KIGALI -- Les économies africaines devraient évoluer vers un modèle d'économie verte afin de réaliser la transformation structurelle et d'augmenter la capacité industrielle, la valeur ajoutée et l'emploi de qualité, selon un rapport économique 2016 des Nations Unies sur l'Afrique.
Publié le 24 mai par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (ECA) dans la capitale rwandaise Kigali, le rapport recommande que l'Afrique adopte la voie verte vers le développement durable et inclusif pour éviter les pièges et les erreurs commises par certains pays développés.
Selon le rapport 2016 baptisé "écologisation de la politique d'industrialisation transformatrice industrielle de l'Afrique", l'Afrique, en tant qu'un continent adoptant tardivement l'industrialisation, a une occasion unique pour éviter les pièges des effets environnementaux coûteux, en suivant une voie verte vers le développement industriel.
"Malgré les plus faibles taux d'émissions, l'Afrique est très vulnérable aux risques environnementaux et climatiques, et sa dépendance continue sur les ressources naturelles et les combustibles fossiles permettra d'exposer le continent à d'énormes défis environnementaux", indique le rapport.
S'exprimant aux journalistes, Giovanie Biha, secrétaire exécutif adjoint pour la transmission de la connaissance de l'ECA a déclaré qu'il est possible aujourd'hui pour l'Afrique d'améliorer la croissance économique et le développement humain en créant la possibilité pour une croissance verte et l'emploi.
"Davantage de décideurs régionaux à travers le continent soutiennent les principes économiques verts pour répondre à leurs objectifs de développement durable, ce qui devrait passer à travers toutes les nations sur le continent", a-t-elle noté.
Mme Biha a déclaré que l'économie verte peut être dans la voie de l'industrialisation de l'Afrique, même si certaines des industries du continent sont toujours aux prises avec une utilisation efficace des questions énergétiques liées au changement climatique.
L'écologisation de l'industrialisation, selon le rapport, fournit une poussée pour faire tourner les chaînes d'approvisionnement actuelles reliant les ressources naturelles sur les marchés, dans les chaînes de valeur qui diversifient les économies africaines.
Les acteurs du rapport ont recommandé à l'Afrique de cesser d'être un fournisseur marginal de matières premières et d'exploiter le plein potentiel de ses ressources naturelles.
Le rapport capitalise à la fois sur l'agenda 2030 et 2063 de l'accord de Paris sur les changements climatiques, pour souligner la nécessité de l'industrialisation verte et du développement durable en Afrique.
Les résultats indiquent que l'Afrique est la région connaissant le taux d'urbanisation le plus rapide à l'échelle mondiale, avec une croissance de 4,5% par an, avec plus de 50% prévus de vivre dans les zones urbaines d'ici 2035.
On prévoit que la croissance du continent devrait passer à 4,3% en 2016 et 4,4% en 2017, malgré les risques internes et externes tels que la faible reprise économique mondiale et le ralentissement économique en Chine, les prix des produits de base et la dépréciation de la monnaie, le resserrement de la politique monétaire aux États-Unis et dans l'UE et des chocs liés aux conditions météorologiques et les problèmes de sécurité dans certains pays, précise le rapport.
Le rapport indique en outre que l'urbanisation et la population jeune ont besoin d'être jumelées à un processus d'industrialisation qui fournit les compétences requises.
Dr Vincent Biruta, ministre rwandais des Ressources naturelles, a affirmé que la transition vers une économie verte détient un énorme potentiel économique et social pour les économies africaines.
"Le Rwanda a lancé une campagne pour atteindre l'économie verte. Notre pays est accrédité pour un accès direct à un financement du Fonds vert international pour le climat. Nous avons également approuvé l'Accord de Paris sur le changement climatique", a-t-il fait savoir.
En 2008, la petite nation d'Afrique centrale a adopté une loi qui interdit l'importation et l'utilisation des sacs en polyéthylène, alors que la possession ou leur contrebande dans le pays ont attiré de lourdes sanctions.
Le rapport 2016 souligne que l'Afrique est prête pour la croissance grâce à l'industrialisation verte et couvre des questions liées à la façon dont le continent peut réaliser l'industrialisation verte.
Le rapport note l'absence ou l'insuffisance des infrastructures propices au processus d'écologisation de l'industrialisation de l'Afrique, mais ajoute qu'il y a une volonté de la part des gouvernements de passer du charbon à des voies de développement plus vertes.