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Le Sahel N° du 23/5/2016

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Interview de M. Awali Rabo, Directeur régional de l’Hydraulique et de l’Assainissement d’Agadez : ’’Pour mettre les populations d’Agadez et d’Arlit à l’abri du spectre de la soif, l’Etat, avec l’appui de ses partenaires, a investi treize (13) milliar
Publié le jeudi 26 mai 2016   |  Le Sahel




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Cette année, le problème d'eau se pose avec acuité à Agadez. En effet, depuis le mois d'avril, les populations d'Agadez sont confrontées à un problème récurrent d'approvisionnement en eau potable. Dans tous les quartiers de la ville, les robinets ne coulent que tous les deux ou trois jours, et cela à des heures tardives de la nuit, notamment vers 4 heures du matin. Par finir, l'eau du robinet est devenue comme de l'or. Le précieux liquide est devenu une denrée rare dans presque tous les foyers, et à longueur des journées, les populations circulent à moto ou en voiture avec des bidons chercher l'eau. La nuit, c'est la veillée auprès des bornes fontaines dans de longues files d'attente. Dans ce désespoir, beaucoup sont contraints d'acheter des sachets d'eau pour pouvoir faire bouillir la marmite. La situation est telle que se laver tend à devenir un luxe à Agadez. En ce moment, le tonneau d'eau coûte déjà 3500 FCFA. Nous avons rencontré le directeur régional de l'Hydraulique, M. Awali Rabo qui nous parle ici des dispositions prises pour remédier à cette situation.

Monsieur le directeur, à Agadez, l'accès à l'eau constitue aujourd'hui une lutte quotidienne pour la population. Quand est-il exactement ?
Je vous remercie de nous avoir donné cette occasion pour expliquer et éclairer les populations d'Agadez et du Niger sur ce problème qui dépasse les frontières de la ville. Les populations des autres régions ont appris qu'au niveau de la ville d'Agadez, il y a un sérieux problème d'eau. Je donne une explication technique avant de rentrer dans le vif du sujet. Ce qu'il faut comprendre, pour les centres urbains ou même pour tous les centres qu'on veut alimenter en eau potable, c'est que, techniquement il y a d'abord les équipements à mettre en place pour satisfaire le besoin.

Et pour y parvenir on fait des projections parce que la population évolue. On ne règle pas un problème juste pour l'instant, on lui trouve une solution pour maintenant jusqu'à une certaine période, de façon à ce qu'il n'y ait plus de problème d'eau. Donc, ces équipements, une fois mis en place, sont supposés couvrir les besoins en eau potable de cette localité jusqu'à l'horizon indiqué et qui a servi de base pour faire leur dimensionnement. Une fois cet horizon atteint, on doit revoir les équipements, les mettre à jour pour que la capacité de production et de distribution évolue en fonction du besoin. Et c'est ce qui est arrivé pour la ville d'Agadez et pour toutes les localités où on a ce problème d'eau. Voilà pour ce qui est de l'explication technique.

Pouvez-vous nous donner une estimation des besoins en eau potable de la population d'Agadez ?
Pour la ville d'Agadez, actuellement, le besoin est estimé environ à 13.500m3/jour et la SEEN ne peut produire au maximum que 9.500m3/jour. Avec ce gap, il est évident que, particulièrement pendant la période de consommation de pic, ce problème soit beaucoup plus ressenti par la population, parce que c'est en cette période que l'on a beaucoup plus besoin d'eau. Quand nous essayons de comparer cette capacité aux besoins de la ville d'Agadez, quand nous essayons de l'interpréter, nous constatons que les 9.500m3/jour que la SEEN produit actuellement équivalent aux besoins de la ville d'Agadez en 2004.
Comme vous le voyez, pour ceux qui connaissent la ville d'Agadez, cela fait des années que ce problème a commencé à se faire sentir. Mais comme des actions n'ont pas été menées pour faire face à des besoins qui ne font que croître d'année en année, on est arrivé à un moment où la population souffre énormément de ce grand déséquilibre entre les besoins et la capacité des équipements.

Qu'est-ce qui devrait être entrepris dès lors que ce grand déséquilibre entre les besoins et les capacités de production a été constaté ?
Normalement, dès que la capacité des équipements est atteinte, des actions devraient être menées pour trouver une solution et évoluer jusqu'à une certaine période, afin que les populations soient à l'abri du problème. Maintenant, pour les solutions, le Gouvernement nigérien, avec l'appui de ses partenaires, notamment la Banque Mondiale, a obtenu le financement des travaux de renforcement des capacités d'adduction d'eau potable de la ville d'Agadez qui ont démarré depuis 2013, afin que les populations d'Agadez ne connaissent pas de problème d'eau.
A propos de ces travaux il y a notamment la construction d'un réservoir en béton armé de 1500m3 qui était prévu et qui est en cours de construction depuis 2013. En plus, nous avons neuf (9) forages déjà réalisés répartis entre la zone de Kerboubou, où se trouve notre 2ème et plus important champ de captage, et la zone d'Afara, à une trentaine de kilomètres de la ville d'Agadez. Tous ces forages présentent un très bon débit qui dépasse 100m3/H pour certains. C'est pour dire donc que du point de vue de la ressource eau, il n'y a aucun problème, car elle est disponible. Et les forages ont été réceptionnés depuis l'année passée. Il est aussi prévu la réhabilitation de trois (3) châteaux d'eau existants dans le cadre de ce projet, la fourniture et la pose de tuyaux PVC, tous diamètres confondus sur une longueur de 25000 mètres linéaires (25) km ,ainsi que la construction d'une station de surpression au niveau du R3 d'où l'eau sera refoulée pour alimenter le nouveau réservoir R4 qui est en cours de construction .
Pour ce projet, il est prévu l'équipement des trois sur les neufs réalisés afin de renforcer la capacité de production au niveau de la ville d'Agadez. Le coût de ces travaux s'élève à cinq milliards de FCFA hors taxe. Normalement, les travaux sont supposés prendre en charge ce déséquilibre et régler le problème d'eau au niveau de la ville d'Agadez.

A quand remonte le début de tous ces travaux ?
Ces travaux ont démarré depuis 2013 et ils sont visibles. Ils sont supposés être achevés vers la fin 2014, début 2015. Mais, malheureusement, l'entreprise est en train de trainer, et jusqu'à présent, les travaux sont en cours. Toutefois, je dois avouer que ces travaux sont très avancés. La semaine passée, le ministre de l'Hydraulique était ici relativement à ce problème d'eau de la ville d'Agadez. Et dans le cadre d'Agadez SOKNI, comme il y a une question d'urgence qui est là, en attendant la fin des travaux en cours, il a été décidé de réaliser et d'équiper deux nouveaux forages au niveau du champ de captage de Toudou. Avec ces deux forages, nous aurons un appoint d'environ 1000m3/jour. Le processus de ces travaux d'urgence est déjà déclenché. Vous conviendrez avec moi qu'une fois ces travaux terminés dans de bonnes conditions, le problème d'eau pour la ville d'Agadez ne sera qu'un souvenir pour la population. Voilà un peu ce que je tenais à expliquer par rapport à ce problème d'eau à Agadez.

Outre Agadez, la ville d'Arlit est concernée par le problème d'eau depuis des années...
Oui, comme vous le dites, la ville d'Arlit est aussi confrontée à un problème d'eau depuis des années. C'est une ville qui, depuis sa création, dépendait des sociétés minières de la place du point de vue approvisionnement en eau potable. Et on est arrivé à un moment où celles-ci ne peuvent plus faire face à leurs propres besoins, à fortiori à ceux des populations de façon souhaitée.
Et pour apporter une solution pérenne, l'Etat, avec l'appui de la Banque Mondiale pour ce cas aussi, a décidé de construire une adduction d'eau potable pour la ville d'Arlit, tout comme les autres centres urbains de notre pays. Le montant investis au niveau des villes d'Agadez et d'Arlit dans ce domaine s'élève à environ treize milliards de francs CFA. Les travaux sont à un stade très avancé et seront terminés d'ici fin 2016. Une fois ces travaux terminés et les ouvrages mis en service, la ville
d'Arlit sera complètement indépendante du point de vue approvisionnement en eau potable, donc pour la population d'Arlit également, le problème d'eau ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

Il n'y a pas que les centres urbains qui sont confrontés au problème d'approvisionnement en eau potable. Les populations des zones rurales vivent aussi ces difficultés. Que faites-vous pour y remédier ?
Effectivement, les populations rurales, en cette période, connaissent également des problèmes d'approvisionnement en eau potable. La première raison est que les mois de mars, avril et mai sont une période où on a beaucoup besoin d'eau, une période de grande consommation. Et dans la plupart des cas, pour les populations rurales, ce sont des nappes alluviales qui sont captée. Malheureusement, pour ces genres d'ouvrages, le niveau de la nappe baisse et certaines tarissent même pendant cette période. C'est d'ailleurs pourquoi le problème s'accentue et atteint son point culminant à la période précitée. Mais pour les autres cas, ce sont des pannes qui arrivent. Les ouvrages sont trop sollicités, et il y a souvent des disfonctionnements. C'est ce qui est arrivé récemment à Gougaram auquel vous faites allusion. C'est juste une petite panne, mais qui n'a pas été signalée à nos services, et même pas aux autorités régionales et locales. C'est un sous-officier de l'Armée en poste qui nous a informés et nous avons dépêché l'entreprise qui a réalisé les travaux pour réparer la panne. Ce qui a été fait, et la fourniture d'eau a été rétablie. Aujourd'hui, la population n'est plus confrontée à ce problème de pénurie d'eau potable.

Auriez-vous un mot à l'endroit de la population ?
C'est de dire à cette population que les autorités, à un plus haut niveau, ont fait du règlement de la question de l'eau une priorité. C'est même une priorité du Président de la République, SE Issoufou
Mahamadou. Pour preuve, le ministre en charge de l'Hydraulique était à Agadez dans le cadre de la gestion de ce problème d'eau. Je dois aussi rappeler que dans le cadre du même projet, il est prévu, d'ici 2017, le démarrage des travaux d'équipement des six (6) autres forages à partir de la zone de Afara pour toujours renforcer la production d'eau afin de satisfaire les besoins des populations d'Agadez. Je sais que c'est difficile de vivre des pénuries récurrentes d'eau potable.
Et c'est pourquoi, au nom de tous les services techniques qui concourent à la gestion de ce problème, je tiens à présenter toutes nos excuses aux populations pour cette situation qui, du reste, devrait être réglée depuis 2015, n'eut été que l'entreprise a trop trainé et a même été défaillante. Et comme sanction, je dois dire que cette entreprise, du fait des retards qu'elle a accumulés dans la gestion de ce projet, et du fait des pénalités qu'elle a subies, perdu plus de 300 millions de FCFA, sans compter les menaces qui pèsent sur elle. Pour finir, je dirais que d'ici fin juillet, le problème d'eau de la ville d'Agadez sera totalement réglé, In'chah Allah.

Propos recueillis par Abdoulaye Harouna

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