Les déplacés qui ont fui la ville de Bosso (sud-est du Niger), victime d'une attaque massive de Boko Haram le 3 juin, sont dans une "grande détresse" mais "la situation s'améliore", a estimé jeudi le ministre de l'Intérieur nigérien Mohamed Bazoum en visite dans la région.
"Nous sommes dans une situation de grande détresse vécue par les populations", a affirmé à l'AFP M. Bazoum, à la tête d'une délégation de plusieurs ministres et de représentants des agences onusiennes et d'ONG qui s'est rendue jeudi dans les camps de déplacés autour de Diffa (sud-est du Niger).
"La situation s'est notablement améliorée depuis une semaine où nous avons atteint le paroxysme de la crise", a-t-il relevé.
"Sur le plan sanitaire, la situation est déplorable", a cependant reconnu le ministre, tout en ajoutant: "mais grâce aux efforts des partenaires et de l'Etat, il y a une relative prise en charge certes insuffisante mais tout à fait remarquable".
"Le pire est derrière nous. Nous sommes dans une perspective d'amélioration réelle (...); il reste à régler le problème sécuritaire pour faire en sorte que ces populations retournent" chez elles, a-t-il conclu.
Selon une estimation établie par l'ONU quelques jours après les violences, au moins 50.000 personnes ont fui la zone après une attaque des jihadistes nigérians de Boko Haram le 3 juin contre la ville de Bosso, une localité du Niger proche de la frontière avec le Nigeria et le Tchad.
De source humanitaire, le nombre de déplacés a sans doute encore augmenté depuis que des ONG et le coordinateur humanitaire des Nations Unies ont tiré la sonnette d'alarme. La zone accueillait déjà auparavant des dizaines de milliers de réfugiés et déplacés fuyant Boko Haram.
"Le problème qui a été le mieux pris en charge, c'est celui de l'eau (...); avec les forages qui ont été construits, je pense que nous en avons fini avec l'acuité du problème de l'eau", a souligné le ministre.
"La prise en charge alimentaire est relativement conséquente, mais le flux (de nouveaux arrivants) ne s'arrête pas. Si les populations arrivées il y a quelques jours ont été servies, celles qui arrivent en ce moment ne l'ont pas encore été et vont l’être dans les prochains jours", a-t-il ajouté.
De nombreux déplacés se sont plaints à l'AFP de ne pas avoir reçu de nourriture, parfois depuis plus de quatre jours.
Le 3 juin, Boko Haram a lancé une offensive massive sur la ville de Bosso qu'elle a déjà attaquée à plusieurs reprises. Cette attaque du 3 juin est une des plus meurtrières menées par Boko Haram au Niger depuis que ce pays est officiellement entré en guerre contre ces insurgés en février 2015.
Selon les autorités nigériennes, le bilan de l'attaque est de 26 morts "côté ami" (24 soldats nigériens et deux miliaires nigérians) et de 55 morts du côté de Boko Haram.
Deux mille soldats de l'armée tchadienne, la plus aguerrie de la sous-région, doivent lancer de façon imminente une contre-offensive contre Boko Haram dans la région, en coordination avec le Nigeria, le Niger et le Cameroun.