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Forces et faiblesses des politiques publiques du gouvernement de la 7ième république
Publié le samedi 21 mai 2016   |  Tamtam Info News


Issoufou
© Autre presse par DR
Issoufou Mahamadou,président du NIger


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Les réalisations en matière de sécurité: Attaqué à l’intérieur par la secte Boko Haram et menacé par les conflits meurtriers au Mali et en Lybie, le Niger ne ménage aucun effort pour assurer la sécurité de la population et des biens dans un contexte sécuritaire sous régional tendu. En effet, il a su sécuriser la frontière avec le Mali, en empêchant la pénétration des groupes armées MNLA, de MUJAO et des groupes terroristes ANSAR DINE, AQMI… et en circonscrivant les bandits armés qui font des razzias dans les zones frontalières nigéro-maliennes.

De même, avec l’aide la France, le Niger a réussi à sécuriser la frontière avec la Lybie. Toutefois, les attaques de la prison civile de Niamey, de Ouallam, les kidnappings des occidentaux… viennent peser sur le bilan sécuritaire. En ce qui concerne Boko Haram, cette secte sanguinaire et satanique a porté et continue de porter un grand coup à la quiétude sociale dans la région de Diffa, avec des centaines de morts, des centaines de milliers de déplacés, des économies et productions locales anéanties, etc.

Actuellement, elle est affaiblie par les opérations militaires menées en parallèle (communes et disjointes) par le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, mais pas vaincue. En effet, ses attaques meurtrières isolées au Niger et dans les autres pays en disent long sur son profond enracinement temporel et spatial. Face aux enjeux des conflits régionaux et des attaques internes de Boko Haram, le gouvernement du Niger n’a pas failli et a su apporter une réponse globalement « plus que moyenne » pour sécuriser son territoire.

La question des finances publiques

Les finances publiques concernent les flux financiers, et se résument par ce qui entre et ce qui sort des caisses des comptables publics. Sur la question des finances publiques, il y a beaucoup de chose à dire ou à spéculer. Nous avons entendu des discours affirmant que l’actuel gouvernement s’est beaucoup endetté, certes tous les pays empruntent pour couvrir leur besoin en financement, mais le taux d’endettement (dette extérieure et intérieure) du Niger connait une croissance remarquable comparé aux quinquennats précédents.

En revanche, en rapprochant le taux de la dette sur le PIB du Niger de 36%, à ceux du Burkina Faso 28% et du Mali 32%[1] en 2014, on peut affirmer que l’endettement du Niger tant décrié ou dénoncé par certains groupes politiques et de pression n’est pas très alarmant. Pour autant, le Niger reste tout de même endetté, le risque est modéré selon la Banque mondiale. Entre 2013 et 2014, la dette extérieure a connu une hausse de 10%, passant de 23 à 33%[2]. En 2015, la dette a augmenté jusqu’à 47% du PIB[3], ainsi le gouvernement doit manier le « levier emprunt » avec délicatesse dans les prochains mois pour éviter le déséquilibre macroéconomique et d’être asphyxié par le poids de la dette dans un pays où l’IDH est le plus mauvais au monde.
De plus, l’endettement doit servir à soutenir un investissement productif ou des actifs contribuant à créer les conditions d’une croissance économique.

Sans doute la politique de communication et la gestion des emprunts ont entraîné des débats sur le niveau de dette au Niger. Par exemple, pour le fameux prêt d’Exim Bank qui serait de 1 ou 2 milliards de dollars, le gouvernement a communiqué d’une façon obscure sur le vrai montant de ce prêt. Ce qui a laissé entendre des critiques tout à fait justifiées d’une bonne partie de l’opinion nigérienne et des groupes politiques.
L’endettement du Niger est une affaire publique et sérieuse qu’il faut gérer avec une certaine transparence car les générations actuelles et futures ont l’obligation de payer la dette. Par ailleurs, il semblerait que le Gouvernement du Niger a fait un emprunt de 50 milliards de FCFA auprès de la république de Congo Brazzaville. Sur ce sujet aussi, le gouvernement n’a pas joué la transparence, et l’opposition profite de cette opacité pour lui lancer des piques, à tort ou à raison !
En d’autres termes, le gouvernement a fait une acquisition d’un aéronef qui a fait polémique tant sur les procédures de finance publique que le prix et l’état de l’appareil. Il semble que dans le budget du ministère de la défense, la rubrique est intitulée « achat d’un aéronef militaire transportant des troupes ». Visiblement, ce n’est pas le cas, il s’agit d’achat d’avion présidentiel. Si on s’en tient aux règles de finance publique, il s’agit d’une inégalité, d’un détournement de fonds public puisque l’intitulé de la rubrique n’est pas respectée.

Qui plus est, le prix de l’avion fait aussi débat, l’opinion publique parle de de 20 ou 21 milliards FCFA pour un appareil d’occasion. On parle également de la construction d’un hangar budgétisé à 7 milliards de FCFA pour parquer l’avion, d’après les employés du Groupement Aérien Nationale (GAN), un hangar de cette valeur n’aurait pas été construit. Au-delà de ces polémiques, le chef de l’Etat peut s’acheter un avion pour ses déplacements, mais un avion de 24 places reste tout de même abusé.
En cas d’urgence pour rapatrier nos compatriotes ? Allons-nous emprunter ou louer des avions, puisque le Mont Greboun ne prend que 24 personnes ? Récemment, nous avons nos compatriotes blessés à la Mecque, on ne pourrait jamais utiliser le Mont Greboun pour les acheminer au Niger, à cause de sa capacité de transport de voyageurs très limitée.
D’autres dépenses comme la construction du premier échangeur a fait tout aussi polémique. Le coût serait de 14,5 milliards de FCFA pour un échangeur de 0,8 km. En le comparant à au deuxième échangeur du rond-point des martyrs d’environ 1,4 km ayant couté 16 milliards de FCFA, au pont de l’amitié Sino-nigérienne de 2,25 km ou à l’échangeur de Ouaga 2000 de 1,5 km qui a couté 12 milliards de FCFA, on est d’accord que le coût de ce premier échangeur a été surévalué.

A notre connaissance, il n y a pas eu de contraintes contractuelles extérieures qui auraient pu majorer le coût de cette infrastructure, ce qui laisse affirmer le caractère d’une surfacturation aux dos des contribuables nigériens. Aussi, on n’a pas besoin d’être expert en infrastructure pour comprendre la nébulosité autour de son coût élevé. Cet état de fait trouve son sens dans les analyses empiriques de Philippe Lavigne Delville[4], de Giorgio Blundo et Jean-Pierre Olivier de Sardan[5] soulignant que les manipulations et les surfacturations des marchés publics ont permis aux agents publics ou aux opérateurs économiques de faire des ponctions à travers les commissions pour financer les partis au pouvoir en Afrique.
Cette commission correspond en général à une intermédiation et un service qui lèsent l’État.
On peut citer l’affaire des saisies des devise et d’or à l’aéroport de Niamey pour des montants totaux de près de 10 milliards de FCFA, malheureusement ces montants ont été intégralement restitués aux contrevenants sans aucune sanction pécuniaire. De même, le gouvernement nigérien n’a pu relever le taux de la TVA à 12% face à Areva à cause de la légèreté dans les négociations du contrat dans un contexte où cette multinationale a contribué à l’achat de l’avion présidentiel.

En se basant sur ces débats et sources écrites, on peut dire que le gouvernement a failli sur la gestion transparente des finances publiques, la lutte contre la corruption. Cela constitue, en effet, une grosse épine pour le bilan de la politique publique du gouvernement.

Les réalisations d’infrastructures

Le gouvernement a un bel actif à son bilan, on peut citer les échangeurs du boulevard Mali Béro, celui de pont Kennedy même si la réalisation diffère de la maquette initialement présentée. Le chantier du pont de Farié dans la commune de Gothèye, les routes bitumées déjà réceptionnées ou en chantier telles que l’aménagement et le bitumage de la route Moujia-Illéla-Badaguichiri, etc.
Les travaux de la ligne ferroviaire Niamey-Parakou ont commencé. Cependant, beaucoup de limites techniques sont à souligner telles que la légèreté des études de faisabilité, le choix de l’itinéraire des rails qui soulève des questions pertinentes sur la sécurité du transport urbain sur certains tronçons, particulièrement sur la route de l’aéroport de Niamey du fait de l’encastrement des rails au milieu des voies ayant déjà causés plusieurs cas d’accidents dans un environnement où certains usagers de la voie publique sont septiques aux respects du code de la route.
D’ailleurs, récemment, Vincent Bolloré reconnaît avoir commencé les travaux de pose de rail, sur injonction des autorités, sans études préalables, ni appels d’offres[6]. Cela montre la persistance démesurée du gouvernement à faire siffler vaille que vaille le train à Dosso en dépit des contraintes techniques voire juridiques, ce qui a affecté la qualité de l’exécution des travaux et par là même, a montré le tâtonnement du gouvernement dans sa communication et sa volonté à faire siffler le train à Dosso le 18 décembre frisant souvent le ridicule. D’ailleurs, suite aux contraintes juridiques, Bolloré vient d’annoncer la suspension provisoire des travaux du chemin de fer.
Le gouvernement n’a pas à entrer dans une communication piètre avec l’opposition sur un défi à faire le « siffler le train ». Il a déjà cet actif à son bilan : le seul fait de commencer les travaux de la ligne ferroviaire est un acte de courage, de motivation et de reconnaissance. Du reste, le tronçon de rail Niamey-Dosso vient d’être réceptionné à la mi-janvier 2016. Sur ce plan, il est rentré dans l’histoire par rapport aux gouvernements de Tanja, de Ousmane, etc.

Selon le rapport sur le bilan des 4 ans (2011 à 2014), plus de 6 000 salles de classe seraient construites ainsi que des milliers de puits et de sanitaires.

Sur le plan d’équipements sociaux de base, de routes bitumées, de construction de marché et d’échangeurs, le gouvernement a assuré : on peut lui donner la mention « bien » et l’appuyer par la fameuse formule « Kounyi, Mougani, Moungodé » ou « Waranté, Irdi, Irsabou ».
Cependant, dans toute évaluation de programme ou de politique publique, pour les techniciens il y a des formules classiques, notamment les aspects de pertinence, d’efficacité, d’effectivité, d’efficience. Ce denier concept fait référence aux dépenses pour réaliser un projet. En effet, l’efficience pose la question de savoir si avec les mêmes ressources peut-on bien et mieux faire ou a-t-on bien fait ?

Pour rejoindre l’avis et même l’analyse de beaucoup de personnes, on ne peut pas parler d’efficience concernant les réalisations et les acquisitions de ce gouvernement eu égard l’opacité et le tâtonnement pour une bonne partie de ses dépenses d’infrastructure et d’actif que dans sa politique de communication.

Quelques réactions sur la création d’emploi

D’après le rapport sur le développement dans le monde de 2013, l’emploi est un pilier du développement dans les pays en développement. Le bon emploi favorise la croissance, permet au salarié d’obtenir des revenus, d’améliorer sa condition de vie. Le gouvernement a des résultats satisfaisants d’autant que la comptabilité prend en compte de tous les emplois privés ou publics, et temporaires ou permanents créés pendant le quinquennat. A ce titre, sont inclus les emplois dans le cadre de la résilience, tels que le cash for work ou le food for work des organisations internationales, les recrutements des sociétés Orange, SDV, etc.

Pendant la gouvernance de Tanja, l’administration publique comptait un nombre modique de salarié : 26 000 personnes, contre 40 000 contractuels[7] dans un contexte où la nature d’emplois de ces derniers influe sur leur motivation et l’efficacité du travail fourni. Avec le gouvernement d’Issoufou, nous avons connu des campagnes de recrutement au sein de l’administration publique pour la rendre plus efficace.

Beaucoup de jeunes ont été recrutés, le chiffre serait de 37 651 d’après le « Bilan des 4 ans Renaissance Avril 2011- Mars 2015 ». D’aucuns observateurs, économistes et agences internationales craignent même une dérive de la masse salariale entraînant des arriérés ou dénoncent certains recrutements peu efficaces en termes d’apport positif pour l’administration, ou encore ayant des caractères partisans. Quoiqu’il en soit, nous retenons que le gouvernement de Issoufou a un bilan plus que satisfaisant en termes de recrutement dans l’administration publique.
Nous retenons que l’exercice du pouvoir est trop complexe dans un contexte démocratique africain où certains acteurs essaient de tirer profit de la gestion des affaires publiques, où les discours politiques s’éloignent des vraies actions de terrain et, où certains lobbies et ténors du pouvoir influent sur les procédures au détriment du nationalisme.

LIAM DJIBO, Socio-économiste Universitaire et Enarque

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