L’opposition politique réunie au sein de la Coalition pour l’alternance (COPA 2016) souffle-t-elle le chaud et le froid afin d’accentuer la pression sur le régime en prélude au second tour de l’élection présidentielle du 20 mars prochain ?
C’est ce que laissent transparaître les explications données à RFI, hier tard dans la nuit, par Mahaman Sani Mallam Maman, le secrétaire général du MODEN Lumana et porte-parole du candidat de l’opposition Hama Amadou.
Selon lui, cette décision de l’opposition impliquerait plutôt une « suspension de la COPA de l’organisation des élections» et par conséquent « les conditions d’impartialité, d’équité et de transparence du scrutin ne seront pas garantit ». Une manière donc pour la COPA de faire chanter le régime en mettant dans la balance, la menace de boycott surtout que s’agissant du maintien ou non de la candidature de Hama Amadou pour le second tour, son porte-parole est allé aux antipodes de la position de l’opposition.
« On maintient la candidature de Hama Amadou jusqu’à ce qu’on voit l’évolution des choses et il se pourrait que notre position change mais pour le moment, notre position est celle de la COPA» a déclaré l’ancien ministre.
Des propos assez ambiguës puisque quelques heures plutôt et dans une déclaration publique, l’opposition a explicitement fait part de sa décision « de se retirer du processus électoral en cours » tout en demandant à « ses représentants de se retirer de la CENI et de tous ses démembrements » ainsi qu’aux « députés nationaux, militants des partis membres de la COPA de cesser toutes activités au sein de l’Assemblée Nationale ».
Alors «retrait du processus » comme le dit la déclaration de l’opposition ou « suspension » comme le met en avant le porte-parole du candidat Hama Amadou qui insiste pourtant sur l’alignement du parti dont le candidat est arrivé au second tour, sur la position de la COPA ?
Le doute est désormais permis en attendant la clarification de l’opposition politique et du Lumana sur la portée de la déclaration de ce 8 mars alors que l’opinion se perd déjà en conjoncture sur l’identité du prochain adversaire du président Issoufou Mahamadou le 20 mars prochain.
Pour les partisans du régime, cette sortie médiatique du secrétaire général de Lumana n’ est que le prémisse d’une fissure au sein de la COPA et le parti de Hama Amadou est en train de prendre ses distances avec l’opposition.
« Faux et archi-faux !» rétorque d’autres militants proches du candidat-prisonnier qui ont tenu à réagir quelques instants après la déclaration de Sani Malam et qui ont réaffirmé que « Hama Amadou est solidaire de la décision de la COPA».
Un désaveu pour le porte-parole qu’il est difficile, pour l’instant, de confirmer tout comme ses propos d’ailleurs. Le principal concerné est actuellement détenu à la prison civile de Filingué.
Dans un cas comme dans l’autre, il ne restera plus que quelques jours pour l’opposition de faire connaitre sa décision car d’après les dispositions de la Constitution et du Code électoral, «aucun désistement ne peut être pris en compte soixante-douze (72) heures après la proclamation des résultats définitifs du premier tour par la Cour constitutionnelle ».