, Engagement de Maradi et les périmètres de restauration réalisés par l’Etat) ;
Question : quelles sont les réalisations accomplies dans le programme de reboisement comptant pour l’année 2015 ?
Réponse : En 2015, 1 289 004 plants d’ un cout de 128 900 400 F ont été plantés sur une superficie de 3 400,2 ha des sites de récupération des terres dégradées, de fixation de dune et de plantation d’alignement ; dont 420 ha pour l’Etat et 2 980,2 ha Pour les Projets et les ONG.
- Le montant total injecté pour la récupération des terres et la fixation s’élève à 680 040 000 FCFA.
- Pour l’année 2015 on peut noter aussi le démarrage du Programme « un village, un bois » initié par le Président de la République dont la région de Zinder a bénéficié de 40 ha pour un coût de 20 000 000 FCFA.
- En 2016 le reboisement va se poursuivre et s’intensifier.
Question :la coupe du bois vert, constitue-t-elle, à votre avis une préoccupation des Services de l’Environnement ?
On distingue deux (2) catégories de coupe :
- La coupe pour la satisfaction des besoins énergétiques, des besoins en d’œuvre et de service. Plus de 90% des besoins énergétiques en milieu rural proviennent du bois énergie. Les perspectives sont la promotion des produits de substitution tels que le gaz, l énergie solaire, le charbon minéral, le pétrole etc…..
- La coupe pour le complément fourrager (pâturage aérien). Cette pratique compromet dangereusement la possibilité de régénération naturelle.
A ces deux (2) coupes s’ajoute la mutilation (prélèvement des racines, feuilles et écorces) de certaines espèces de valeur pour la pharmacopée.
Question : Comment se présente la situation de la Faune de la région ?
Réponse : La diversité des écosystèmes de la région de Zinder fait de cette dernière un milieu riche en diversité faunique et avifaunique (oiseaux).
La faune mammalienne confinée dans la partie nord se compose en grande partie des gazelles et des grands oiseaux comme les outardes alors que la zone agricole ou se localisent les plans d’eau se particularisent par la présence des oiseaux d’eau comme les canards et autres limicoles.
Les saisies des animaux sauvages par les agents des forestiers observés ces dernières années démontrent bien la disponibilité de ces ressources.
Une grande partie de la plus grande réserve africaine, celle de Termit couvre en partie la région de Zinder.
Crée en 2012, la réserve naturelle nationale du Termit-Tintoumma (RNNTT) couvre une superficie de 9.700.000 ha et referme une gamme variée des espèces comme la Gazelle dama , la Gazelle dorcas, le Mouflon à manchette, l’Addax ( dont seul le Niger en dispose à l’état naturel), le Fennec, le Chacal, les Renards ,le guépard du Sahara, l’hyène rayée, le chat des sables, le chat sauvage africain, le caracal, la genette commune, la ratel, le porc-épic. Etc.
Les oiseaux les plus observés sont l’Outarde de Nubie, l’Outarde arabe, l’Oricou, le Surli du désert, les Rapaces, la Tourterelle du cap, la Cigogne blanche, le Busard cendré, l’Aigle ravisseur, le Faucon lanier, les Pintades, etc.
Il convient de souligner que cette faune est dangereusement par le braconnage.
Question : les feux de brousse, sont –ils, une grande menace pour l’environnement dans la région de Zinder ?
Réponse : Au cours de la campagne 2015, 71 cas de feu de brousse ont été déclarés sur l’ensemble de la région pour une superficie brûlée de 56 363,73 hectares contre 77 433, 39 hectares en 2014 soit une baisse de 27,21%. Cette année encore les feux de brousse ont occasionné la perte en vie humaine on déplore la mort de cinq personnes dont deux (2) adolescents (un garçon et une fille) et trois (3) femmes dans la commune rurale de Tarka Département de Belbéji.
Les mesures qui ont été prises pour atténuer cette menace :
- Le démarrage dès le début du mois de septembre 2015 des travaux d’ouverture de bandes pare-feu sur financement propre de l’Etat avec la réalisation de 2000 km pour un coût total de 1O8 350 000 F
- L’accompagnement de l’Etat pour cette opération par les projets (PASAM3, PACRC et ONG (CCA) qui ont financé la réalisation de 1860 km pour un coût global de 93 000 000 FCFA. Ainsi donc 3 860 km ont été réalisé pour lutter contre les dégâts de feu de brousse pour un montant total de 201 350 000 FCFA.
- Question : Quelles sont les potentialités piscicoles de la région de Zinder ?S
Réponse : Le secteur de la pêche se développe assez bien malgré l ‘insuffisance du financement liée à cette activité. la région de Zinder dispose d’un énorme potentiel en plans d’eau. En effet, on dénombre plus d’un millier de mares tous régimes confondus (permanentes, sémi-permanentes et temporaires) dont 181 mares à vocation piscicole, parmi lesquelles les plus importantes sont : Wiwi, Lassouri, Bougoum, Babul, Wara wara, Chia, Guidimouni etc...), et 14 retenues (Kassama, Toumbala) réparties sur l’ensemble de la région. La plupart sont utilisées à des fins agro-Sylvio-pastorales et halieutiques.
Les espèces de poissons
Les principales espèces de poissons rencontrées sont : Lates niloticus , Clarias gariepinus, Bagrus bayad, Tilapia sp , Auchenauglanisoccidentalis, Heterotisniloticus, Protopterusannectens
Situation des exploitants
Pêcheurs, mareyeurs(es)
IL a été recensé 1258 pécheurs et 472 Mareyeurs identifiés (Enquête cadre pêche 2012) et regroupés au niveau de quelques associations sous régionales et une association régionale de pêcheurs
Empoissonnement des mares
En 2015 42 732alevins ont été introduits au niveau de dix sept mares(17) mares dont deux (2) financées par l`État en vue d’accroitrele potentiel halieutique de la région.
Construction de deux (2) débarcadères à Wiwi et à kassama pour un coût total d environ 194 millions financé par le Projet de Développement du Bassin de Lac Tchad (PRODEBALT) ;
L’appui (fourniture d’alevins et aliments) de l’Etat à quatre (4) pisciculteurs privés pour un montant de 4 000 000 FCFA.
Production Halieutique 2011-2015
1 187 000 kg x 1500F = 1 780 500 000 FCFA
Avantages tirés de la pêche
Au niveau des mares et retenues artificielles, le revenu d`un pêcheur par saison de pêche de 5 a 7 mois varie de 150 000 FCFA a 800 000 FCFA.
Dans le domaine de la commercialisation de poisson, le revenu mensuel d`une femme commerçante (femmes revendeuse) est de 128 000 FCFA.
Ce revenu est affecté aux dépenses alimentaires, de logements, d`habillement, d` éducation des enfants, de santé, de manifestations et loisirs, d`épargne.
Cette activité contribue à :
· La lutte contre la pauvreté
· La création d`emploi
· La lutte contre l`insécurité alimentaire
· L`amélioration de la santé nutritionnelle de la mère et de l`enfant par la consommation de poisson (protéine, oligos éléments, vitamine).
Question : Quels sont les projets et les perspectives pour l’année 2016 ?
- Réponse : il s’agira de poursuivre les activités de restauration de l’environnement (récupération des terres dégradées, fixation des dunes, lutte contre les plantes aquatiques, lutte contre les mauvaises plantes envahissantes terrestres etc.) par l’Etat, les Projets et ONG ;
- * Démarrage du Projet d’Appui à la Résilience Climatique pour un Développement Agricole Durable PARC/DAD ;
- Démarrage d’un nouveau Projet pour le PCBR/Termit ;
- Poursuite des réalisations par les projets tels que : PPI/Ruwanmu ; PADSR, PRODEBALT etc…
(Entretien conduit par Siddo Yacouba, Correspondant régional de l’ANP)