Réunie en session ordinaire de la Conférence de ses leaders ce jour mardi 22 mars 2016, la Coalition pour l’Alternance 2016 (COPA 2016), après un examen approfondi de la situation politique du pays au sortir du second tour de l’élection présidentielle , fait la déclaration suivante :
Militantes et militants, chers compatriotes,
On aura tout vu à l’occasion des élections nigériennes de 2016 en termes de violations de la constitution, des lois électorales des traités et accords internationaux auxquels notre pays a souscrit, d’inféodation des institutions chargées du processus électoral en particulier la CENI et la Cour Constitutionnelle, des dysfonctionnements des opérations électorales, de violations des lois, d’anéantissement des principes de droit et de perversion des valeurs républicaines.
Dans un contexte sous régional marqué par la tenue de scrutins dans nombre d’Etats, notre pays et son peuple subissent à leur corps défendant la malédiction d’un régime irresponsable, dangereusement obnubilé par la conservation du pouvoir, fût-il au détriment de la légalité et du respect de la souveraineté populaire. Le pouvoir en place a crevé tous les plafonds d’atteintes à la démocratie, en entrainant notre pays dans une parodie électorale qui nous vaut hélas, mépris, humiliation et déshonneur.
Militantes et militants, chers compatriotes,
Aujourd’hui, grâce à Allah qui nous a inspiré dans notre option judicieuse du boycott actif, la vérité est criarde : le Peuple nigérien a dit clairement NON ! NON au régime de Issoufou Mahamadou qui a divisé notre pays de manière profonde et plongé le Niger, deux années successives, au rang de dernier de la planète en termes d’indice de développement humain (IDH). La désaffection des électeurs nigériens pour le second tour du scrutin présidentiel est implacable. Son constat ne souffre d’aucune ambigüité que des observateurs privilégiés ont largement traduit dans tous les formats. Selon la remontée des informations de terrain, le taux national pondéré de participation est de 11,05%.
La COPA 2016, au nom de son candidat et au nom de tous les leaders, tient à remercier vivement le Peuple nigérien d’avoir choisi pour la seconde fois en un mois, de dire NON au déni de justice et à la violation des lois de la république. Ce comportement d’une rare noblesse traduit la maturité du peuple nigérien et son attachement à la démocratie et à la justice. Merci, merci vaillant peuple nigérien.
Bien sûr, comme à son habitude et comme au premier tour, le régime se fera aider à coup d’arguments corrupteurs et tentera, par tous les moyens et toute l’alchimie des contrevaleurs républicaines, de transformer le désaveu populaire en victoire.
Déjà, à travers les éléments de langage éhontés que distille le PNDS et les statistiques saugrenues que diffuse la CENI de Boubé Ibrahim, se distinguent clairement les indices indiscutables d’une seconde confiscation de la volonté populaire qui sera sans doute légitimée par la Cour constitutionnelle.
Devant le simulacre de vote auquel on a assisté au cours des trois scrutins, nous restons très inquiets par rapport aux déclarations « à la sauvette » des observateurs qui reprennent en chœur que les élections se sont bien déroulées car elles l’ont été dans la paix et la sérénité. Mais une élection se vole aussi lorsque le droit aux recours juridictionnels (droit à la défense, droit de la défense) est nié, vidé de son sens ou tout simplement ignoré.
Aujourd’hui, au Niger et du seul fait de Issoufou Mahamadou, toutes les conditions de la violence et du chaos sont réunies, mais la COPA 2016 continue patiemment à construire la paix. Mais attention, les crises post électorales ont souvent été facilitées par des observateurs qui ont constaté la sérénité comme un indicateur de bonnes élections alors qu’en leur âme et conscience, ils ont été témoins des irrégularités les plus inacceptables.
Militantes et militants, chers compatriotes,
Les choses sont très claires : ce jour 22 mars 2016, nous sommes au jour J-9. Dans neuf (9) jours, notre pays n’aura plus de Président légitime. Aucun artifice juridique ne nous fera reconnaître les faux résultats concoctés d’un scrutin tortueux. Personne ne nous fera accepter une mascarade électorale dans laquelle l’expression de la volonté populaire, la vérité et la justice sont défigurées. A partir du 1er avril 2016, la COPA revendiquera la légalité républicaine au nom de la souveraineté populaire.
Militantes et militants, chers compatriotes,
Il vous souviendra que le 17 mars 2011, à l’issue de la proclamation des résultats globaux provisoires du scrutin présidentiel deuxième tour, le candidat SEINI OUMAROU a reconnu dans une déclaration solennelle, le 18 mars 2011, sa défaite, félicité le candidat ISSOUFOU MAHAMADOU et annoncé qu’il n’exercera aucun recours. Nonobstant ce renoncement à tout recours, le Conseil Constitutionnel de Transition a scrupuleusement observé les délais constitutionnels et légaux et n’a prononcé les résultats définitifs qu’à l’expiration desdits délais, soit le 1ier avril 2011 par arrêt n°012.
Au regard de tout ce qui précède, la COPA décide :
- 1 de soutenir la décision du candidat HAMA AMADOU, de son parti et des électeurs, d’exercer pleinement leurs droits de recours conformément à la constitution et les lois électorales en vigueur ;
- 2 informe les militantes, militants, sympathisantes, sympathisants et toutes les forces démocratiques que toute proclamation de résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle, en violation des délais légaux de recours, comme elle l’a déjà fait au premier tour, constituera le point de départ à la résistance citoyenne conformément aux dispositions constitutionnelles et légales ;
- 3 réaffirme son rejet des résultats et des institutions qui seraient issus des trois scrutins ;
- 4 demande la libération immédiate de tous les camarades injustement interpelés et incarcérés par le régime de ISSOUFOU MAHAMADOU ;
- 5 en appelle aux Forces de Défense et de Sécurité en vertu des dispositions constitutionnelles et républicaines, à n’exécuter aucun ordre manifestement illégal.
- 6 demande à nouveau à la communauté nationale et internationale de sortir de leur mutisme et de demeurer vigilante afin de faciliter l’instauration d’un climat de dialogue politique sincère et apaisé entre toutes les parties afin de faciliter une transition politique permettant d’organiser de nouvelles élections démocratiques, libres, crédibles, légitimes, transparentes et honnêtes.