Les Nigériens ne manquent pas de mots pour traduire leur déception face à un homme, un gueulard qui a voulu qu’on croit à la sincérité de son combat : pour certains c’est un mythe qui se brise, pour d’autres c’est la fin d’un guerrier qui n’a pas su résister à la tentation du gain facile, de la cupidité. Comment Nouhou Arzika a su se faire prendre dans ce piège grossier ? Ceux qui ont cru à l’homme, savent désormais à qui ils ont à faire désormais. Ils en ont pour leur compte…
On comprend donc pourquoi, il a son pôle dans un autre camp de la société civile, se taisant sur les graves atteintes aux libertés publiques, à la démocratie, aux droits humains. Comme quoi, il est difficile d’être un héros. Nouhou Arzika a choisi son camp qui n’est ni celui de la vérité, encore moins de la justice et de la démocratie. C’est son droit. Mais en agissant dans l’ambivalence, il a cru pouvoir se rendre invisible et notamment en organisant certaines sorties sur les médias où, par ses « diarrhées verbales », bavant, il s’attaque à tout et à tout le monde comme pour faire croire qu’il est le seul valable qui reste dans ce pays, il ne restait que lui dans un pays surpeuplé de tricheurs et d’arrivistes.
C’est sur les réseaux sociaux que l’on a vu circuler le fameux chèque de quelques 16 millions « de nos francs lourds » comme dirait l’autre, et qui auraient servi à faire connaitre dans le milieu de la société civile l’ARTP. Nouhou s’est trouvé de nouveaux talents de communicateur. Il vend ses services qu’il a alors proposés à cette structure pour prendre quelques 16 millions sucrés mais bien empoisonnés.
Des certitudes
Depuis toujours, certains Nigériens n’ont jamais cru à cet homme qui a pour sport favori, la gymnastique des discours. D’ailleurs cela fait bien longtemps que l’on a commencé à douter du combat de cet homme et des sournoiseries de son militantisme. On se rappelle que sous Tandja, il avait d’abord commencé par dénoncer le régime, faisant croire à sa neutralité avant de mettre le clignotant, pour carrément aller du côté du Tazartché dont il était devenu un farouche défenseur mettant ainsi de la confusion dans son rôle d’acteur de la société civile. Il dit l’assumer même après les déboires que le projet a connus. Au Niger, il y a des « machines du militantisme » conditionnées sur le campus, incapables de se défaire d’idées reçues et du dressage dont ils ont été l’objet pour apprendre à agir dans le discernement, librement. La société civile n’est plus pour certains qu’un prétexte comme d’ailleurs cela est vrai pour certains syndicats, pour agir en complicité avec des groupes d’intérêt politiques et d’autres groupes de pression. Ce mercenariat est sans doute l’une des graves plaies de notre démocratie. Certains hommes politiques, laissent des hommes agir comme par procuration, et dans bien de cas, l’on soupçonne que cela se fait à coups de fric. Derrière certains acteurs de la société civile et de certains syndicalistes, il y a des hommes politiques pour lesquels ils ne sont que des marionnettes.
Ces 16 millions si utiles ont sali Nouhou Arzika et son combat. Il perd sa crédibilité et personne ne peut le croire demain, quand il osera sortir pour parler. Il s’en est rendu compte, quand sortant pour se défendre, l’on l’a entendu tenir ce discours laborieux qui ne convainc personne.
Ces 16 millions si brillants ont tacheté la carrière de l’homme. Son étoile s’est obscurcie. En allant prendre ces 16 millions « frais » de l’ARTP, Nouhou se mettait la corde au coup, étranglant son parcours. Il est difficile d’être un héros.
Quel avenir ?
Quand un acteur de la société civile, quand un syndicaliste tombe dans la prostitution pour faire chanter des acteurs politiques, les racketter, ce qu’il se rend compte qu’il est dans la vilenie. Finalement dans ce pays, c’est terrible de comprendre que l’homme nigérien manque d’orgueil pour son honneur afin de le préserver même mis à genoux par la misère et le besoin. L’homme a un prix dans ce pays. On le prend contre un poste juteux, contre une impunité, contre une déclaration de soutien, C’est le drame que vit notre démocratie et notre société qui se trouvent dès lors dans l’incapacité d’assurer à la jeunesse montante, la transmission de valeurs morales dont les hommes ont forcément besoin pour bâtir solidement une nation.
Et le peuple dans tout ça ?
Le peuple ne peut qu’en être dérouté. Quand la classe politique déçoit n’agissant que pour ses intérêts mesquins et que la société civile se prostitue, le peule ne peut que s’égarer, perdant confiance aux autres et souvent en luimême. C’est peut-être cette tragédie que vit le peuple Nigérien qui vit aujourd’hui dans l’expectative, complètement déboussolé, atterré. Gagné par le désespoir, il rumine ses douleurs, attendant le prochain messie. Nous sommes dans la faillite morale d’une société qui perd ses repères où l’on ne sait mettre dans la balance que l’argent comptant. C’est dommage.
A quand le nouvel éveil ? Question existentielle tragique pour les Nigériens.