«… Retour à la case départ ou table rase sur les espoirs chèrement construits et nourris par un peuple qui a démontré à plusieurs reprises des élans encourageants pour le jeu démocratique loyal et juste. Un tel contexte, comprenez-le bien, ne saurait prévaloir au Niger, un pays qui a désormais intériorisé bien de valeurs universelles. Il faut arrêter cette descente aux enfers et, les principaux artisans restent comme à l’accoutumée les syndicats et les organisations de la Société Civile. En cette journée internationale du travail, quelqu’un osera-t-il par courage, lucidité, loyalisme et patriotisme rappeler à ces structures leur devoir urgent vis-à-vis de la Nation nigérienne ? …».
Au moment où la communauté internationale, notamment les employeurs et les employés, commémore la journée historique du 1er Mai, au Niger, le monde des travailleurs est à n’en point douter dans une position des plus ambigües qui ne présage rien de bon pour les différents acteurs. En effet, depuis que les syndicats et les autres associations de la Société Civile ont joué un rôle d‘avant-garde dans le processus de démocratisation du pays dans les années 1990, ces organisations n’arrivent plus à se désolidariser ni des hommes politiques, ni de la politique elle-même afin de jouer pleinement leur rôle principal, celui de veiller à la protection, à la défense et à la promotion des idéaux de leurs militants. Les syndicats notamment qui devraient oeuvrer à la satisfaction des préoccupations et des revendications très nombreuses des travailleurs nigériens de leur secteur sont devenus malheureusement des caisses de résonance à la solde du politique. Pour s’en convaincre, il suffit tout simplement de jeter un coup d’oeil sur l’évolution de certaines structures phares du monde syndical et celui des OSC.
L’exemple le plus parlant est celui de l’Intersyndicale (ITN) dont l’un des leaders charismatiques s’est retrouvé confiné à la présidence dans un rôle que jamais aucun défenseur d’une cause quelconque n’aurait accepté. Du reste, lui et tous ses autres camarades ont très vite fait de se retrouver sur les strapontins que la 7ème République a mis gracieusement à leur disposition : pour service rendu ; et ce service, tout le monde le connait ; c’est d’être resté de tout temps aux côtés du PNDS dans sa longue lutte de conquête du pouvoir. Tout le temps que les syndicats de première heure de l’ITN étaient restés aux côtés du PNDS, leur position elle aussi était toute mitigée, s’engageant des fois dans des joutes qui restaient incompréhensibles pour beaucoup de nigériens. Ce fut très clair quand ces structures s’étaient retrouvées au sein de l’ITN pour accompagner le combat contre le tazartché. Après le combat, le reste vous le connaissez très bien. À l’épreuve des faits, l’ITN a fini par phagocyter les autres structures qui n’étaient pas avec elle au départ mais qui s’étaient retrouvées dans la position de choisir entre la vie et la mort. Eh oui ! Comme vous le savez, nos structures syndicales n’ont pas une grande autonomie financière ; du reste, elles n’en ont même pas. Dans un tel contexte, le premier bailleur de fonds, le principal pourvoyeur de capitaux et autres moyens d’actions reste l’Etat ; ne serait-ce qu’à travers cette subvention annuelle qu’il accorde aux syndicats. Alors, pour en bénéficier, beaucoup d’organisations syndicales avaient fini par rejoindre l’ITN qui est devenu aujourd’hui un géant syndical dans notre pays. Les quelques rares structures qui ont refusé de se faire noyer ont fait face à beaucoup de déboires. Curieusement, on les compte parmi les organisations du petit personnel, notamment le monde auxiliaire. Là aussi, leur début n’a pas du tout été facile car, l’année qui a suivi la première victoire du PNDS a consacré l’ITN au point où elle avait droit de vie et de mort sur les autres collectifs et regroupements syndicaux. Le comble est que même la subvention annuelle qui était accordée aux syndicats avait été gérée à l’époque par l’ITN. Il s’en était suivi un véritable fiasco à travers lequel les syndicats non affiliés à l’ITN avaient bénéficié de miettes au détriment justement de la géante aux tentacules meurtriers. Ceci dit, aujourd’hui encore, ce schéma est celui qui prévaut au sein du monde syndical et aussi de celui de la société civile. Pour les OSC, les choses étaient beaucoup plus claires car pour la plupart, c’étaient des mangeoires créées par un ou deux individus pour se tirer d’affaire. Une fois la victoire acquise, toutes les OSC qui avaient participé au combat contre le tazartché au sein de la CFDR avaient été récompensées. Chargés de missions à la Présidence, à l’Assemblée Nationale ou à la Primature ; cadres de commandement ; responsables d’institutions étatiques ; ministres… bref, les membres des OSC se retrouvaient à tous les postes de responsabilité du pays ; là aussi, c’était pour service rendu. Le phénomène observé avec les syndicats s’est bellement reproduit avec les OSC ; sinon pire car ce dernier groupe regorge d’opportunistes en diables, arrogants et effrontés qui n’ont de bagage que la grosseur de leur volumineuse tête. Véritables zélés en toute matière, ils en ont fait voir, à leurs soeurs restées dans l’orthodoxie, de toutes les couleurs, les narguant et les trainant dans la boue à toute circonstance. Surtout à travers les médias d’état qu’ils ont transformé en une tribune d’avocats défenseurs du pouvoir.
Comme on le voit, le contexte du monde des travailleurs et des OSC au Niger est hautement lamentable. Des deux côtés, on compte deux tendances les OSC du pouvoir et celles qui ne le sont pas et qui n’auraient aucun argument solide à prouver leur indépendance vis-à-vis de l’opposition ; les syndicats du pouvoir et ceux qui ne le sont pas et qui n’auraient aucun argument solide à prouver leur indépendance vis-à-vis de l’opposition. Un véritable imbroglio dans lequel seul le diable peut dénicher une étincelle de vérité dans les agissements des uns et des autres.
Somme toute, c’est aujourd’hui cette configuration qui est en train de nuire considérablement à notre quiétude sociale et aussi à notre démocratie chèrement constituée, au prix de mil et un sacrifices. Tenez ! Il est depuis un certain temps devenu très clair que la démocratie est dangereusement menacée au Niger. Le Gury system qui a juré de revenir aux affaires n’a lésiné sur aucun moyen pour réussir cette entreprise. Faux-fuyants, délation, faux procès, déséquilibre de chance entre les candidats, intimidation et emprisonnement, des pratiques qui jurent d’avec tant les principes démocratiques que le contexte mondial épris de paix, de justice et de respect des valeurs humaines. Retour à la case départ ou table rase sur les espoirs chèrement construits et nourris par un peuple qui a démontré à plusieurs reprises des élans encourageants pour le jeu démocratique loyal et juste. Un tel contexte, comprenezle bien, ne saurait prévaloir au Niger, un pays qui a désormais intériorisé bien de valeurs universelles. Il faut arrêter cette descente aux enfers et, les principaux artisans restent comme à l’accoutumée les syndicats et les organisations de la Société Civile. En cette journée internationale du travail, quelqu’un osera-t-il par courage, lucidité, loyalisme et patriotisme rappeler à ces structures leur devoir urgent visà- vis de la Nation nigérienne ? Un tel acte parait dans le contexte actuel hautement suicidaire car, comme on le sait, la plupart des organisations syndicales et les OSC sont tapies derrières le Guri system qu’elles caressent en toute circonstance. Faites une déclaration aujourd’hui pour dénoncer les travers du pouvoir ; le lendemain, une horde de larbins sans vergogne surgiront sur les médias pour vous vilipender sans ménagement. De plus, vous risqueriez très certainement d’être rangés parmi les ennemis du régime, par conséquent coupés de tout soutien du pouvoir. Si des subterfuges ne sont pas concoctés pour imposer un procès aux issues scandaleuses.
Comme on le voit, la tache semble ardue mais pas impossible. En toute chose, surtout comme celle-là, il faut savoir consentir des sacrifices. Un adage bien connu dit « qu’on ne peut faires des omelettes sans casser des oeufs ». Elles le savent bien, elles les OSC, qu’un tel combat n’est ni gagné d’avance ni évalué conséquemment à travers l’espace et le temps. C’est ce que les OSC réunis au sein de la Résistance Citoyenne ont compris en engageant le combat pour la restauration de la démocratie. Le combat sera long et dur ; très dur même car il s’agit d’amener les gens à se défaire d’un certain nombre d’avantages pour revenir à la réalité des choses. Au vu de la cupidité qui anime plusieurs de ces acteurs mis en cause, le retour à l’orthodoxie ne s’effectuera pas comme par une baguette magique. Il faut de l’endurance. C’est aussi ce qu’il faut désormais enseigner et demander aux partis politiques de l’opposition qui semble déjà, déjà, déjà essoufflés. Il s’agit d’un sursaut citoyen à effectuer ; il prendra le temps qu’il prendra pour se réaliser. Mais il triomphera car jamais le mensonge n’a pris le dessus sur la vérité.
MAI SAMARI