Dosso - En prélude à la célébration de la 39 ème journée internationale des musées, dont le thème est : musées et paysages culturels, M. Haladou Maman, Conservateur du musée régional de Dosso a bien voulu se soumettre aux questions de l’Agence nigérienne de presse (ANP).
Voici sa présentation sommaire du Conseil International des Musées (ICOM) qui s’avère nécessaire pour l’information du public.
Le Conseil International des Musées (ICOM) est créé en 1946 à Paris à l’initiative de l’américain Chauncey J. Homlin, président de l’Association des Musées américains (AAM). L’ICOM est une organisation internationale non gouvernementale consacrée au développement des musées et de la profession muséale afin d’œuvrer pour une préservation et sauvegarde du patrimoine culturel et naturel. Cette association regroupe environs 20.000 membres répartis dans 145 pays agissant au sein de 105 comités nationaux, 13 organisations affiliés et 7 organisations régionales.
Pour des raisons d’efficacité et une bonne maîtrise du code de déontologie et d’éthique professionnel, l’organisation de l’ICOM peut s’articuler autour des structures suivantes :
- Le conseil exécutif
- Le comité consultatif
- Les comités nationaux
- Les organisations régionales
- Les comités internationaux
- Les organisations internationales affiliées
- Le secrétariat général
- Le rapport financier
Il faut noter que l’ICOM est dirigé par un conseil exécutif élu par une Assemblée Générale de l’association ou alliance qui se tient tous les trois ans. A ce titre, l’ICOM est une organisation non gouvernementale (ONG) en relation formelle avec l’UNESCO et jouit d’un statut consultatif auprès du conseil économique et social des Nations Unies.
Association à but non lucratif, l’ICOM est financée en grande partie par les cotisations des membres, mais reçoit également des appuis techniques et financiers de divers organismes internationaux publics et privés ainsi que des pays donateurs. Au niveau du continent africain, AFRICOM est le partenaire de l’ICOM qui s’est constitué pour l’élaboration des projets africains en matière des musées. Son siège est à Nairobi au Kenya.
A titre de rappel, il faut souligner que le professeur Alpha Omar Konaré est le premier africain à occuper le poste de président de l’ICOM avant de devenir président de la République du Mali en 1992.
Par rapport à la célébration des journées, il a été décidé d’instituer cette tournante à partir de 1977 précisément le 18 mai de chaque année pour célébrer la journée internationale. En fait, pourquoi une journée internationale pour les musées ?
En effet, depuis sa création en 1946 à Paris, il a fallu 1977 pour arrêter définitivement cette date du 18 mai pour cette célébration. Chaque année, les professionnels des musées du monde entier célèbrent dans l’allégresse une journée autour d’un thème choisi par l’ICOM afin de promouvoir les musées et leur rôle dans les communautés.
Pour cette année 2016, l’ICOM place cette célébration sous le thème «musées et paysages culturels », thème également retenu pour la conférence générale de l’UNESCO prévue à Milan (Italie) en juin 2016. En effet au regard de la situation du patrimoine mondial en général et des paysages culturels en particulier à travers le monde, le choix d’un tel thème n’est pas fortuit. Si la conférence générale de l’UNESCO prévue a maintenu le même thème de la journée internationale du 18 mai, c’est en réalité pour faire face à plusieurs impératifs ayant trait à la situation précaire que vit le patrimoine culturel à travers le monde.
A titre illustratif, on peut évoquer entre autres le pillage systématique à travers le monde suivi de leur destruction en l’occurrence le musée de Mossoul en Irak, la destruction et l’occupation de la cité de Palmyre en Syrie par l’état islamique, site pourtant classé patrimoine mondial de l’humanité. Les coûts de restauration du bâtiment et des collections endommagées de ce site vieux de 600 ans avant notre ère sont estimés à 40 milliards de dollars programmés sur cinq ans dont les travaux sont confiés à une équipe du musée de Saint-Pétersbourg (Russie) par l’UNESCO.
Tout près de nous, nous avons la destruction amorcée des tombeaux des Askias au Mali heureusement stoppée par l’intervention de l’UNESCO, les forces françaises et maliennes pour ne citer que ces exemples.
Ce sous titrage commun entre la journée internationale et la conférence générale de l’UNESCO traduit un engagement fort de la communauté internationale face à cette menace de destruction irréversible de notre mémoire collective. C’est pourquoi, en cette journée mémorable de célébration et de la conférence générale de l’UNESCO de Milan, la question des sites ou paysages culturels, leur notion ou concept seront les points forts des discussions.
Il faut le reconnaître qu’à nos jours, le concept ou notion des sites ou paysages culturels est progressivement passé d’une simple reconnaissance des biens qui s’y trouvent sur le site à une reconnaissance globale intégrant ces biens à leur environnement immédiat autrement dit l’architecture aux alentours, le couvert végétal et autres éléments dont la disparition dénaturerait le site ou paysage.
En effet, le site de la vieille ville d’Agadez classé patrimoine mondial de l’humanité en 2013 constitue un exemple concret de paysage culturel intimement lié. Ce paysage unique dont la mosquée d’Agadez constitue une composante fait la fierté de tous les nigériens. Il en est de même pour le parc du W inscrit en 1996 (site naturel) et la réserve de l’Aïr inscrite en 1991.Tous ces sites font partie des 1.007 sites du patrimoine mondial culturel et naturel inscrits par l’UNESCO dont 779 sites culturels, 197 sites naturels et 31 sites mixtes répartis dans 161 pays du monde.
Cette situation du patrimoine mondial de l’humanité est à la date de la 38ème session du patrimoine mondial de l’humanité tenue à Doha (Qatar) du 15 au 25 janvier 2014.