L’opposant Hama Amadou, détenu depuis quatre mois et candidat au second tour de la présidentielle au Niger le 20 mars, a été hospitalisé pour la seconde fois en quelques jours après une aggravation de son état de santé, a affirmé lundi son médecin personnel, Harouna Yacouba.
"Vers 10H00, son état s’est aggravé (...) il s’est évanoui et a été transporté pour les premiers soins à l’hôpital de district" de Filingué, la localité où est située la prison à 180 km au nord de Niamey, a dit le Dr Yacouba sur la télévision locale "Labari".
Il a besoin "d’une évacuation" pour "une prise en charge correcte", a expliqué le médecin, précisant que le centre de soins de Filingué est "dépourvu" des équipements adéquats.
"Je suis inquiet", a lancé le médecin sans préciser ce dont souffre son patient. Une "autorisation d’évacuation" sur Niamey lui a été délivré par le "ministère de l’Intérieur et de la Justice" mais cette évacuation n’a pas pu avoir lieu, a-t-il dénoncé.
M. Amadou, âgé de 66 ans et qui souffre des yeux selon ses partisans, avait déjà été admis vendredi dans un dispensaire de Filingué pour y être soigné. Mais il avait été ramené en cellule après l’annulation d’une première évacuation vers Niamey, par hélicoptère puis par la route, selon des responsables de l’opposition.
Le 2 mars, l’opposition a réclamé la libération de l’opposant afin qu’il puisse mener sa campagne et affronter en "toute régularité" le président sortant Mahamadou Issoufou.
La cour d’appel de Niamey, qui a examiné lundi une demande de liberté provisoire pour M. Amadou, rendra une décision le 28 mars. Il est poursuivi pour une affaire de trafic d’enfants qui empoisonne le climat politique nigérien depuis deux ans. Le dossier est de "droit commun", selon le pouvoir, mais "politique" selon le candidat, ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée, écroué depuis le 14 novembre.
Au premier tour de la présidentielle, le 21 février, M. Amadou qui a battu campagne depuis sa cellule, a obtenu 17,79% des suffrages contre 48,41% au président Issoufou. L’opposition, qui réclame sa libération et a dénoncé des fraudes au premier tour, a appelé à un boycott actif du scrutin tout en maintenant la candidature de M. Amadou.