La crise sociopolitique au Niger, envenimée surtout par la vive tension qui couvait depuis le début du processus électoral entre majorité et opposition, vient de connaître son paroxysme avec le retrait subit de l’opposition au second tour de la compétition.
En effet, à moins de dix jours du second tour de la présidentielle qui opposera le 20 mars prochain le président sortant Mahamadou Issoufou à son principal adversaire politique, Hama Amadou (incarcéré), l’opposition nigérienne regroupé au sein de la Coalition pour la convergence au Niger en 2016 (COPA 2016) qui soutient la candidature de ce dernier, a décidé de suspendre sa participation pour d’"innombrables manquements".
La COPA 2016 dénonce entre autres dysfonctionnements les multiples entorses à la loi depuis le début du premier tour, la fraude massive lors du premier tour, la non publication des résultats du scrutin par la Cour constitutionnelle avant l’ouverture de la campagne du second tour, le non respect des délais de recours, entraînant une rupture d’égalité entre les deux candidats au second tour.
Le président candidat est entré en campagne depuis mardi matin "avec les moyens de l’Etat, après qu’il ait pris un décret à 1h du matin, portant convocation du corps électoral qui s’appuie sur un arrêt de la Cour constitutionnelle non publié", accuse l’opposition, pendant que son adversaire est toujours en prison pour trafic présumé de bébés.
Pour l’opposition, toutes ces violations des normes électorales par le président Issoufou sont faites avec la complicité de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et surtout de la Cour constitutionnelle "qui n’est ni impartiale ni indépendante".
La COPA 2016 a décidé de suspendre sa participation au processus électoral, avec comme conséquences immédiates le retrait de ses représentants de la CENI et de tous ses démembrements, et la cessation de toutes activités de ses députés nationaux au sein de l’Assemblée nationale
Toutefois, selon le porte-parole du candidat Hama Amadou, M. Sani Mahamane, "sa candidature est toujours maintenue jusqu’à nouvel ordre".
"Il y a suffisamment de temps pour créer des conditions sereines permettant d’organiser un scrutin libre, transparent et équitable", a-t-il espéré.
Pour le ministre nigérien de la Sécurité, Hassoumi Massaoudou, membre du Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS) de Mahamadou Issoufou, dans une conférence de presse animée mercredi à Niamey, cette décision de l’opposition "est un non évènement".
"C’est parce qu’ils savent tout simplement qu’ils n’ont aucune chance de remporter ces élections", a-t-il fait savoir. "Issoufou ira au second tour avec ou sans l’opposition", a conclu Massaoudou Hassoumi.
Mercredi après-midi, au cours d’une rencontre sur le retrait de l’opposition, la ministre nigérienne en charge des Affaires étrangères et de la Coopération, Mme Kané Aichatou, a informé les représentants du corps diplomatique à Niamey que le processus électoral va se suivre son cours normal, "sans aucune inquiétude, jusqu’à l’élection du futur président du Niger".
Le représentant résidant du PNUD au Niger, M. Fodé N’Diaye a exprimé le souhait de voir le deuxième tour de la présidentielle se dérouler dans un climat apaisé. "Nous lançons un appel pour qu’il y ait des élections libres, transparentes, crédibles pour avoir des autorités légitimes à même de conduire les destinées de ce pays qui est confronté à plusieurs défis".
Il a en outre appelé l’ensemble des parties de faire recours, en cas de nécessité, aux institutions légalement constituées "pour un Niger stable, vivant dans la paix".
De son coté, le représentant de l’Union européenne au Niger a souhaité que ce processus se poursuive avec l’ensemble des acteurs politiques. "C’est important qu’il y ait un consensus de la classe politique sur ces questions d’ordre général", a-t-il conseillé. F