Le verdict du PNUD est tombé, le 14 mars dernier, sur le rapport mondial sur le développement humain-2012. Selon ce rapport, notre pays, le Niger, occupe, avec la RD Congo, la 186ème place sur 186 pays en indice de développement humain. Cette position peu enviable attribuée à notre pays a été, en toute évidence, ressentie comme une douche froide par tout Nigérien imbibé du moindre brin de patriotisme.
Toujours est-il qu’à chaque fois, la publication de ce rapport a toujours soulevé la controverse, notamment en Afrique subsaharienne. Et voilà qui nous relance au cœur du débat sur la portée réelle des indicateurs pris en compte par les auteurs du rapport IDH.
En véritable néophyte du domaine, loin de nous l’idée de nous engager dans une polémique sur la fiabilité de ce rapport. Cependant, force est de constater que chaque publication de ce rapport de classement suscite des interrogations, voire des frustrations. On se rappelle en effet qu’à l’issue du classement 2005, lorsque le Niger avait été classé à la dernière place, c’est le Représentant de l'ONU à Niamey, Michele Falavigna, himself, qui avait relevé que les indicateurs sur la base desquels notre pays avait été noté ne reflétaient en rien la réalité du Niger. A titre illustratif, il avait précisé que le taux de scolarisation de 21 % qu’on avait attribué au Niger pour servir de base au classement, ‘’ne reflète pas la réalité et a donc faussé le classement établi par le PNUD’’. Réagissant à chaud ce classement biaisé, le gouvernement de l’époque nomma un directeur des statistiques afin d'obtenir une vision plus exacte de la situation du pays.
Et dire que le Niger n’était pas le seul pays à se sentir lésé dans ce classement. Ainsi, à l’issue du classement 2009, le cri de désapprobation est venu du Sénégal et du Maroc. Ces deux pays ne sont pas passés par quatre chemins pour exprimer leur doute quant à la fiabilité de ce classement. A Dakar, les autorités de l’époque ont clairement émis leur réserve sur la manière dont cet indice est calculé. Mieux, elles ont suggéré que les éléments, le mode et la composition de cet indice soient carrément revus. Elles estiment en effet que dans son contexte actuel, l’indice ne traduit pas réellement les efforts de développement des pays, les aspects qualitatifs n’étant pas mis en avant. Au Maroc, ce fut le tollé général dans le milieu politique, lorsque le pays a été classé à la 130ème place, alors qu'il occupait la 126ème au classement 2008.
A moins que les gens n’aient pas la même vision sur la notion du ‘’développement humain’’, les novices du domaine ne comprendront jamais comment des pays constamment minés par la guerre, l’instabilité et la détresse humaine, peuvent être classés à une meilleure enseigne que d’autres qui, parce que jouissant d’un véritable havre de paix, ont pu initier et mettre en œuvre des programmes entiers de développement. A vrai dire, si l’idée de ce classement mondial des pays est d’inciter les Etats à fournir des efforts sur le plan du développement humain, les auteurs de ce rapport doivent alors s’entourer de toutes les précautions pour aboutir à un résultat dénué de tout soupçon. Autrement, ils n’auraient réussi qu’à frustrer et décourager les pays qui pensent être sur la bonne voie. Ce qui serait un grand gâchis…