Que ce soit dans les maisons, au niveau des entreprises, ou des centres de prise en charge des malades, personne n’est aujourd’hui à l’abri de la série de délestage d’électricité qui a cours ces dernières semaines à Niamey.
En effet, pour la logisticienne de la clinique Magori, Mme Ismaël Rahila, les désagréments que causent les coupures intempestives sont nombreux. ‘’Imaginez une coupure lorsqu’un patient est dans le bloc opératoire, ou lorsqu’une femme est sur la table d’accouchement et, qu’une complication intervienne.
Certes, nous avons pris, ici à la clinique Magori, des dispositions en nous munissant de 2 groupes électrogènes, automatiquement reliés pour prendre la relève au cas où l’un tombe en panne. Cela a cependant un coût très exorbitant. Cette année, nous avons eu à débourser jusqu’à sept cent mille (700 000) Francs CFA en gasoil afin de maintenir l’alimentation électrique de la clinique’’, explique Mme Ismaël Rahila, qui exhorte les autorités à s’investir davantage pour solutionner le problème du délestage qui est une source permanente d’inquiétude pour la santé des patients.
Des ateliers tel que ‘’Sisqo couture’’ qui emploie 18 tailleurs soutiennent que quand les coupures interviennent, ils sont tous mal à l’aise, pour plusieurs raisons. Primo le travail n’avance pas, car ils peuvent passer une journée entière sans travailler, faute de courant électrique. Secundo, les clients qui viennent aux rendez-vous et ne trouvent pas leurs commandes fin prêtes, leur déversent leurs frustrations et les accusent de tous les maux. Il faut aussi ajouter, pour les apprentis, les pertes en termes d’argent investi dans le transport, sans rien gagner en retour, car leur rémunération est journalière.
‘’Il faut que ces coupures cessent. Il est difficile pour nous Nigériens de concevoir que, malgré les multiples richesses dont regorge notre sous-sol, nous continuions à subir des aléas liés au manque d’électricité’’, ajoute M. Abdou Aboubacar, responsable de l’atelier ‘’Sisqo couture’’. Salissou Laouali, un des tailleurs de l’atelier, lui, souhaite que soient déployés les moyens nécessaires à la résolution permanente du problème d’électricité, d’autant plus que la majorité des travailleurs nigériens ont chaque jour besoin de cette énergie pour subvenir à leurs besoins. ‘’Les coupures nous causent de nombreux dégâts. J’ai personnellement acheté jusqu’à cinq (5) télévisions à cause des délestages, en plus du frigo qui en pâtit aussi. A la maison, nos enfants ne dorment pas, leurs pleurs nous réveillent et nous empêchent aussi de fermer l’œil. Je tiens également à souligner que nous sommes en ville, nos habitats sont peu aérés, ce qui est d’autant plus insupportable. Le pays ne peut pas avancer ainsi’’, soutient M. Salissou Laouali.
Un fonctionnaire qui a souhaité gardé l’anonymat affirme ‘’les coupures d’électricité sont devenues pour les agents un prétexte pour déserter les services avant l’heure de la descente’’. Mais ajoute-t-il, ‘’cela est compréhensible, car on suffoque par manque d’aération dans les bureaux qui sont déjà exiguës’’. ‘’Pour ceux qui travaillent avec les ordinateurs, le travail s’arrête en même temps qu’advient la coupure de l’énergie électrique. Comme la plupart des services, nous ne disposons pas de groupe électrogène. A ce rythme, c’est le pays tout entier qui s’arrête à chaque coupure’’, affirme-t-il.
Quant à la caissière de l’alimentation ‘’Le Regal’’, Mme Kadidiatou Tinni Wonkoye, elle souhaite que les coupures d’électricité diminuent. Elle relève que cela cause beaucoup de problèmes et de dégâts, surtout pour la conservation des yaourts et des jus. ‘’Nous-mêmes, en tant qu’individus, nous souffrons de ces coupures. Surtout que nous sommes enfermées entre quatre murs pour travailler. Il nous arrive aussi de payer jusqu’à dix mille (10.000) Francs CFA de gasoil par jour pour conserver nos produits’’, indique-t-elle.