Les élections pacifiques commencent à devenir une réalité en Afrique, un continent jadis déchiré de temps en temps par des vagues de violence liées aux élections, et cette évolution porte l'espoir de stabilité et de développement durable sur le continent.
Le dernier exemple est le Bénin, où le président Boni Yayi vient de céder le pouvoir à Patrice Talon, un ancien ennemi qui a vaincu son dauphin au second tour de la présidentielle. M. Yayi dirige aujourd'hui, sous le mandat de l'Union africaine, une mission d'observation pour les élections présidentielles en Guinée Equatoriale.
Au cours de ces derniers mois, une dizaine de pays d'Afrique ont déjà organisé différentes élections, sans connaître de théâtre de violence, Burkina Faso, Tanzanie, Bénin, Niger, Ouganda, Congo, Djibouti, les Comores...
L'Afrique est le continent qui dénombre le plus de pays en développement, et avait été qualifiée de "continent sans espoir" par certains médias occidentaux jusqu'en 2000. En une décennie, sa croissance économique solide et sa stabilisation géopolitique progressive ont changé cette image pour celle d'une "Afrique en plein essor".
Malgré un passé électoral souvent troublé, les scrutins plus récents sur ce continent ont été globalement pacifiques. L'acceptation des résultats par les vaincus donne un signe de maturité et de modernité dans la vie politique. Bien que l'organisation des élections ne soit toujours pas facile, que des tensions pèsent encore trop souvent lourdement sur les processus électoraux.
Le maintien d'une croissance économique saine est une raison solide pour assurer des élections pacifiques car cela réduit le risque d'incertitude et contribue donc positivement à la croissance. Dans ses prévisions de croissance 2016, la Banque mondiale a estimé que les pays d'Afrique sub-saharienne ont enregistré un taux de croissance solide de 6,8 % sur la période 2003-2008.
Par ailleurs, le fait que de nombreux dirigeants sortants ont accepté de quitter le pouvoir à la fin de leur mandat a contribué à la stabilité et au développement du continent.
Muhammadu Buhari, candidat du parti All Progressives Congress, parti d'opposition au Nigeria, a été déclaré président après l'avoir emporté sur son prédécesseur Goodluck Jonathan lors d'un scrutin présidentiel en 2015. Pour la première fois, un président sortant a été battu dans ces élections cruciales pour gouverner le pays le plus peuplé d'Afrique.
Cette élection est largement saluée par les organisations régionales et internationales. Les observateurs internationaux estimant que le Bénin, le Nigeria, ainsi que tant d'autres, ont donné un bon exemple, un exemple à suivre pour d'autres pays dont les élections s'approchent.
Enfin, l'augmentation de la surveillance des élections et de la publication de ces observations, de la part de l'Union africaine, d'organisations régionales et de groupes de la société civile, a aussi eu une grande importance pour la conduite d'élections pacifiques.
L'appel récent lancé par la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, au déroulement pacifique et à la transparence des élections dans les pays africains, devrait être suivi car cela consolidera sans aucun doute la stabilité et le développement observés ces dernières années sur le continent.
On peut conclure sans crainte que l'Afrique ne pourra construire sa voie vers le développement que si les partis politiques, les candidats et leurs partisans parviennent à résoudre leurs différends par le dialogue et les procédures judiciaires établies.
De fait, la tendance au déroulement pacifique des élections et des transitions politiques jouera un grand rôle pour assurer la stabilité sociale et la prospérité économique du continent africain.
