Trois journalistes nigériens sont emprisonnés pour avoir publié des documents relatifs à une fraude à un concours pour devenir fonctionnaire, impliquant d'importantes personnalités, a révélé mardi Reporters sans frontières (RSF).
"L’imprimeur du journal Le Courrier, Soumana Idrissa Maiga, par ailleurs journaliste et patron de presse, a été placé en garde à vue, lundi 6 juin (...) Cette arrestation fait suite à la détention depuis samedi du propriétaire et du directeur de publication du journal Le Courrier, Ali Soumana et Moussa Dodo", rapporte RSF.
L'affaire de fraude, révélée par la Haute autorité du lutte contre la corruption et infractions assimilées (Halcia), fait grand bruit: des personnalités ont fait placer des protégés sur la liste des admis à un concours d'entrée de la Santé publique alors qu'ils n'avaient pas obtenu des notes suffisantes ou n'avaient même pas passé les épreuves.
On accuse les journalistes de "publication de document" parce qu’ils ont fait paraitre "les fac-simile de listes envoyées par des personnages éminents de la société nigérienne au directeur des admissions des agents de la santé publique", selon RSF.
"Les domiciles des deux journalistes ont été perquisitionnés samedi en fin de journée et la police continue de les interroger afin d’identifier leurs sources", poursuit l'organisation de défense des journalistes.
"Ces documents étaient pourtant publics depuis le procès pour fraude de cadres du ministère de la Fonction publique impliqués dans ce scandale. Parmi les personnes soupçonnées d’avoir influencé les résultats des concours, on compte la Première dame (2e épouse du président Mahamadou Issoufou), la présidente de la Cour constitutionnelle, le chef d’Etat-major général des armées et le ministre du Pétrole", souligne RSF.
“Cet acharnement contre des hommes des médias qui ont tout simplement fait leur travail est intolérable. Les autorités nigériennes se discréditent en s’acharnant de la sorte contre des hommes des médias, en violant de surcroit la loi sur la presse de leur pays." estime l'ONG de défense des droits des journalistes.
"Si l’arrivée au pouvoir du président Issoufou (ancien opposant arrivé au pouvoir en 2011 et réélu en 2016) avait laissé espérer un vent de liberté sur la presse, celle-ci semble reprise en main par certains éléments du gouvernement aujourd’hui", conclut l'organisation.