Les graves reculs de la démocratie nigérienne : Issoufou Mahamadou toujours a la base… La démocratie nigérienne, vit depuis des mois des convulsions graves que l’incommunication entre les acteurs aggrave, ne laissant aucune chance pour le dialogue salutaire afin de restaurer la sérénité entre les enfants qui disent quand même être d’une même nation. Le pouvoir n’est pas bon, il divise, il fait souvent porter des haines parce qu’on le veut pour soi seul.
Notre meilleur uranium, notre meilleur or noir est notre démocratie. Pendant des années, on s’en enorgueillissait, disant à qui veut nous entendre, que notre pays est un excellent laboratoire de la démocratie, oubliant à dessein de rappeler qu’elle est quand même aussi celle qui a connu plus de remise en cause, d’interruptions violentes. C’est bien malin, nous ne voyons que les bons côtés de ce que nous faisons…
Alors qu’en 2011, Obama se félicitait que le Niger ait pu sortir d’une transition militaire qui restaurait la démocratie, et pour ce motif noble, le président de la plus grande puissance du monde, invitait avec d’autres présidents africains, le président Issoufou, fraîchement élu, qui pouvait franchir le perron prestigieux de la White House, les Nigériens, non sans orgueil, ressentaient quelques fiertés, rassurés qu’ils avaient retrouvé les chemins, que leur démocratie devenait fréquentable. Erreur de lecture……
Le Niger est un pays complexe que des spécialistes de la géopolitique mondiale ne peuvent comprendre, sinon qu’à extrapoler sur certains lignes tout aussi ambiguës que sa fondation sociopolitique. En effet, la seule lecture de ce qu’Issoufou Mahamadou a été un grand combattant de la démocratie, un irréductible opposant, mettait quelque désordre sur la compréhension du labyrinthe politique nigérien qui est puzzle complexe indéchiffrable. Ce seul aspect qui a permis de se tromper sur l’homme ne pouvait permettre de bien lire la politique nigérienne. C’est d’ailleurs pourquoi, certains analystes n’hésitent pas à dire, face à ses intransigeances historiques, jusqu’au- boutistes, qu’il a toujours été au coeur des crises que le pays a connues. AFC, courte majorité, épisode COSIMBA, Tazartché, et aujourd’hui, deuxième mandat K.O., au coeur de tous ces imbroglios, rappelait- on, l’on trouve le même homme, incapable de concéder la moindre entente, pour mettre le pays à l’abri de turbulences inutiles.
Par les extrémismes de son régime, il a fini par dévaluer notre fameux produit pour lequel certains nous enviaient : la démocratie nigérienne est aujourd’hui invendable. On ne dit plus que du mal de nous et de notre démocratie : nous sommes méchants en politique, notre démocratie, elle, est dévaluée. Comme notre le pays au plan de l’IDH, elle voudrait être la dernière de la planète alors que nous avions espéré, après un quart de siècle de pratique, la porter à un certain seuil de perfection. Il est évident que le président qui a dit qu’il est réélu à plus de 92%, même avec ce chiffre historique, ne peut plus prétendre, avoir les honneurs de l’Oncle Sam même quand certains de ses journalistes obligés essaient d’arranger le message du département d’Etat qui, dans un français que tout le monde parle, sans se vouloir diplomatique, a simplement et gentiment dit qu’il est « déçu » des élections du Niger et ce mot n’a pas d’autres explications, faut-il rassurer le spécialiste des mots et de la lexicologie, que de dire et de signifier « frustré » et ce mot ne porte aucune gentillesse ! Notre démocratie ne peut donc plus avoir droit aux honneurs auxquels on la hissait en d’autres temps, tombée dans l’escarcelle tyrannique des socialistes, pourfendeurs et liberticides. D’abord, ce qui a finit par dégoûter les démocrates du monde, c’est cette ambiance de haine, de règlement de compte permanent, ces guéguerres interminables et enfantines souvent, ces tensions nuisibles qu’on entretient sadiquement sur le pays qui, par ailleurs, reste le dernier du monde – on ne peut d’ailleurs pas s’attendre à mieux.
On a alors comme l’impression que certains hommes politiques ne peuvent plus tirer les leçons de l’histoire pour s’amender et restent dans les enfantillages, incapables de grandir et de faire honneur au pays et à sa démocratie. C’est peut-être là toute la différence avec la COPA 2016 qui aligne des hommes sages, pondérés, mesurés qui ont le souci de la paix, tandis que de l’autre côté, l’on ne peut voir que des belliqueux qui rivalisent d’arrogance dans leur penchant pyromane. Comment un peuple qui se veut respectable peut-il indéfiniment offrir au monde ce spectacle puéril de ses mesquineries, et laisser le monde le regarder et venir lui imposer le dialogue. Cela fait combien de crises pour lesquelles il a fallu toujours que d’autres viennent jouer chez nous aux sapeurs pompiers ? Il est dommage que jamais la MRN n’ait été capable de comprendre que lorsque l’opposition a toujours refusé l’affrontement auquel le poussait un pouvoir bagarreur et ce jusqu’au seuil du tolérable, ce n’était ni par faiblesse, ni par peur, mais bien parce que, cette opposition s’est toujours voulue responsable, à ne pas précipiter le pays dans la déconfiture sociale, sachant que demain, si pareil drame devait arriver, face à l’histoire, autant que celui qui l’aura provoqué elle devait être comptable et répondre au moins de son incapacité à ne pas se dominer pour céder au bellicisme outrageant, il est vrai, d’hommes qui ne peuvent comprendre qu’une nation se préserve, souvent jusque dans l’acception de ce qui, individuellement, pourrait nuire à quelques hommes.
Plus que ce contexte de climat politique surchauffé, c’est la « tropicalisation » même du processus électoral qui a fini par jeter du froid sur la conception arriérée de la démocratie que les camarades mettaient en place, sourds à tous les appels au respect des normes et des convenances établies. Alors que tous les pays, y compris le Tchad que dirige un guerrier, pour se faire respecter, ont choisi la biométrie, le gouvernement nigérien, celui-là même que dirige Brigi Rafini, a été incapable de mettre en place le système de la biométrie en vogue qui a l’avantage de régler plusieurs préoccupations en même temps. Dès lors, l’on a compris qu’il y avait anguille sous roche et dès lors la volonté du régime d’Issoufou commença par être soupçonnée. Le recensement porte à porte, la saisie des listes, les affichages, les corrections bâclés, c’est à la stupéfaction générale qu’on apprit que le CFEB aurait réussi ce qu’aucun comité n’a auparavant réussi dans le pays. Bluff ! La suite de la grande comédie qui se jouait sous les tropiques au Niger, c’est la volonté de mettre sous coupe réglée, toutes les voix dérangeantes. On va harceler, persécuter les opposants dont bon nombre d’entre eux connaîtront, pour de farfelues accusations la prison, la déportation, des traitements dégradants, la séquestration, l’embastillement… On se croirait à une époque de Staline ! Les camarades ont été plus ingénieux, en se trouvant la lumineuse idée d’embrigader un adversaire qui dérange et qu’ils finissent aussi par enfermer quand déjà plusieurs de ses lieutenants croupissent depuis des mois en prison. Ils devront rester là tous, pendant tout le processus, sans battre campagne et ils sont les leaders des fiefs du parti de Hama Amadou devenu la bête noir du PNDS. Cette démocratie de la prison, des emprisonnements fantaisistes, de la presse muselée, de la violence, n’en est pas une. …
Le Guri nous a plongés dans la précarité financière. Aujourd’hui, il nous plonge dans la précarité démocratique. Il est clair que face à tant de turpitudes et de salissures qui ornent grotesquement notre démocratie, ceux qui ont inventé une victoire, ne peuvent marcher, la tête haute, à côté de présidents fiers de leur élection et de leur démocratie, car dans la comparaison, ils savent qu’ils ne peuvent être de la même catégorie pour mériter, honorablement, la marche élégante sur le tapis rouge de la démocratie qu’on déroulera partout dans le monde aux grandes démocraties. Les Nigériens ont de bonnes raison de se plaindre : leur démocratie est celle du malaise qui connaît aujourd’hui un recul grave….…
WALÉ