Le président du Niger a souhaité mardi un renforcement de l’opération antiterroriste française Barkhane dans la bande sahélo-saharienne à l’heure où son pays est confronté à une recrudescence d’attaques menées par le groupe islamiste Boko Haram.
Quelque 3.500 soldats français sont déployés dans cinq pays de la région (Tchad, Mali, Niger, Mauritanie et Burkina Faso) depuis près de deux ans pour traquer les djihadistes et les groupes armés, au premier rang desquels Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui sévissent dans la région au gré de frontières poreuses.
La France contribue également à la lutte contre Boko Haram en apportant son appui en matière de renseignement, logistique, armement et formation, aux armées des pays affectés par le groupe islamiste mais n’a pas de forces directement impliquées dans les combats.
"Nous souhaitons (...) le renforcement de cette opération sur l’ensemble du Sahel, y compris pour faire face aux menaces que nous connaissons aujourd’hui avec Boko Haram", a dit Mahamadou Issoufou à la presse à l’issue d’un entretien avec François Hollande à l’Elysée.
Le chef de l’Etat français a indiqué de son côté que Paris apporterait son soutien à la force multinationale - qui comprend le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Bénin - sans donner plus de détails.
Boko Haram a mené une offensive le 3 juin dernier contre la ville de Bosso, située sur les rives du lac Tchad, dans le sud-est du Niger, faisant une vingtaine de morts dans les rangs de l’armée nigérienne.
"Nous espérons que la France continuera à nous appuyer au plan de la capacité de renseignement, de capacité opérationnelle pour faire face à cette menace extrêmement dangereuse", a souligné Mahamadou Issoufou qui a également appelé à une "solution forte" au Mali voisin.
Un an après la conclusion d’un accord de paix censé permettre le retour de la stabilité au Nord-Mali, sa mise en oeuvre est quasiment au point mort.
L’impasse politique suscite l’inquiétude du Niger voisin, et des Nations unies qui constatent en parallèle une recrudescence des attaques contre les forces de maintien de la paix et l’armée malienne.
"Nous sommes face à des difficultés de mise en oeuvre de ces accords de paix et malheureusement des mouvements armés, on le constate, ne jouent pas toujours le jeu de la paix", a dit le président du Niger. "On note même des complicités entre certains de ces mouvements et les terroristes d’AQMI, d’Ansar Dine, d’Al Mourabitoun et autres".
La France a annoncé en avril un renforcement de ses effectifs militaires en Côte d’Ivoire, potentiel réservoir dans lequel elle pourra puiser en cas de besoin ou de crise dans la région.
Engagée au Sahel, l’armée français est également mobilisée en Irak et en Syrie contre l’Etat islamique et sur son territoire dans le cadre de l’opération Sentinelle.