A l'occasion de l'investiture du Président de la République, notre Rédaction a approché certains acteurs de la société civile, des syndicats et associations afin de recueillir leurs avis relativement aux attentes du second mandat du Chef de l'Etat. Voici leurs attentes...
M. Moustapha Kadi Oumani, président du RASCONI et de CODDAE
« Le rassemblement de tous les Nigériens autour d'un idéal commun doit être une priorité »
Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou, brillamment réélu le 20 mars dernier rempile pour un nouveau quinquennat. Une nouvelle page de l'histoire du Niger faite d'espoir et de beaucoup d'attentes, vient de s'ouvrir. Les acteurs de la société civile, acteurs de la vie nationale, appellent à un rassemblement de tous les Nigériens autour d'un idéal commun, fait de paix et de prospérité. Le président du Réseau des Consommateurs du Niger (RASCONI), M. Moustapha Kadi Oumani, a pris part à la Cour Constitutionnelle à la proclamation solennelle des résultats de l'élection présidentielle 2ème tour du 20 mars 2016.
''Conformément à l'arrêt N°018/CC/ME, M. Issoufou Mahamadou est élu pour un mandat de cinq ans à compter du 02 avril 2016 à 00 heures. Grâce à Dieu, cette élection s'est déroulée dans un climat apaisé sans incident majeur sur toute l'étendue du territoire national, sauf à l'extérieur du pays au Togo, où certains individus ont fait usage de violence dans la ville de Lomé. Cependant, il faut noter qu'à l'occasion, les partis soutenant la candidature de M. Hama Amadou ont appelé leurs militants à boycotter ledit scrutin. A l'évidence, dans l'histoire du Niger, c'est pour la première fois dans un contexte pluraliste, qu'un Président de la République a obtenu le résultat de 92,51% avec un suffrage de 4.434.655 voix. Le président Issoufou a lui-même reconnu qu'il s'agit de la victoire du peuple'', a souligné M. Moustapha Kadi Oumani.
Il a tenu à saluer la maturité du peuple nigérien tout au long dudit processus électoral. Il a ajouté qu'un tel résultat impose au Président Issoufou Mahamadou des attentes à la fois fortes et surtout urgentes. Il a rappelé que les défis prioritaires sur lesquelles le candidat Issoufou a développé sa campagne électorale s'appellent: renaissance culturelle, insécurité, impunité, chômage, citoyenneté, lutte contre la corruption, consolidation de l'unité nationale, dépolitisation de l'administration, santé humaine et animale, éducation, instauration de l'autorité de l'Etat, promotion du tourisme, développement durable, développement du secteur privé, etc...
En outre, le Président Issoufou s'est particulièrement engagé à lutter contre l'insécurité alimentaire et la mal gouvernance en se basant sur la déclaration de Maputo et la déclaration universelle des droits humains. ''C'est dire que les défis qui l'attendent sont énormes et méritent une attention particulière au regard de leur envergure aux plans national et international. Le volume de ces enjeux et leur caractère urgent commandent des prises de décisions importantes à la mesure des défis pour répondre aux aspirations légitimes et urgentes des populations'', a indiqué le président du RASCONI.
En règle générale, ajoute-t-il, les Nigériens attendent que le Président passe de la parole aux actes concrets à travers ce nouveau départ. ''Je puis vous dire qu'il a déjà suscité beaucoup d'espoirs lors de son premier mandat. C'est pourquoi, les Nigériens souhaitent cette fois-ci qu'il gouverne autrement. Jugez-en vous-même : il y a des personnalités qu'il avait recrutées ou nommées qui n'ont ni le niveau, ni la motivation ; leurs jeux favoris consistaient à poser des actes de nature à créer les conditions tendant à amplifier l'injustice et le clientélisme dans ce pays ! Dès lors, il apparaît opportunément impérieux qu'au cours de la deuxième mandature, le choix des hommes ne soit pas basé spécifiquement sur l'appartenance aux partis politiques, mais sur la compétence et la loyauté des cadres qui ont la maitrise des domaines qui leur sont confiés et qui mettent le Niger avant leurs intérêts personnels. En ce sens, le Président de la République ne doit plus confier les responsabilités de l'Etat à des amateurs, car, dans la durée, ça ne marche pas. Si le Président Issoufou savait comment fonctionnent certains ministères, il serait véritablement déçu de certains comportements qu'il a toujours décriés. Le moment de mettre les sentiments de côté a sonné », a dit M. Moustapha Kadi Oumani.
Selon Moustapha Kadi, le Chef de l'Etat est appelé à traduire les engagements pris et à placer le dialogue politique en cours au cœur de ses préoccupations. ''Dans l'ensemble, il faut qu'il agisse de manière à dissuader ceux qui pensent qu'il ne va pas changer, le voir transformer le pays dans toutes ses dimensions. Néanmoins, je reconnais qu'il a besoin d'un délai de grâce, car il lui faut travailler pour transformer les mentalités, faire l'état des lieux dans tous les secteurs, et encourager un gouvernement de large ouverture et non de partage de postes, d'où l'intérêt de saluer sa main tendue à la Convergence Pour l'Alternance au Niger en 2016 (COPA).
Le changement qu'il a tant prôné doit intervenir dans un délai relativement court, car il a déjà prévenu qu'il brigue son dernier mandat. « De ce fait, il doit tout faire pour laisser un héritage digne de ce nom à ses successeurs qui doivent trouver un pays gérable. A cet égard, la priorité absolue du Président de la République est de rassembler tous les Nigériens autour d'un idéal commun. Une autre grande préoccupation demeure la lutte contre l'insécurité pour démontrer aux Nigériens et aux pays amis que le changement qu'il veut apporter au cours de son 2ème mandat est bien réel dans ce domaine. Cependant, face à la complexité de la menace terroriste dans notre région, la prudence doit guider ses efforts car le déficit sécuritaire concerne l'ensemble des fils du pays, notamment les acteurs de la société civile et particulièrement les leaders des partis politiques », souligne M. Moustapha Kadi.
D'autre part, il estime que la maîtrise du terrorisme, du trafic d'armes, du trafic de drogues et de personnes, ne peut être réalisée qu'à travers une collaboration entre les composantes d'une même nation et ensuite entre les gouvernements de tous les pays voisins. « Avec la recrudescence des attaques criminelles des djihadistes au Mali et des islamistes de Boko Haram dans la région de Diffa, le nid du terrorisme est loin d'être anéanti par nos vaillants soldats. Dans ce cadre, le Président de la République ne doit en aucun cas sous-estimer la dimension socio-économique du pays, bien que des efforts substantiels aient été consentis dans le domaine des infrastructures, des emplois et des salaires. Il y a également le défi de la révision des textes électoraux si les imperfections des lois électorales et de la Constitution de la 7ème République persistent. C'est-à-dire que le Président doit instruire le nouveau Gouvernement et l'Assemblée Nationale à améliorer la gouvernance républicaine sans changer de république'', a souligné le président du RASCONI.
''Pendant ce quinquennat, il doit surtout travailler sur les réformes des politiques publiques et institutionnelles pour aboutir à une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), permanente et purement technique. S'agissant des questions énergétiques, tout au long de sa campagne, il a promis de mettre un terme aux délestages à travers le démarrage de la centrale thermique de Gorou Banda, mais aussi d'améliorer la desserte en eau potable dans toutes les régions, particulièrement dans le Damagaram, et dans les zones difficiles d'accès en eau potable à Tahoua et Dosso. A ce titre, le Président doit déployer des efforts sans précédent dans l'optique de diversifier nos sources de production en élargissant ce volet avec l'utilisation des énergies nouvelles et renouvelables dont le barrage de Kandadji avec le concours des partenaires techniques et financiers'', a dit M. Moustapha Kadi Oumani.
Parlant de la Renaissance culturelle, il a indiqué que c'est un programme ambitieux du Chef de l'Etat. ''A cet effet, le Président a promis de contribuer à travailler pour promouvoir nos valeurs culturelles, toute chose qui enchante les Nigériens.
D'ailleurs, je garde en lui un très bon souvenir à l'occasion du premier festival de ''Sharo'' tenu à Illéla en 2009. Je rappelle que dans son contexte coutumier et culturel, le ''Sharo'' est considéré comme un jeu qui prône la cohésion sociale. Aussi, je pense qu'avec la renaissance culturelle, c'est l'occasion d'institutionnaliser le festival Sharo pour qu'il se tienne tous les deux ans comme prévu. Pour moi, placer le Niger et ses intérêts suprêmes au-dessus de tout constitue un levier indispensable pour tout président élu démocratiquement.
Pour conclure, je tiens à dire toute mon admiration au peuple nigérien pour sa bonne conduite lors du processus électoral. Je ne saurais terminer sans prier Dieu dans sa miséricorde de nous accorder ce qu'il y a de meilleur pour nous et pour notre pays, raffermir nos cœurs, approfondir notre foi, semer la paix dans les cœurs et dans les esprits de tous les fils du Niger'', a conclu M. Moustapha Kadi Oumani.