Le programme Agadez Sokni permettra de donner un nouveau visage à la ville d’Agadez, la mise en valeur de tout le charme de la région, la beauté artistique du Ténéré nigérien, et de doter la ville d’infrastructures modernes à travers l’important investissement de près de 50 milliards de francs CFA annoncé par le Premier ministre lors du lancement officiel des travaux du Programme Sokni 2016.
Cependant, ces investissements qui concernent pour l’essentiel l’aménagement et le bitumage de 10 kilomètres de voies dans la ville d’Agadez, la réfection des infrastructures sportives, culturelles, administratives, hydrauliques et énergétiques, l’amélioration des sites touristiques (Cure salée, festival de l’Aïr, gravures rupestres Dabous), ne doivent pas masquer les vrais problèmes de développement auxquels la région est confrontée depuis des décennies.
En effet, à force d’être le théâtre de multiples conflits armés, depuis plusieurs décennies, Agadez a accusé d’énormes retards en matière de développement socioéconomique.
Les activités touristiques dans lesquelles la région d’Agadez était le leader incontesté au Niger, ont cessé du jour au lendemain, entrainant un manque à gagner énorme pour une bonne frange de la population. Les secteurs sociaux de base essentiels comme la Santé et l’Education ont vu leur fonctionnement perturbé quand il n’a pas été tout simplement arrêté. Les conséquences des conflits sont incalculables et se ressentent dans des domaines qu’il serait impossible de lister ici.
Il n’est peut-être pas trop tard pour les membres du comité d’orientation de penser à la mise en place d’infrastructures qui, au-delà de leur caractère récréatif, doivent permettre la prise en charge, au niveau local, des défis et enjeux majeurs en matière de bien-être individuel et collectif des populations de la région.
Comme le souhaitent les populations, cela peut se traduire par la réalisation d’infrastructures idoines, notamment un centre de formation professionnelle de référence pour former toutes les catégories sociales, parmi lesquelles les femmes, résorber le chômage endémique des jeunes par la création d’activités pourvoyeuses d’emplois.
Il s’agira de profiter des opportunités offertes par les gros investissements du SOKNI 2016 pour créer les conditions de croissance d’une économie susceptible de déboucher sur un développement durable pour tous, et offrir aux jeunes, garçons et filles sans occupations, une occasion de créer aussi des pôles d’intérêts économiques qui ouvriront la voie à des possibilités d’activités génératrices de revenus.
Les problèmes locaux et régionaux de développement doivent aussi trouver des solutions grâce la mise en place d’institutions fiables pour faire face aux contraintes liées à l’enclavement interne et externe et à l’absence de commercialisation des produits agro-pastoraux, source de revenus essentiels des populations nomades.
Pour le cas spécifique de la ville d’Agadez, où le phénomène d’urbanisation se développe de manière préoccupante avec de nouveaux quartiers qui poussent à un rythme exponentiel, il serait aussi souhaitable que les techniciens chargés de l’organisation de la fête tournante du 18 décembre pensent à la création de centres de promotion et de relance des activités touristiques et artisanales, de centres de dynamisation des activités commerciales et industrielles, et de centres de production et création d’emplois.
En effet, le développement régional passe impérativement par l’implantation des secteurs industriels structurants pour l’exploitation des atouts indéniables de la région que sont ses potentialités pour la verrerie, la fibre optique et les composants électroniques; les importantes réserves minières; l’important cheptel de la région; le carrefour commercial; les potentialités touristiques etc.
Les objectifs du SOKNI doivent porter sur les secteurs prioritaires, du secteur social à l’ossature économique et aux infrastructures qui l’accompagnent, ainsi qu’aux mécanismes institutionnels, juridiques et politiques organisant le cadre d’exécution des politiques sectorielles.
Il s’agit essentiellement du développement rural, donc de la promotion d’une agriculture durable génératrice de revenus, et des formes d’organisation autonomes des producteurs; de l’amélioration de l’état de santé de la population de la région à travers les objectifs intermédiaires; de la culture de la paix; de l’amélioration du cadre de vie; de la protection de l’environnement ; et de la construction de réseaux routiers fiables.
Par ailleurs, les structures d’organisation d’Agadez SOKNI doivent corriger certaines lacunes constatées: aucune infrastructure n’a été prévue pour l’université d’Agadez qui est logé dans l’enceinte de l’Ecole des Mines de l’Aïr (EMAÏR), ni pour l’Agence Nigérienne de Presse (ANP) et l’Office National d’Edition de Presse (ONEP).
En plus, les organisateurs d’Agadez SOKNI doivent avoir une pensée pour les jeunes par la création d’une infrastructure leur permettant d’utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour approfondir leurs connaissances. Ils pourront ainsi assumer leur processus d’apprentissage et chercher à exploiter les différentes technologies, séparément ou en combinaison, afin d’acquérir des compétences en la matière, d’autant plus que ce sont les jeunes qui façonnent la société, en remettant en question certaines mœurs et pratiques désuètes, et redéfinissant les concepts de l’interaction sociale par le développement des idées et l’intérêt pour les questions d’importance nationale et internationale .