On ne veut pas le croire mais force est de constater que notre opposition n’arrive pas à jouer pleinement son rôle. Cette réalité fait peur, très peur même au vu des errements et autres coups tordus que le Guri system est en train de poser dans le pays. Comme on le sait, les acteurs du pouvoir du Guri system ne s’assagissent nullement. Chaque jour que Dieu fait, le pouvoir ne fait que s’embourber sous les agissements sournois de certains acteurs qui pensent que le second mandat est pour eux synonyme de l’apothéose et qu’ils peuvent tout se permettre.
Les fraudes, les faux-fuyants, les violations flagrantes des droits et l’usurpation des prérogatives des citoyens, tout y passe avec les guristes. Dans un tel contexte, il est impératif qu’un contrepouvoir soit mis en place pour arrêter la descente aux enfers de notre pays. En premier lieu, ce rôle est dévolu de plein droit à l’opposition politique et aux structures crédibles de la société civile. Pour l’opposition politique, c’est une situation de fait car c’est à travers ce contrôle de l’action du gouvernement qu’elle existe. Elle doit veiller au grain et empêcher que ce qui est en train de se passer se passe.
Pour l’heure, à bien y regarder, l’on est loin de réussir une telle option. En effet l’on se demande aujourd’hui où se trouve l’opposition politique ? Cette question mérite bien d’être posée quand on entend des leaders politiques appeler leurs camarades à plus de retenue dans leurs actions de dénonciation. À défaut d’interpellation ou de tenir des marches et meetings, les partis politiques de l’opposition devraient au moins multiplier les dénonciations des dérapages constatés à travers des déclarations. Pour l’heure, rien n’est fait en dehors de quelques sorties isolées du LUMANA FA qui tout dernièrement a appelé à la libération de ses militants incarcérés alors que des gens pris en flagrant délit continuent à narguer le peuple. En effet ce ne sont pas les occasions ni les arguments qui manquent. Rien que ce fiasco enregistré à l’issue du concours de recrutement des agents de santé représente une aubaine, un don de Dieu pour témoigner de la légèreté et de l’injustice avec laquelle les affaires du pays sont conduites. Les preuves enregistrées à cette occasion sont très plausibles et elles dénotent de l’inégalité de traitement devant la justice. Que reproche- t-on à ceux qui sont emprisonnés qui soit aussi grave qu’un ministre qui envoie une liste de gens à faire passer à un examen ? La fraude n’est-elle pas un délit puni par le Code Pénal nigérien ? Que font encore ces gens dans les rouages du pouvoir ? Qu’attendent-ils pour démissionner et se livrer à la justice ? Ce sont là des questions et des pistes qui doivent servir de cheval de bataille à l’opposition qui sommeille de façon dogmatique. Autour de ces questions il doit normalement se tenir une campagne de communication digne de ce nom tant sur le plan national qu’international. Eh oui ; le pouvoir du Guri se délégitime de plus en plus par ces malversations devenues monnaie courante.
Pour ce qui est de la société civile, elle doit elle aussi se ressaisir. Certes, le spectacle est aujourd’hui lamentable et aberrant quand on se penche sur le comportement de certains acteurs de la société civile. Parmi eux, il y en a qui sont devenus de véritables griots tapis sous l’ombre des partis politiques et de certains individus. Ils tiennent un double langage et même un langage controversé quant à leur mission. À entendre certains d’entre eux, on préférerait mieux écouter les militants des formations politiques. Il est vrai que chaque citoyen a une position politique. Cependant, il faut savoir avoir de la retenue et évoluer suivant les prérogatives et exigences de la tache que l’on exerce. Un acteur de la société civile a pour prérogative d’exercer un travail d’éducation, de sensibilisation et de contrôle citoyen de l’action publique. Partout où il y a des manquements, il doit les dénoncer et chercher à les corriger. Du reste, le plus grand service que l’on peut rendre à un politicien est de lui dire la vérité, la réalité de son action ; cela l’aidera à se corriger.
L’un dans l’autre, tant pour l’opposition politique que pour les acteurs de la société civile que l’on appelle « proches de l’opposition », le travail est titanesque mais en partie réglé par les tenants du pouvoir eux-mêmes. Il suffit juste de garder la ligne, de tenir le cap, de matérialiser son existence par des déclarations et des sorties légales et constitutionnalisées. Le reste, les guristes eux-mêmes s’en chargent. En attendant, l’opposition ne doit pas se prélasser de cet état de fait au point de vouloir se ranger et laisser faire les guristes. Rien n’arrive qu’à son temps.