En cette fin de week-end d’un mois d’avril très caniculaire, les choses se passaient normalement dans le pays, la nouvelle équipe gouvernementale ayant été formée et les passations entre ministres sortants et ministres entrants se déroulant sans accrocs majeurs. Puis voilà, patatras, la Coalition des Organisations Politiques pour l’Alternance 2016 (COPA), fille adultérine de la défunte ARDR et de l’éphémère FPR, décida de faire parler d’elle après presqu’un mois de disparition des radars politiques.
Retranchée depuis l’entre-deux tours des élections présidentielles passées derrière sa fameuse stratégie de boycott du deuxième tour et de la »non reconnaissance des résultats des scrutins ainsi que des institutions qui en étaient issues », la COPA 2016 vient de décider, exactement comme un syndicat, de la levée de son mot d’ordre de boycott pour reprendre sa place au sein de l’Hémicycle ainsi qu’au niveau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
L’annonce en avait été faite dans une déclaration rendue publique dimanche 17 avril 2016 au soir. Qu’est-ce qui a bien pu se passer au niveau de la COPA pour un tel revirement spectaculaire ? La COPA s’est-elle déjà essoufflée, à peine un mois de grève de la faim ? C’est donc à ces questions que nous allons tenter d’apporter des éléments de réponses dans les lignes qui vont suivre..
Une stratégie politique mal goupillée
En prenant, urbi et orbi, la lourde et délicate décision de se mettre hors du jeu politique, la COPA 2016 s’était, de toute évidence, mise sur une voie suicidaire en se tirant une balle dans le pied. En réalité en décidant de boycotter le second tour de l’élection présidentielle du 20 mars 2016, la COPA savait bien ce qu’elle faisait : éviter de prendre une claque électorale de nature brejnévienne dont elle ne pourra pas se relever durant toute la mandature. En effet, le candidat de la MRN, Issoufou Mahamadou, après le premier tour avait déjà un pied à la présidence de la république au vu de son score 48,43% !
Mieux, une cinquantaine de partis, dont d’anciens candidats à cette même élection présidentielle, avaient décidé de soutenir la candidature de l’enfant de Dandadji. Arithmétiquement donc, la COPA, dont le total des réserves de voix au second tour ne dépassait guère les 36%, avait beau de boycotter ce second tour pour éviter une bérézina aux allures d’une humiliation. C’était donc bien calculé et bien vu de la part de nos amis de la COPA.
Cependant, nos chers amis, sans doute encore sous le choc du premier tour, décidèrent de faire monter les enchères très haut en optant, en second lieu, pour »une non-reconnaissance des résultats du scrutin et des institutions qui en découleraient », alors qu’ils savaient, pertinemment, qu’ils ne disposaient pas des moyens politiques pour assumer pleinement cette position ainsi que les conséquences qui en dériverait !
Très minoritaire dans le pays, les dernières élections l’ayant prouvé, la COPA n’avait donc guère les moyens de ses ambitions. Nous l’avions déjà écrit dans nos précédentes livraisons, dans un combat, non pas seulement politique, on ne recourt pas, tout de go, à son va-tout, car le joker ne doit être utilisé qu’en dernier recours, lorsque toute la stratégie de départ se sera révélée inopérante. Il faut toujours laisser une marge de manœuvre qu’on appelle dans le jeu de belote Atout.
L’atout sert à négocier les fins de parties difficiles. Mais, en jetant précipitamment dans la bataille son ultime joker, alors même qu’elle n’était point en position de force, la COPA s’était retrouvée coincée, enlisée dans une position intenable : partout, ses lignes de défense se fissurent sous le regard cynique et amusé de l’enfant de Dandadji et ses amis de la MRN ! Au bout du compte, cette stratégie de la COPA se sera révélée suicidaire, car totalement intenable à long terme.
L’arbre qui cache la forêt COPA
La COPA n’est pas une entité politique réputée pour sa maturité et surtout sa clairvoyance en matière de stratégie politique. Comme toutes ses devancières en sigles, de l’ARN, en passant par l’ARDR pour finir avec le FPR, la COPA 2016 n’est, au fond, qu’un ramassis de politiciens ringards et profondément frustrés qui ont leurs horizons politiques bouchés uniquement à cause de leurs multiples inconséquences tout au long de leur piteuse carrière politique. Son ADN fondateur, son carburant reste donc le ressentiment.
La raison est alors absente aussi bien dans ses jugements que dans ses analyses. Il n’y en a donc que pour la passion. Or les grands projets politiques qui n’intègrent pas la raison au cœur de ses réflexions sont voués, d’avance, à l’échec. Il en est ainsi de la COPA. La déclaration du week-end dernier n’est qu’enfin de compte que l’arbre qui cache la forêt. En effet, depuis la fin du processus électoral, rien ne va au sein de la COPA, ses principaux dirigeants ayant sans doute perdu le Nord et ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
En adoptant cette position stupide, les dirigeants de la COPA avaient bercé d’illusions leurs militants et sympathisants en faisant croire à ces derniers qu’ils avaient la maitrise de la situation entre leurs mains, et que très bientôt, le pouvoir d’Issoufou Mahamadou se saborderait pour leur laisser la place ! Hélas, bien sûr, il n’en a rien été, l’historique investiture du 02 avril qui avait vu la participation massive de la communauté internationale ayant sonné comme un cinglant désaveu pour des gens qui déniaient toute légitimité au régime actuel !
En Afrique, mais cela est aussi valable partout dans le monde, un bon chef se mesure à l’aune du respect de ses engagements : la COPA n’a pas pu tenir ses engagements vis-à- vis de ses militants dans la mise en œuvre concrète de son mot d’ordre de boycott des élections et de la rébellion vis-à-vis des institutions républicaines. Face donc à cette trahison, les militants et sympathisants de la COPA sont donc perdus, sans repères véritables et totalement déboussolés par le manque de courage de leurs leaders.
Partout dans le pays, des bastions de la COPA menaçaient de se rendre à la MRN, particulièrement, la tentation étant la plus forte au sein du MNSD. En pondant cette déclaration qui a toutes les allures d’une reddition avec armes et bagages, la COPA ne fait, en fin de compte, que retarder une latente crise qui couvait depuis cette stupide décision de rébellion. Déjà, des députés de l’UDR-Tabatt d’ABC ont, subrepticement, regagné leur siège à l’Assemblée Nationale.
De peur que cela ne fasse tache d’huile, la COPA prit les devants afin d’éviter que ses troupes n’arrivent à l’Hémicycle en rangs dispersés ! Ainsi, le parti le plus agité et le plus touché par cette fièvre de remise en cause du leadership de son chef reste et demeure le MNSD Nassara. En effet, plusieurs pontes de ce parti, dont à leur tête, un certain Ali Sabo, Moussa Harouna, Tidjani Abdoulkarim, seraient les porte-flambeaux de cette position révisionniste du MNSD pour rallier la MRN.
C’est donc dans le souci de contenir ce risque de dislocation de la COPA que les dirigeants de cette dernière auraient, à leur corps défendant, décidé de la levée de leur mot d’ordre de grève. Ils l’ont fait sans gloire et sur la pointe des pieds. On leur avait demandé d’entrer au gouvernement par la grande porte de la cohésion nationale, ils s’y étaient refusés. Aujourd’hui, c’est par la fenêtre qu’ils tentent d’opérer une effraction à midi pile !
Et cela, l’enfant de Dandadji n’est pas prêt de l’accepter ! Un proverbe du terroir Zarma enseigne cette vérité : » Point d’honneur à celui qui moque sa part pour ensuite quémander des miettes » !