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Niger/présidentielle: bataille de chiffres sur la participation
Publié le mardi 22 mars 2016   |  AFP


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© AFP par ISSOUF SANOGO
Second tour des élections présidentielles de 2016
Dimanche 20 Mars 2016. Niamey. Les électeurs au Niger viennent voter pour élire leur président


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Le pouvoir et l'opposition au Niger se sont lancés lundi dans une bataille de chiffres autour de la participation au second tour de la présidentielle disputé dimanche et boycotté par l'opposition.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) pourraient proclamer les résultats définitifs de l'élection mardi matin, selon une source au sein de la Céni.

Avec la victoire certaine du président Mahamadou Issoufou, l'ampleur de la participation (66,8% au premier tour) constitue le principal enjeu du scrutin qui opposait le président (48,43% au premier tour) à l'opposant Hama Amadou (17,73%).

Lundi, 112 des 308 communes, soit environ un tiers des 7,5 millions d'inscrits, avaient été comptabilisées.

Selon ces premiers chiffres appelés à évoluer, le taux de participation a atteint 56% et le président Issoufou l'emporterait avec 92% des voix.

Mais l'opposition, réunie au sein de la Coalition pour l'alternance (COPA 2016), a estimé que le taux de participation était de 11,05% sur l'ensemble du territoire.

Pour elle, "le peuple nigérien a rejeté massivement ce simulacre de scrutin".

Selon ses chiffres, comptabilisés sur "la base de la remontée des états-majors des partis" mais aussi sur l'observation satellitaire des bureaux sur internet, le taux de participation était de 8% à Niamey et à Zinder (deuxième ville du pays), de 12% à Maradi (la capitale économique) avec une pointe à 22% à Tahoua (ouest, le fief du président).

"Fondamentalement, le peuple n'a pas voté", a affirmé Ousseïni Salatou, porte-parole de la COPA, critiquant le travail de la Céni et dénonçant des "bourrages" d'urnes et des "falsifications" de procès-verbaux.

- 'Honte nationale' -

"Nous avions un objectif: montrer que le chiffre de 48% (obtenu par Issoufou) au premier tour était faux et qu'il (Issoufou) n'avait pas de légitimité", a-t-il poursuivi.

"Les scores que nous sommes en train d'entendre au niveau de la Céni - 98%, 80%, 77% (pour Issoufou) - cela nous rappelle l'Etat d'exception. C'est une honte nationale (...) Au XXIe siècle, penser que vous pouvez être élu à 98% ou 77%, c'est une honte", a-t-il ajouté.

A partir du 1er avril, date officielle de la fin de son mandat, M. Issoufou ne sera "plus le président Issoufou mais le camarade Issoufou", a-t-il lancé.

La COPA a également demandé à ses militants de "rester vigilants et déterminés afin de transformer cette sanction du régime en victoire du peuple".

La participation est en net recul par rapport au premier tour dans la capitale, fief de l'opposition, mais le ministre de l'Intérieur Hassoumi Massaoudou avait rappelé dimanche que "Niamey n'est pas le Niger" et assuré qu'au niveau national la participation s'annonçait "comparable ou légèrement inférieure au premier tour".

Une source proche du gouvernement sous couvert de l'anonymat a estimé lundi que la participation nationale avoisinerait 55%. "L'opposition raconte n'importe quoi. A Niamey, on tourne autour de 25% et à Zinder autour de 40-45%. Ce sont les endroits où la participation est la plus faible mais on est à 60% à Maradi, 50% a Agadez (nord) ou Diffa (est). A Tahoua, la participation est de 85%".

Un autre source proche du pouvoir a dénoncé la "surenchère dans le mauvais sens" de l'opposition. "Ce ne sont pas démocrates. Ils ont perdu et ne veulent pas l'admettre", a-t-elle dit à l'AFP.

L'Union européenne, qui a "pris note de la baisse de la participation", a estimé lundi que le scrutin "s'est déroulé dans un contexte inédit, un des candidats n'ayant pas été en mesure de faire campagne" et "regretté qu'une partie des électeurs" n'ait pas voté.

Elle "plaide pour l'établissement d'un climat politique apaisé, à travers un dialogue inclusif et constructif, contribuant à la consolidation de la démocratie".

Le président Issoufou brigue un deuxième quinquennat à la tête de ce pays ouest-africain de 18 millions d'habitants parmi les plus pauvres du monde.

Son adversaire, Hama Amadou, ancien Premier ministre, est hospitalisé en France après avoir été évacué depuis sa prison le 16 mars. Il était en détention depuis novembre dans le cadre d'une affaire controversée de trafic d'enfants, un "procès politique" selon l'opposition, un dossier de "droit commun" selon le pouvoir.

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