Comment renflouer les caisses de l’Etat avec des responsables boiteux et incompétents ? C’est la difficile équation à multiples inconnues à laquelle tente de répondre le Président de la République, depuis la dernière injonction des institutions de Brettons Woods qui somment les autorités nigériennes à remplir leurs engagements en ce qui concerne la mobilisation des ressources internes. En effet, de l’avis de plusieurs spécialistes, les responsables actuels chargés de la conduite de la politique budgétaire, financière et comptable, du Niger , ne sont pas à la hauteur de ces défis.
Il y a d’abord le cas du Ministre Sidibé qui, malgré sa compétence ne contrôle plus rien. Il est simplement là pour amuser la galerie. Puis, les mauvais souvenirs de son bref passage aux Finances sous le régime du Commandent Wanké, refont surface. L’on se souvient en particulier de la saga des revendications des travailleurs pour le paiement de leurs arriérés salaires, de l’accumulation spectaculaire des arriérés intérieurs et des grèves dans le secteur.
Il y a ensuite le cas du Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité dont l’incompétence est perçue y compris par les auxiliaires et autres plantons des services ; il excelle surtout dans l’exercice éhonté de la corruption à grande échelle et du mensonge à l’état pur (nous y reviendrons sur son cas ultérieurement). Quant à la Direction Générale des Impôts, elle est si désarticulée que le plus nul des contribuables, comprendrait aisément l’impossibilité de jouer son rôle premier de collecte de ressources publiques.
La Directrice Générale est totalement désorientée tant la charge de la fonction est trop lourde pour elle.
Mais le cas le plus grave est celui du Directeur Général des Douanes actuel qui n’est pas l’homme de la situation, loin s’en faut.
Imposé au Président de la République par une oligarchie de commerçants pas cleans qui certainement par des calculs mercantiles, connaissaient le gain à engranger. Le sieur Issaka Assoumane serait lui-même commerçant, actionnaire dans plusieurs sociétés d’import et export au Niger.
Ces premières nominations des responsables, étaient guidées par des considérations bassement matérielles et immorales même s’il le répète à volonté à certains de ses visiteurs, qu’on lui a imposé ses collaborateurs tenant un double langage à ceux qu’il nomme, pour les rendre plus corvéables en leur faisant croire qu’ils sont de sa seule volonté. Son gendre, fils du légendaire prédateur du denier public, Ibrahim Foukori monopoliserait tous les marchés des biens et services de la direction générale des douanes.
Sous le règne de Issaka, pour la première fois, des équipements techniques et véhicules ont été acquis par entente directe avec des informels qui se sont révélés par ailleurs des parents et amis à lui.
Une situation qui a exposé le Ministre des Finances et surtout le Premier Ministre.
Il se raconte que le Sieur Issaka Assoumane, pilote certaines opérations de dédouanements des marchandises à partir de son bureau au profit de ses amis et partenaires commerçants, au détriment du Trésor public s’il ne demande pas à l’opérateur de descendre à Niamey.
Ses décisions dès sa prise de service ont été de fixer des valeurs à certains produits comme les huiles alimentaires et le ciment, domaines d’activités de ses amis. Pour comprendre la complexité du personnage, revisitons quelques éléments de l’histoire récente de notre pays. A la veille de la Conférence nationale Souveraine, ce monsieur à l’allure débonnaire, mais très rusé, partageait son temps entre la fréquentation nocturne des forces dites vives de la nation et le milieu des hommes d’affaires, de préférence relevant du secteur informel.
Ses accointances avec les membres du Parti vert, CDS-Rahama de Mahamane Ousmane ne tarderont pas à devenir publiques, tant le Colonel des Douanes pouvait être en mesure d’organiser des réunions des hauts cadres du parti à son propre domicile.
A la faveur de l’arrivée au pouvoir de l’AFC, l’influence du douanier ne tardera pas de prendre de l’importance au profit de ses affaires personnelles (import/export, immobiliers..), mais également dans l’administration publique où il fût nommé plusieurs fois à des postes de responsabilité dans l’administration douanière et financière et à la Commission mixte nigéro-nigériane de coopération.
Au lendemain de l’arrivée au pouvoir de l’alliance MNSD-CDS, M. Assoumane s’est retrouvé au poste de directeur général adjoint des douanes au titre, disait-on, du parti vert, poste qu’il occupa jusqu’au départ du Colonel Youba Diallo à la retraite, puis à l’Assemblée comme député. Pendant que tout le monde s’attendait à voir un cadre des douanes de sensibilité MNSD succéder à M. Y Diallo, c’est M. Assoumane qui, à la faveur d’un soutien ferme de ses amis et cadres de sa région très influents à l’époque au MNSD, de certains opérateurs proches de Hama et des proches de son ministre de l’époque, se retrouve à la tête de la Direction générale des douanes.
Les nombreux commentaires de l’époque justifiaient cette surprise par la décision du Président Tanja Mamadou de soutenir les actions de son Ministre de l’Economie et des Finances qui s’était engagé à promouvoir les cadres de son département sur la base de leur compétence et de leur probité, abstraction faite de leur appartenance politique. Profitant de cette dynamique, M. Assoumane avait à son tour réussi à placer les cadres de son choix à la tête des principaux bureaux.
Les premières années, les recettes douanières avaient effectivement connu une ascension notable, à l’instar de l’effort de mobilisation des ressources enregistré du côté de l’administration fiscale; C’est donc dans cette ambiance de hausse de ressources internes qui plaçait notre pays au rang des nations qui recevaient les satisfécits de la Communauté des bailleurs de fonds, qu’un matin de Conseil des ministres, les Nigériens apprendront la chute brutale de notre bonhomme, remplacé par un autre colonel des douanes inconnu du grand public.
Faut le rappeler que c’était l’unique décision du Conseil.
Les spéculations et autres indiscrétions de l’époque faisaient état d’un mystérieux système de captage de ressources parallèle mis en place par M. Assoumane et découvert par les services de renseignement du Président Tandja.
Après 2011 , comme à son habitude l’homme a louvoyé de salon en salon pour se retrouver au PNDS et jusqu’au bureau politique. Au regard de tout cela, le Président de la République, Issoufou Mahamadou, ne devrait donc pas être surpris de la baisse des recettes douanières, à partir du moment où il a placé un homme d’affaires à la tête de la douane nigérienne et malheureusement il lui a adjoint une autre personne insignifiante, qui a l’art de s’adapter à toutes les situations.
Cinq fois DGA. Les réactions et commentaires étaient majoritairement négatifs à l’annonce de cette nomination avec des arguments fondés. Les conflits d’intérêt sont monnaie courantes à la douane, certains agents intègres des services des douanes ne savent plus où se donner la tête. Adoua Import-Export, le gendre de Issaka et son neveu sont intouchables Au total, il faut retenir qu’avec un ministre des Finances nonchalant, un Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité Publique incompétent, menteur, une Direction Générale des Impôts désarticulée, le pays court des graves risques de tensions de trésoreries.
Pour l’avenir et pour remédier Il faudrait arrêter les cooptations et que dorénavant, les nominations à la tête des administrations stratégiques comme la douane, les impôts et autres régies financières ne doivent pas souffrir des considérations partisanes ou de satisfaire à un groupe de pression. En effet, dans ces situations, le nommé pense plus à une récompense plutôt qu’à une mission à lui confiée, dans l’intérêt général. Le Président de la République doit se résoudre à appliquer la méthode de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, assoir une politique sur la base, d’une gestion axée sur les résultats.
Au demeurant, pourquoi ne pas suivre l’exemple de certains pays, comme la Côte d’Ivoire, qui ont procédé à des appels à candidatures pour les postes des directeurs généraux des douanes ou des impôts et de leurs adjoints. Souvent dans des situations comme le Niger, le FMI encourage le pays dans ce sens. Et pourquoi ne pas suivre l’exemple du Rwanda pour faire un Office de Recettes ?
Toute la gouvernance de la douane doit être revue du DG aux chefs d’unités en passant par les Directeurs centraux et régionaux qui sont à l’heure actuelle, tous disqualifiés.
En effet, ce sont les mêmes qui tournent, sans du sang neuf et perpétrant ainsi, les mauvaises manières de servir l’Etat, faisant le lit à la corruption, selon la pratique
« tu étais là hier, je t’ai couvert, tu dois me couvrir aujourd’hui ». Il faut refonder la douane.
Le Trésor et les Impôts doivent suivre aussi. Nous nous y pencheront très bientôt.