Au lendemain de la prestation du serment du Président de la République, réélu pour un second mandat, les travailleurs à travers les centrales syndicales expriment leurs attentes vis-à-vis du Chef de l'Etat au cours du quinquennat qui débute. A la Confédération démocratique des travailleurs nigériens (CDTN), les attentes dépassent largement le seul cadre des intérêts matériels des travailleurs. Elles embrassent les conditions globales de vie des citoyens et le climat social national. C'est la substance des propos de M. Idrissa Djibrilla, Secrétaire général de la CDTN.
«La 1ère attente de la CDTN, c'est le renforcement du dialogue social entre le gouvernement qui sera installé et les partenaires sociaux que nous sommes. Pour nous travailleurs, tout se règle à travers le cadre du dialogue social. Lorsque le cadre du dialogue social est renforcé dans un pays, cela permet d'aboutir de manière négociée et pacifique à des accords profitables à l'ensemble des travailleurs.
Notre 2ème attente, c'est la gestion des revendications. Il est important que le gouvernement respecte les engagements qu'il prend avec les partenaires sociaux. Nous avons connu au cours du premier mandat, des accords qui ont été certes respectés mais aussi d'autres accords qui ne l'ont pas été, que ça soit avec les centrales ou avec les syndicats sectoriels. Notre vœu le plus ardent est que désormais, le gouvernement respecte les engagements qu'il va prendre. S'il sait qu'il n'est pas à mesure de respecter ses engagements, il vaut mieux qu'il ne les prenne pas.
La 3ème attente, c'est évidemment la lutte contre la pauvreté, car quand la pauvreté est présente dans un pays, rien n'est durable. Le gouvernement peut prendre des engagements avec les partenaires sociaux, mais les effets généralisés de pauvreté peuvent empêcher à ce gouvernement de mettre en œuvre ces engagements. C'est pourquoi, il est important que l'Etat créé les conditions pour que l'ensemble des Nigériens et pas seulement les travailleurs, puissent s'investir dans la lutte contre la pauvreté. Pour cela, il faut renforcer l'unité nationale, la cohésion sociale, il faut créer les conditions d'entente avec tous les acteurs nationaux. Nous sommes convaincus que si ces conditions vont être remplies, le Président de la République aura un bon mandat. En effet, généralement on dit que le 1er mandat est un mandat test. Après le 1er mandat, on a l'expérience de savoir où il faut renforcer et où il faut bien faire. Nous pensons et espérons que le Président prendra les mesures nécessaires pour bien faire au cours de son deuxième et dernier mandat.
En termes d'urgence, nous voulons que le gouvernement prenne en charge toutes les revendications qui ont fait l'objet d'accord avec tous les syndicats sectoriels. Je peux citer sans être exhaustif la question du statut particulier des enseignants qui est une vieille revendication, qui a fait l'objet d'accord mais qui n'est pas encore respectée. Il en va de même dans certains secteurs où il y a des projets de ce genre pour lesquels le gouvernement a donné son accord, mais qui n'ont pas été exécutés. Il y'a aussi la question du régime indemnitaire des agents de l'Etat qui a fait l'objet d'accord avec l'Intersyndicale des travailleurs nigériens (ITN) mais qui n'a pas été aussi mise en œuvre. Il y'a ensuite la question des incidences financières liées aux avancements et reclassements qui a fait l'objet d'accord aussi bien avec l'ITN qu'avec les syndicats sectoriels mais qui jusqu'à présent traine à être appliquée. A cela, il faut ajouter la question des rappels de salaires des agents nouvellement recrutés qui jusqu'à présent attendent leurs numéros matricules et leurs rappels de salaires. Il faut que le gouvernement fasse de la régularisation salariale de ces nouveaux agents une préoccupation et une priorité.
Nous nous félicitons tout de même du fait nous avons eu, au cours du 1er mandat, un accord sur l'IUTS et qui a été appliqué par le gouvernement. Même si l'accord n'a pas tellement répondu à notre attente, il faut reconnaître que sur ce point, ce qui a été signé avec l'ITN a été respecté. Cependant, il ya beaucoup de dispositions du statut général de la fonction publique qui ne sont pas mises en application. Il faut mettre l'accent là-dessus. Nous sommes contents que les salaires soient payés à termes échus depuis plus de quinze ans au Niger, mais il est important que les accessoires liés aux salaires soient aussi payés ».