Clôture de l’atelier d’échanges et de réflexions des acteurs sur le devenir de la filière lait local de Niamey : Vers une dynamique de revalorisation de la production laitière en Afrique de l’Ouest
Le Secrétariat du Réseau des Organisations d'Eleveurs et Pasteurs d'Afrique a organisé, du 1er au 2 juin 2016, l'atelier d'échanges et de réflexions des acteurs sur le devenir de la filière lait local de Niamey. Cette rencontre a regroupé l'ensemble des acteurs de la filière animale c'est-à-dire, les représentants des coopératives d'éleveurs et pasteurs, les femmes actives dans la transformation et la commercialisation du lait local, les unions nationales et réseaux régionaux, les ONG actives dans la promotion du lait local, les chercheurs et les Services Techniques du Ministère de l'Elevage. La cérémonie de clôture a été présidée par M. Adamou Mahaman Rabiou représentant le Directeur Général de la production animale.
Cet atelier est organisé à l'occasion de la célébration de la Journée Mondiale du Lait et en prélude à la deuxième table ronde multilatérale sur la collecte du lait en Afrique de l'ouest qui aura lieu du 3 au 7 octobre à Lagos au Nigeria. A l'issue des deux jours de travaux, les participants ont formulé des recommandations qui sont adressées à l'Etat du Niger, la CEDEAO, l'UEMOA et l'Union Européenne. A travers ces recommandations lues par Mme Wouvo Habsou, les participants demandent à prendre des mesures politiques et fiscales cohérentes favorables à l'augmentation de la production du lait et à sa collecte. Ainsi, sur l'impact des investissements publiques les recommandations se résument à considérer le développement de la filière lait local comme une cause nationale compte tenu du potentiel de production et de la place stratégique qu'occupent ce produit et ses dérivés dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de toute la population.
Par rapport au foncier pastoral, les participant ont recommandé de signer les décrets d'application de l'ordonnance n° 2010-029 relative au pastoralisme en lien étroit avec la sécurisation de l'accès des éleveurs pasteurs au foncier et aux ressources naturelles (décrets mentionnés aux articles 8, 9, 13, 27, 54 et 56) et de mettre en œuvre des mesures d'accompagnement pour le suivi et le respect de ces dispositions ; de sécuriser le foncier pastoral (axe, points d'eau et aires de pâturages) dans le bassin de Niamey pour permettre aux producteurs de lait d'accéder à des pâturages naturels en sensibilisant les représentants des éleveurs dans les COFO et en inventoriant, en matérialisant, en classant ou en délivrant un titre foncier sur ces espaces et de mettre en application la directive de l'UEMOA portant sur l'attribution d'un tiers des terres à l'élevage afin de produire du fourrage dans les zones d'aménagement hydro agricole comme le bassin du Niger où les rizières se sont multipliées.
Sur la fiscalité, ils recommandent d'exonérer les équipements de collecte et de transformation du lait local ; de lutter contre les mauvaises pratiques douanières observées à l'entrée de l'aliment bétail sur le territoire national allant contre les pratiques communautaires ; d'inciter les industries laitières à la collecte du lait local par des exonérations fiscales sur la base du niveau de collecte annuel ;et de rehausser le TEC de 20% à 35% sur le lait UHT importé et de 5 à 10% sur la poudre importée aux seules fins d'ensachage.
En ce qui concerne les services de l'Etat et de ses partenaires les participants recommandent de mettre en place une démarche qualité de façon participative avec les producteurs et leurs organisations et de se donner les moyens de cette politique (formation des producteurs sur l'hygiène, contrôle inopiné, formation initiale, fixation des normes d'hygiène et procédures de contrôle, gestion de la fraude); de mettre en place un système de financement et de subventions des éleveurs pour un accès important et régulier à l'aliment bétail, aux équipements de collecte, de conservation et de transformation du lait ; d'inciter l'usine de décorticage du riz RINI à livrer le deuxième son aux coopératives à travers des exonérations de charge ou des allégements fiscaux ou des mesures de protection.
Cette occasion a été saisie par les participants pour lire une déclaration dite ''engagement des producteurs et productrices de lait du Niger'' dans laquelle ils s'engagent à adopter des modes de production favorable à l'amélioration de la productivité et de la production laitière afin de respecter les cahiers de charges fixés d'un commun accord avec leurs clients en termes de quantité et de régularité dans la fourniture du lait ; etc.
A la prochaine réunion de Lagos il est fixé comme objectif de définir des éléments communs aux 4 déclarations des producteurs du Mali, du Niger, du Sénégal et des industries du sud qui seront soumises aux autorités politiques sous régionales et nationales.