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Mr Amadou HAROUNA, Haut-commissaire à l’Aménagement de la Vallée du Niger : ‘’Kandadji est au cœur du développement
Publié le samedi 21 mai 2016   |  Nigerdiaspora


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© Autre presse par DR
Mr Amadou HAROUNA, Haut-commissaire à l`Aménagement de la Vallée du Niger


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M. le Haut commissaire, le programme Kandadji de régénération des écosystèmes et de mise en valeur de la vallée du Niger est un programme à buts multiples. Quels sont les objectifs visés à travers ce programme ?

Merci de l’opportunité que vous m’offrez de parler de ‘’Kandadji’’. L’objectif général du programme Kandadji est d’accroître l’accès à l’eau pour le développement agricole, la capacité de production d’énergie hydroélectrique dans la partie nigérienne du Bassin du Niger et de contribuer à la réduction de la variabilité saisonnière du débit du fleuve Niger en aval de Kandadji jusqu’aux frontières béninoise et nigériane.

Pour atteindre l’objectif général, trois objectifs spécifiques ont été assignés au programme. Le premier porte sur la contribution à la réduction de la variabilité saisonnière du débit en aval de Kandadji à travers la création d’un réservoir d’une capacité suffisante répondant aux exigences de soutien d’étiage (120 m3/seconde à Niamey) pour atténuer la dégradation de l’écosystème du fleuve. Le deuxième vise à accroître l’accès à l’eau pour le développement agricole, l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie des populations à travers la mise en valeur du potentiel de terres irrigables de la vallée et de la pisciculture. Le troisième enfin a trait à l’accroissement de la capacité de production nationale d’énergie hydroélectrique permettant de couvrir les besoins du pays en énergie. Vous comprenez que ‘’Kandadji’’ est au cœur de la problématique du développement durable au Niger.

Ce Programme, il faut le préciser, est conçu autour du barrage de Kandadji projeté sur le fleuve Niger, à environ 180 kilomètres en amont de Niamey, et 60 kilomètres en aval de la frontière avec le Mali.
Qu’est-ce qui est prévu dans la composante hydro-électrique, et quand est-ce que cette composante sera mise en œuvre de manière effective?

La composante ‘’Infrastructures énergétiques’’ comporte notamment l’étude d’un Schéma Directeur de production-transport de l’énergie. Cette étude, qui a démarré le 30 novembre 2015, est en cours. Il y a l’équipement de la centrale hydro-électrique, dont le dossier de pré-qualification a été actualisé et envoyé à la Banque Mondiale et à l’Agence Française de Développement à la mi-avril 2016, pour non objection. La composante ‘’Infrastructures énergétiques’’ comporte aussi une étude pour la détermination d’une structure de gestion du futur barrage. La sélection du bureau d’études est en cours. Il y a également la construction de la ligne de transport d’énergie Kandadji-Niamey et le poste d’arrivée. La Banque Islamique de Développement a approuvé le financement du coût total de cette ligne. La mise en œuvre de cette composante est donc au stade de démarrage des principales activités.

Où en êtes-vous dans la mise en œuvre de ce programme?

Le programme comprend les travaux du génie civil du barrage et ses ouvrages annexes, ainsi que la mise en œuvre des plans environnementaux et sociaux. Les travaux du génie civil du barrage et ses ouvrages annexes sont l’équipement de la centrale hydro-électrique, la construction de la ligne de transport de l’énergie de Kandadji à Niamey et le poste associé, la route de déviation. Quant aux plans environnementaux et sociaux, ils concernent la réinstallation des populations, les mesures de sauvegarde environnementale et sociale, le Plan de Développement local et le Développement du Pôle de croissance de l’irrigation.

Pour le génie civil du barrage et de la centrale hydro-électrique, il faut noter que les travaux préparatoires comprenant la construction de la cité du maître d’ouvrage (bâtiments avec accès et VRD associés), le pont pour le franchissement d’un bras du fleuve lors des travaux, la protection des batardeaux, le recalibrage du chenal de dérivation et l’entretien des pistes d’accès aux zones des travaux sont terminés.
Pour ce qui concerne le maître d’œuvre des travaux de génie civil et des équipements hydromécaniques, il a été recruté en août 2015, pour une durée de 48 mois.

Il faut préciser aussi que le maître d’œuvre assure, entre autres, la direction de l’exécution des contrats de travaux, la gestion des interfaces, la coordination et le pilotage du chantier, les contrôles, les essais et la réception à l’usine au cours de la fabrication des équipements hydromécaniques et électromécaniques du barrage et de l’usine, la surveillance des travaux sur le site, la coordination et la supervision des essais de réception sur le site et de mise en service et l’assistance pendant la durée de la garantie, ainsi que la formation du personnel du maître d’ouvrage pour le suivi des travaux et du personnel qui sera chargé de l’exploitation.

La mise à jour des Avant Projets Détaillés (APD) et des Dossiers d’Appel d’Offres (DAO) est très avancée pour la sélection des entreprises qui auront à construire le barrage et la centrale hydro-électrique. La pré-qualification des entreprises pour les travaux de génie civil et équipements hydromécaniques est terminée. La liste restreinte de sept (7) entreprises pré qualifiées a reçu l’avis de non objection des partenaires, le 20 avril 2015. Le lancement de la consultation se fera après la validation de la revue de l’APD et des DAO par les Partenaires Techniques et Financiers, prévue initialement en juin 2016.


S’agissant de la réinstallation, une première vague de 774 ménages a été indemnisée pour la construction de leurs habitations. Sur les 774 ménages ayant perçu leurs indemnisations, 441 ménages ont regagné leurs habitations sur les nouveaux sites.

Le coût global de la réinstallation de la première vague a atteint 30 milliards 120 millions 066 mille 699 FCFA. Il a permis de prendre en charge, outre les indemnisations et les compensations pour pertes de production, la construction de plusieurs infrastructures sociales (classes, centres de santé, adduction d’eau potables, mosquée….) et l’aménagement de 2000 hectares de terres irrigables.
Pour bien préparer la deuxième vague des populations à réinstaller, il a été procédé à la réalisation d’un audit technique de la mise en œuvre de la première vague afin d’en tirer les leçons et les points à améliorer pour mieux réussir la 2ème vague. Ensuite, il sera procédé au recensement de la population à réinstaller, au métrage de leurs terres et à l’élaboration de plans d’actions pour la réinstallation. Le dossier relatif à l’étude pour la réinstallation est bien avancé puisqu’il a été transmis à la Banque Mondiale pour avis de non objection.



Il faut souligner qu’un recensement effectué en 2009 estime à 37.891 le nombre de personnes concernées par cette 2ème vague.
La réinstallation des populations de cette vague est, à l’évidence, l’un des défis important de la mise en œuvre du programme Kandadji. Pour fixer les idées, il faut retenir qu’à la côte 228 retenue actuellement pour la construction du barrage, une bonne partie de la ville d’Ayorou doit être réinstallée.


Par rapport aux mesures de sauvegarde environnementale, il y a eu plusieurs réalisations dont la réalisation des travaux de banquettes et demi-lunes sur 1.099 ha, la réalisation de 100 km de bois collectifs et l’étude de formations naturelles sur 1.600 ha ; la plantation d’ombrage et d’alignement dans les trois (3) villages réinstallés (Kandadji, Sanguilé et Alsilamé) ; la réhabilitation de la pépinière départementale de Téra et la création en cours des pépinières départementales d’Ayorou et de Bankilaré ; l’élaboration d’étude portant sur le plan de gestion intégrée des plantes aquatiques proliférantes dans la zone d’intervention du programme Kandadji ; l’acquisition de 10.000 moustiquaires imprégnées au profit des populations concernées par le déplacement involontaire ; la formation des agents villageois de la santé, le suivi épidémiologique, et la surveillance de carence nutritionnelle des populations (Direction Régionale de la Santé Publique à Tillabéri); la sensibilisation des populations en matière de santé de base (consortium d’ONG) ; la réalisation des fouilles archéologiques d’urgence (Institut de Recherche en Sciences Humaines) constituée de sept (7) sites de la tranche d’urgence et de la seconde phase ; l’empoissonnement des mares et bras morts, avec formation et équipement des pêcheurs, introduction de poissons géniteurs.

Le suivi de cette activité est assuré par la Direction Régionale de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable de Tillabéri.

En outre, il y a eu la passation de deux conventions de partenariat avec les radios communautaires d’Ayorou et de Bankilaré, ayant pour objet d’informer, de sensibiliser et former les populations en vue de leur mobilisation pour la mise en œuvre effective et efficace des activités y afférentes, et de créer et/ou améliorer les conditions favorables d’échanges d’informations sur les activités du programme au profit de tous les acteurs concernés par la réalisation du barrage.

Enfin, le processus de la création d’une aire protégée dénommée ‘’Réserve Naturelle Nationale de Kandadji’’ est très avancé.
Concernant la mise en œuvre du Plan de Développement Local, il importe de rappeler qu’il vise à accompagner les populations impactées par la réalisation du barrage à travers le renforcement des capacités organisationnelles et institutionnelles des structures locales.


Ainsi, 211 groupements féminins et mixtes opérationnels, avec 5 866 membres dont 4 593 femmes et 1 273 hommes, ont été mis en place et sont renforcés sur les techniques de gestion et de transformation des produits agro-sylvo pastoraux ; 200 organisations paysannes (OP) ont été inventoriées et restructurées en 4 Unions ; 18 agents de développement locaux et 8 animateurs de terrain assurent le suivi de proximité des activités des groupements et des organisations communautaires de base.
Un montant de 1 465 207 469 F CFA a été décaissé dans le cadre de la mise en œuvre des microprojets des 9 communes couvertes par le programme (écoles, centres de santé intégrés, activités génératrices de revenus, assainissement, vaches laitières, embouche et protection de l’environnement).

Enfin, pour la mise en œuvre du Développement du pôle de croissance de l’irrigation, il s’agit notamment d’aménager 6000 ha pour la compensation des pertes de terres dont 2000 déjà réalisés et 4000 en cours d’étude. Sur les 2000 ha réalisés, 3170 parcelles de 0,5 ha ont été aménagées et 800 ha (1237 parcelles) sont actuellement mis en valeur par 1025 exploitants dont 127 femmes.

Il s’agit aussi d’élaborer un schéma directeur de développement intégré de la vallée, y compris l’élaboration d’avant-projets sommaires de 45000 ha, et d’avant-projets détaillés et dossiers d’appel d’offres sur 20 000 ha ; de développer un pôle de croissance de 4 000 ha ; et enfin de réhabiliter 1500 ha de périmètres existants.


Comme vous pouvez le noter, la mise en œuvre de programme Kandadji se poursuit, peut-être pas au rythme souhaité par les uns et les autres. Cependant, il y a lieu de souligner que cette mise en œuvre des activités du Programme est confrontée à quelques difficultés telles que la coordination de onze (11) partenaires techniques et financiers avec leurs différentes procédures; la réinstallation des populations dans le respect des politiques de sauvegarde et la faible capacité de certains acteurs.
Mais, comme vous le savez, ‘’Kandadji’’ est un programme extrêmement important pour les Autorités de la 7ème République. Son Excellence Monsieur le Président de la République et Son Excellence Monsieur le Premier ministre ont fait prendre toutes les dispositions qui ont permis la mise en place des fondations solides rendant irréversible la construction du barrage.

Au cours de ce 2ème mandat, leur engagement ferme devrait permettre la réalisation effective de cette importante infrastructure.
En perspective, et afin de répondre au souci d’une exécution efficace du Programme, un décret de création de l’Agence du Barrage de Kandadji (ABK) a été pris par le Gouvernement le 26 janvier 2016. Les échanges réguliers et de haut niveau avec les Partenaires Techniques et Financiers devraient permettre de dissiper toutes les difficultés qui entravent l’exécution du barrage.

En somme, il faut retenir que l’ambition des plus Hautes Autorités est une mise en eau du barrage, au plus tard en 2021. Quels sont les avantages sociaux et économiques du programme vis-à-vis des populations affectées ?

Au regard de ce qui précède, vous avez certainement noté que ‘’Kandadji’’ est un programme national. C’est vrai que sa mise en œuvre, comme tout grand projet d’infrastructures, affectera directement la population installée dans la zone
Cette population affectée verra ses conditions de vie améliorées grâce à l’accès aux services socio-économiques de base à travers le Plan d’Action de Réinstallation, le Plan de Développement Local, le Plan de Gestion Environnemental et Social, le Pôle de Croissance et le développement de l’irrigation. Ainsi, à travers le ‘’Plan d’Action de Réinstallation’’, il y a déjà, au profit de cette population, l’eau potable, l’assainissement, des écoles, le service de santé publique et de surveillance épidémiologique, la compensation et l’indemnisation, l’aménagement de périmètres irrigués avec deux campagnes annuelles de production de riz dont le rendement est en moyenne de 5 tonnes à l’hectare.


Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Développement Local (PDL Kandadji), il est prévu au profit de la population, en plus des infrastructures socio-économiques, des Activités Génératrices de Revenus comme les micro-projets d’embouche, de vaches laitières, de banques céréalières, de banques d’aliments pour bétail, d’équipements de pêche, d’artisanat, de boutiques d’intrants, de maraîchage etc.

Le ‘’Pôle de Croissance’’ envisagé offrira aussi plusieurs actions pour améliorer les conditions de vie des populations, notamment à travers la réhabilitation d’environ 1 500 hectares de systèmes d’irrigation, la conception et la mise en place d’un pôle de croissance agroalimentaire pilote constitué d’environ 1 500 hectares de cultures commerciales diversifiées en aval du barrage, ce qui permettra aussi de diversifier et d’augmenter les revenus.

Finalement, le schéma directeur de développement de l’irrigation sur 45.000 hectares tout le long du fleuve Niger ouvrira d’autres perspectives pour tous les Nigériens et contribuera à améliorer la sécurité alimentaire et accroîtra les revenus des producteurs agricoles par le développement et l’intensification des cultures irriguées.

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