Il y a 25 ans, alors que se jouait dans une salle du Ministère des Affaires Etrangères l’avenir du Niger, la Nigérienne, cette femme marginalisée et reléguée au second plan, se réveilla brusquement de son long sommeil et réclama de vive voix sa place, toute sa place au sein de la société nigérienne. La lionne rugit de plus belle et tous les mâles se mirent au pas. Ainsi, à l’appel des pionnières, les femmes nigériennes organisèrent une marche gigantesque pour arracher leurs droits.
Le 13 mai 1991, jour déclencheur de cette marche mémorable, fut dès lors proclamé, par les autorités, Journée Nationale de la Femme. Une journée célébrée chaque année avec faste par les nigériennes.
En 25 ans de lutte acharnée, souvent passionnée, la femme nigérienne a conquis un certain nombre d’acquis indéniables. L’un des acquis majeurs est sans conteste la loi sur le quota qui permet à la Nigérienne d’occuper derechef des postes de responsabilité suivant un quota bien déterminé. Cette loi a permis une certaine élévation de la représentativité de la femme au sein de toutes les institutions de la République. Le combat pour le respect du genre s’intensifia dès lors partout au sein de l’administration nigérienne.
Aujourd’hui, en dépit de certaines insuffisances, le genre est reconnu et respecté au Niger. Il ne reste plus qu’à promouvoir partout l’équité entre les hommes et les femmes, tout en prônant une politique de ‘’démarginalisation’’ des femmes comme base essentielle pour le développement humain et l’éradication de la pauvreté.
Les autres acquis en faveur de la femme nigérienne, comme l’a souligné dans son message commémoratif, la ministre en charge de la Promotion de la Femme, Dr Amadou Aïssata, sont entre autres l’élaboration du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2012 – 2015 ; la création au sein du Ministère en charge de la Promotion de la Femme d’une Direction de l’Autonomisation des Femmes, et l’élaboration d’un Programme National d’Autonomisation des Femmes ; l’allégement des tâches domestiques des femmes, etc.
Malgré ces avancées significatives, beaucoup reste à faire. En effet, les femmes nigériennes sont confrontées à la pauvreté ; elles croulent sous le poids des travaux domestiques avec la préparation des repas, la corvée d’eau et de bois, les nombreuses maternités qui les épuisent autant qu'elles accroissent leurs responsabilités de mère de famille. Et dans bien des cas, lors de crise alimentaire ou d'insécurité, et en l'absence du mari, la survie de la famille lui incombe totalement. Ne parlons pas de la transformation de produits agricoles, ni des travaux champêtres et de l’éducation des enfants !
En dépit de toutes ces pesanteurs et difficultés, les femmes mènent des activités génératrices de revenus dans tous les secteurs de production comme l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le petit commerce. Toutefois, leur contribution à la création des richesses est limitée du fait que les moyens modernes de production et de transformation des produits ne leur sont pas souvent accessibles.
En outre, elles sont confrontées aux difficultés d’accès à la propriété foncière, au système des crédits bancaires classique et à l’emploi dans le secteur moderne. D’où la pertinence du thème retenu cette année à savoir ‘’l’Autonomisation des Femmes en lien avec le Développement Durable’’. Un thème qui cadre parfaitement avec les priorités des autorités de la 7ème République, celles de donner aux femmes des opportunités d’être des actrices incontournables du développement de notre pays. Pour ce faire, elles doivent, plus que par le passé, s’engager dans tous les combats politiques pour s’affirmer et s’imposer. Au-delà du folklore du 13 mai, une véritable renaissance culturelle de la femme nigérienne, actrice et maîtresse de son destin, est souhaitable dans ce Niger émergeant.
D’ailleurs, dès le 13 mai 2011, en prenant personnellement part au meeting organisé à l’occasion de la Journée Nationale de la Femme Nigérienne, au Palais des Congrès, le Président Issoufou Mahamadou a non seulement rendu un hommage mérité aux femmes nigériennes, mais aussi leur a assuré qu’elles peuvent toujours compter sur lui pour les écouter et les accompagner dans le noble combat pour la revendication de leurs droits. ‘’Mon intime conviction est que le développement du Niger se fera avec les femmes’’. Pour donner plus de poids à cette affirmation, le Président de la République a poursuivi en développant certains aspects du Programme de Renaissance du Niger, dont la mise en œuvre permettra d’améliorer la situation de la femme, et aussi de l’enfant. A cette même occasion, le Chef de l’Etat lançait un appel aux femmes pour poursuivre, avec encore plus de détermination, la lutte afin de réduire les contraintes qui s'opposent à leur pleine et entière participation à la vie politique de la Nation.
Dans des pays comme le Rwanda, les femmes représentent plus de 63% de la chambre des députés. Elles se sont imposées, non pas du fait de la Constitution, qui attribue au moins 30% des postes aux femmes dans les instances de prise de décision de l’Etat, mais parce qu’elles ont su trouver les moyens de se faire entendre. Mais pour en arriver là, les femmes rwandaises ont apporté la preuve de leur combativité en se mobilisant d’égal à égal, avec les hommes, sur tous les chantiers du développement de leur pays, y compris dans l’armée, au front et les armes à la main. Alors, pourquoi pas vous, Mesdames ?