A l’occasion de la visite au Niger des ministres français et allemand des affaires étrangères, les autorités nigériennes ont confirmé leur intention de jouer les gendarmes dans le cadre de la politique européenne d’endiguement des flux migratoires. Le communiqué final publié à l’issue de la rencontre entre les responsables des trois (3) pays (Niger, France, Allemagne) fait cas de "la convergence entre le Plan d’Action de La Valette et les politiques nationales du Niger en matière migratoire, y compris la législation adoptée en mai 2015 pour combattre la traite des êtres humains".
Ainsi, donc les autorités nigériennes ont accepté, moyennant un financement de 50 milliards FCFA, de s’investir totalement dans la lutte contre ce que les Européens appellent "la migration irrégulière", "le trafic de migrants" et "la traite des êtres humains". Cela veut dire que le Niger va prendre des mesures pour empêcher les migrants de remonter vers le Nord, y compris au mépris des dispositions du protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens. Cela veut dire que le Niger installera, avec l’appui des Européens, et l’expertise de l’OIM, des centres de rétention des migrants sur son territoire.
Par ailleurs, et c’est le plus grave encore, le Niger accepte de signer un accord de réadmission avec les pays européens. Un accord de réadmission signifie que le Niger va accepter que l’expulsion vers son territoire de ses propres ressortissants ou de ressortissants d’autres pays qui ont pu traverser le désert du Sahara et la Méditerranée pour se retrouver en Europe. Cela veut dire que le Niger va faire ce que le Mali voisin, où les deux ministres français et allemand sont passés, avant de venir ici, n’a pas osé faire. C’est là une décision grave et lourde de conséquences, qui montre combien nos dirigeants sont plus que jamais soumis au diktat de l’extérieur. Comment peut-on tomber aussi bas, c’est-à-dire s’ériger en gendarme de la lutte contre la migration dite irrégulière, pour seulement 50 milliards de FCFA ?