Jean Pierre Olivier de Sardan, un français naturalisé nigérien et résident au Niger depuis plusieurs année où il dirige à Niamey le LASDEL (Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local ), a publié dans le journal français Marianne, un texte intitulé « Lettre à mes amis du parti vainqueur : saurez-vous ne pas reproduire les erreurs du passé ?», dans laquelle « lettre » il a « courtoisement » critiqué l’absence de résultats de « la Renaissance » et indexé les choix stratégiques erronés de ses « amis » au pouvoir.
Reconnus pourtant très « allergiques aux critiques » et même très réactifs, les amis de JPO de Sardan, ont dans un premier temps fortement été embarrassés par cette sortie de « l’ami français ». Ni Bazoum Mohamed, ni Hassoumi Massaoudou, les deux principaux artilleurs du régime n’ont daigné répondre à ce « provocateur professionnel » qui élève un peu trop sa voix au Niger et s’érige en donneur de leçons, juste parce qu’il a la nationalité nigérienne. Qu’il se souvienne du débat sur la déchéance de la nationalité dans son hexagone natal, ont-ils manqué de lui rappeler !
Un temps, on croyait leurs becs cloués et les débats terminés. Mais un nouveau personnage, tel dans un roman de fiction, intervient pour relancer de plus belle la polémique. Harouna Abdouramane, c’est de lui qu’il s’agit, un biographe du Président Issoufou, fort de sa récente publication (les boutures de manioc), s’est senti investi du devoir intellectuel de répondre à JPO de Sardan, en lieu et place des « vrais amis » de celui-ci. Histoire peut-être de relancer ses ventes. C’était le 6 mai 2016 dans le Républicain à travers un texte titré « Lettre à un ‘ami’ du PNDS Tarraya : Réponse à JP Olivier de Sardan ».
Mais de l’avis des lecteurs nigériens qui suivaient ces joutes intellectuelles avec délectation, « l’écrivain – Avocat » qui voulait manifestement défendre le régime, n’a pas réussi à donner l’estocade appropriée qui devrait définitivement remettre le « franco nigérien »à sa place. Son texte généreusement euphémique et volontairement fastidieux, ressemblait plus à une débauche d’énergie intellectuelle qu’à une véritable opération de « restauration » de l’intégrité écornée des « amis du PNDS ». C’était plus ou moins raté comme plaidoirie.
JPO de Sardan comprit alors qu’il avait la main sur débat. Les lecteurs et les internautes nigériens en particulier, le félicitaient pour avoir secoué le cocotier rose et surtout, pour avoir dit des vérités que ses « amis du PNDS » ne voulaient pas entendre. Il en profite pour asséner d’autres vérités et clarifier davantage son message. Dans un texte publié le 10 mai sur les sites d’informations en ligne sous le titre « Réponse de Jean Pierre Olivier de Sardan au texte de l’écrivain nigérien Harouna Abdouramane », le franco nigérien redirige les débats sur « la qualité » de ce que font « ses amis du parti vainqueur » et non sur « la quantité » que chantent les thuriféraires du régime.
En attendant la prochaine « Réponse à Jean Pierre Olivier de Sardan », les commentateurs nigériens sont unanimes sur au moins deux points. Premièrement, le franco nigérien rend ici un service inestimable à son pays d’adoption et en particulier, à ses « amis du PNDS ». Ce débat qu’il a lancé court-circuite, voire enterre littéralement l’autre débat en cours, celui de la légitimité des institutions issues d’élections contestées. Désormais Issoufou et ses « camarades » peuvent dormir tranquille, les nigériens ne débattront que de la « quantité » et de la « qualité ».
Deuxio, il a fallu qu’un « blanc » écrive une simple lettre pour qu’il soit écouté, pris au sérieux et pour qu’il ait droit à une « réponse » rapide. Auparavant, plusieurs intellectuels nigériens ont lessivé leur cerveau en écrivant au Président Issoufou Mahamadou des lettres ouvertes d’une qualité intellectuelle et littéraire irréprochable, sans qu’ils n’aient reçu le moindre égard. Mais là, il a fallu que ce soit un « nigérien blanc » qui écrive pour que la jet 7 intellectuelle du PNDS Taraya commence à se torturer les méninges.
Preuve que les « amis » de JPO de Sardan sont complexés.