À l’occasion du 53ème anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue Union Africaine (UA), le groupe africain et le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur, ont organisé une conférence sur le thème « Autorité du Bassin du Niger, au service du développement régional ».
Plusieurs membres du gouvernement, les ambassadeurs africains, ceux des autres pays amis de l’Afrique ont rehaussé de leur présence, la conférence organisée à l’auditorium du Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur à l’occasion de la célébration de la journée de l’Afrique par le groupe africain. C’est l’Autorité du Bassin du Niger, dans son rôle au service du développement régionale qui a constitué le thème de cette conférence. Avant de laisser l’expert de l’institution développer le thème, le président du groupe africain l’ambassadeur du Tchad, SEM Mahamat Nour Mallaye qui avait à côté de lui sur la table de séance, le ministre en charge des affaires étrangères M Ibrahim Yacoubou, a souligné l’importance de l’ABN pour les populations des pays membres et du continent africain.
L’hydrologue Bachir Alkali Tanimoun, gestionnaire base de données de l’ABN, a rappelé ainsi dans sa présentation que le Bassin du Niger situé en plein cœur de l’Afrique de l’Ouest, couvre 10 pays. Le fleuve Niger, qui a une longueur de 4.200 km, a une superficie totale de 2 100 000 Km² avec une partie active de 1.500.000 Km² répartie sur les 9 pays membres de l’ABN que sont le Benin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad. Le Cadre politique et institutionnel de cette institution a pris forme avec «l’Acte de Niamey » du 26 novembre 1963 relatif à la Navigation et à la Coopération Économique entre les États du bassin du Niger, puis il y a eu la création le 25 novembre 1964, par les 9 pays, de la Commission du Fleuve Niger dans le but « d’encourager, de promouvoir et de coordonner les études et les programmes relatifs aux travaux de mise en valeur des ressources du bassin». Et, le 21 Novembre 1980, la Commission a été transformée en Autorité du Bassin du Niger (ABN), avant la révision de la Convention en octobre 1987. Le but assigné à l’ABN, a précisé M. Bachir Alkali Tanimoun est de « promouvoir la coopération entre les pays membres et assurer un développement intégré du bassin du Niger dans tous les domaines de l’hydraulique, l’énergie, l’agriculture, l’élevage, la pêche et la pisciculture, la sylviculture et l’exploitation forestière, les transports et communications, l’industrie». Il a relevé aussi en ce qui concerne le bassin du Niger, un immense potentiel peu exploité, notamment sur le plan hydro-agricole où il y a 4.496.210 ha aménageables, dont seulement environ 9% sont actuellement aménagés et exploités ; un potentiel hydroélectrique d’environ 30 000 Gwh dont les sites hydroélectriques actuellement équipés, produisent environ 7000 Gwh soit environ 24%du potentiel productible total. Et, concernant le secteur de l’élevage on a estimé en 2005 environ 60 316 731 UBT concentrés surtout au Mali, au Niger, au Burkina Faso, au Cameroun et au Nigeria. Les demandes en eau et surtout en pâturage sont souvent objet de conflits entre Agriculteurs et Éleveurs, a indiqué l’expert de l’ABN.rencontre-2
Cependant, a souligné le conférencier, le bassin du Niger est confronté à des défis comme la baisse tendancielle de la pluviométrie de 20 à 30% à partir de 1969-1970, la Baisse tendancielle des écoulements du fleuve Niger d’environ 23 % à Koulikoro, et 36,2% de réduction des écoulements à Niamey. Aussi, les déficits hydro-pluviométriques dus au changement climatique conjugué avec les actions de « l’HOMME» ont engendré des phénomènes environnementaux dont la dégradation très visible de l’environnement du bassin avec amenuisement des ressources naturelles, en particulier, les ressources en eau; l’apparition et/ou l’aggravation de certains phénomènes qui prennent, dans certains cas, l’allure d’une menace à l’existence humaine dans le bassin tels que l’ensablement; la prolifération des plantes aquatiques envahissantes ; la perte de la biodiversité.
Face à ces défis les chefs d’Etat des pays membres ont décidé en 2002, qu’une « vision claire et partagée soit élaborée en vue de favoriser la compréhension, de renforcer la coopération entre les Etats et de tirer le meilleur parti des ressources du bassin», a rappelé le conférencier. M. Bachir Alkali Tanimou qui a énuméré également les différentes mesures initiées, les projets et programmes, les actions entreprises, sur cette base, à court, moyen et long termes, sans oublier les perspectives pour un développement durable du bassin.
Pour le conférencier, «la volonté politique et la solidarité qui existent entre les Etats membres de l’Organisation, constituent une base essentielle et un atout majeur pour le développement du bassin ». Et, a-t-il souligné, le défi majeur auquel s’attelle le Secrétariat Exécutif et les Etats membres de l’ABN, est la mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre des actions concrètes au bénéfice des populations du bassin. En effet, a relevé M. Bachir Alkali TANIMOU, « le Bassin du Niger dispose d’un énorme potentiel en irrigation en termes d’espace et de paquets technologiques ayant fait leur preuve pour booster le secteur et mieux contribuer à la sécurité alimentaire et à l’amélioration des conditions de vie dans ses Etats membres ». Mais, il faut plus d’appui financier.
Cette présentation a suscité des réactions, et des commentaires de la part de l’assistance. Des inquiétudes ont été soulevées relativement aux menaces qui pèsent sur le fleuve Niger dont l’écoulement baisse au fil des ans, avec un ensablement de son lit. Les conséquences des bouleversements climatiques ont été abordées également, et des inquiétudes émises au sujet des dernières prévisions des experts qui prévoient cette année des inondations dans le Sahel. A ce sujet, l’expert a assuré que l’ABN, les autres institutions comme ACMAD, les services de la météorologie sont en veille pour fournir à temps les informations aux autorités afin qu’elles puissent prendre les mesures nécessaires pour y faire face, en cas de besoin.