Au Niger, la démocratie est assassinée. Elle ne vit plus. Tout est surveillé, tamisé, mis sous coupe réglée. L’opposition, lassée par ses luttes longues férocement matées, s’est tassée, s’est rangée, silencieuse, interdite de manifestation et elle accepte son sort, vivotant presque sans âme. Peutêtre a-t-elle capitulé ? La société civile divisée, est aussi presque dans l’égarement : une partie inconsidérée joue au lèche-botte du pouvoir pour avoir une main autorisée dans le plat du régime, l’autre écoutée quand même, ne peut mobiliser des foules à son compte quand les Nigériens profondément déçus tant d’un pouvoir incapable que d’une opposition amorphe et d’une société civile inconstante, ne sait plus où mettre de la tête.
Le syndicat, quant à lui, consumé par ses hontes et ses désengagements, ses trahisons et ses complicités pendant que des jours sombres s’annoncent pour le prolétariat, joue à l’aveugle, incapable de voir la moindre faute pour laquelle pourtant, il y a quelque temps, il allait se mettre à l’avantgarde des luttes sociales avec le prétexte aujourd’hui découvert, qu’il combattait pour la démocratie. Les lois de la République sont violées à répétitions, il ne dit rien ; des acquis sont menacés, il reste coi, la presse est bâillonnée, l’intégrité du territoire est menacée, elle continue à se terrer dans ses silences compromettants.
Le Niger est malade. Sa gouvernance est une calamité. Peut-être faut-il croire que chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite. En tout cas tant qu’il ne sait pas se battre… Nous avons honte de nous-mêmes. Qui sommes nous devenus ?
Les princes roses qui gouvernent – tout le monde sait comment ils sont arrivés à se maintenir au pouvoir notamment avec leur score à la soviétique de 92% qui ne brille pas – ne savent pas diriger un Etat, disons aussi une nation. En cinq années de gestion, ils ont mis le chaos dans le pays. Rien, plus rien ne marche. Dans le forcing, ils vont droit dans le mur, sourds et aveugles. La seule stratégie qui reste, c’est de museler la presse, de faire en sorte que plus personne ne dise le mal du pays, le mal de leur gouvernance. Quand ils semblent réussir à isoler tous les autres acteurs de la société nigérienne aujourd’hui en état d’hibernation, il n’y avait plus qu’à torpiller une certaine presse bavarde, insolente, pardon, « ennemie ». Cela fait combien de fois que la presse nigérienne, publie des fac-similés pour dénoncer des cas de concussion, de détournement, de mal-gouvernance, sans que jamais un journaliste n’en soit inquiété. Il est même arrivé que les révélations souvent suspectes d’une certaine presse servent de base pour monter des dossiers contre d’autres Nigériens. Ce fut le cas de l’affaire MEBA dont bien d’acteurs s’abritent aujourd’hui à l’ombre de la renaissance et de l’affaire de supposition d’enfants qui a fait le chou gras de la presse à gage. Ces journalistes étaient peut-être les bons ; leur audace ne se réprime pas. Alors que les Nigériens s’attendaient à voir, le même parque si audacieux, s’appuyer sur ces révélations pour montrer son souci de rendre justice, en faisant interpeller les personnes citées dans cette grave affaire que du reste, face à la représentation nationale, le Premier ministre a reconnu comme tel, après quelques semaines de silence pour savoir certainement quelle stratégie adopter, on s’en prend à des journalistes qui ne font qu’aider la justice et les Nigériens à mieux comprendre les profondeurs d’une affaire qu’on veut classer à la va-vite. Et les Nigériens savent pourquoi.
Au lieu de contester la véracité et l’authenticité de ces documents publiés notamment en ce qu’ils sont de l’ordre de la diffamation pour disculper les personnes incriminées, on passe par des subterfuges pour avoir la peau de journalistes qui déragent depuis quelques temps et pour lequel on croit enfin avoir trouvé le bel alibi pour les « isoler ».
La signature fantaisiste et mégalomane de la table de la montagne montagne n’est qu’un bluff, un truc roublard pour impressionner l’Extérieur au matin d’une accession-surprise au pouvoir. Aujourd’hui, nous faisons face à la vraie nature du régime tyrannique. Le Courrier paie son audace. Mais et l’imprimeur ? Des journalistes continueront à aller en prison dès lors qu’ils ont fait le choix de l’écriture dans un pays où la démocratie ne compte plus. Ils savent les risques auxquels ils s’exposent dans la tyrannie socialiste. Mais ce combat est un combat de la vérité et de la justice, au nom du peuple souverain. Ces martyrs de la plume, le peuple les reconnait, il sait de quoi ils sont victimes, il sait qu’ils ne sont que les victimes de l’intolérance des socialistes qui, parce qu’ils ont le pouvoir, croient qu’ils peuvent indéfiniment mettre tout sous leurs bottes.
La presse au Niger est barbelée depuis que la présidence aussi est barbelée. Ce sont là les précautions de peurs injustifiées dans une démocratie tropicalisée. Dans l’histoire et dans toutes les démocraties, la marche de la presse a toujours été escarpée et le journaliste sait les aléas de son métier et pour autant, il sait ne pas s’y dérober. Le meilleur se construit dans la douleur. Le journaliste nigérien non alimentaire consent le prix ! On a frappé et harcelé Bonférey et RTT, mais elles sont restées sur leur ligne, décidée à éclairer le peuple par l’autre information interdite qu’elles ont l’audace de diffuser.
Cette presse audacieuse, téméraire même, a pu faire comprendre bien d’aspects de la mafia rose. Pour un temps, ces dossiers peuvent ne pas avoir de suite. Mais les auteurs de tous les cas révélés ne pourront jamais échapper au jugement de l’histoire, pour échapper à la justice, tant des hommes que de Dieu.
Des dossiers s’entassent, un jour, quand on ne sera plus protégé, on les dépoussiéra. Ainsi que le dit l’intellectuel-analphabète, Bonkano : « Un jour on est le chasseur, un autre on est la biche ». Véridique.